La France est un État qui réprime ses concitoyens, considère la solidarité comme un délit en s’appuyant sur une loi qui date de 1945, condamne et persécute à coup de convocations au commissariat, de comparutions devant les juges ceux qui aident, soutiennent, accompagnent les migrant-es réfugié-es pour qu’ils ne meurent pas de froid, de faim ou d’accident, ceux-là mêmes qui ont pris d’immenses risques pour aller vers une liberté qu’ils espèrent pouvoir vivre comme n’importe lequel d’entre nous. La France a un gouvernement qui envoie 2500 gendarmes/militaires en opération « militaire » face à un peu plus de 200 personnes à la ZAD de Notre Dame des Landes (une opération qui va durer plusieurs jours), un gouvernement qui envoie les CRS dans les facultés pour déloger des étudiant-es en grève contre la sélection à l’université et le 23/03/2018 ce même état qui organise à Calais un petit-déjeuner pour les réfugié-es pendant que la police détruit leur campement et toutes leurs affaires. Le cynisme est à son comble : il faut choisir entre manger ou garder ses affaires pour pouvoir dormir au chaud la nuit qui arrive. C’est ça le gouvernement français? C’est ça l’état français? C’est ça ce pays dans lequel je vis? Oui c’est bien ça.
Un pays où les médias télévisuels, presse écrite ou radios appartiennent à 10 milliardaires plus ou moins proches du pouvoir (plus que moins). Le Président de la République française M. Emmanuel Macron a été banquier d’affaires et associé-gérant chez Rothschild et Compagnie jusqu’en 2012. Monsieur Macron est un Président fabriqué par les médias et voulu par les grands industriels et les puissances financières.
Le 28/03/2018 l’Assemblée Nationale a voté une loi dite « secret des affaires » proposition de la République en Marche (parti politique créé par le Président Emmanuel Macron). Que dit cette loi : au début il est question de protéger les entreprises contre l’espionnage industriel/économique/la concurrence déloyale sauf qu’au détour du texte, cette loi rend illégale l’obtention, l’utilisation ou la divulgation d’informations avec une valeur commerciale et protégée par l’entreprise. Avec cette loi, le scandale du Médiator (médicaments qui a tué des milliers de gens) n’aurait jamais vu le jour, ni toutes les affaires sur l’optimisation fiscale. Bref, les lanceurs d’alerte, les journalistes d’investigation, les militants deviennent des hors-la-loi pouvant être poursuivis en justice (c’est déjà le cas pour certains) et condamner lourdement. Une petite exception cependant : il faut être de bonne foi et dénoncer/rendre public uniquement des activités illégales. Sauf que toutes ces affaires mises en lumière ne sont pas illégales ; ces multinationales utilisent les lois existantes et faites pour cela, pour les protéger et leur garantir encore plus de profits même au détriment de la vie de milliers, de millions d’êtres humains. Avec cette loi, nous n’aurons plus droit à l’information et toute action sera condamnée.
Parlons du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) entré en vigueur en 2013 pour aider les entreprises à embaucher sans la moindre contrepartie ni obligation légale. Par la suite, l’enveloppe allouée au CICE a augmenté puis devrait diminuer cette année. Carrefour qui a bénéficié de 2 milliards d’euros depuis 2013, en CICE et exonérations de cotisations sociales va licencier des milliers de personnes. Le Groupe Carrefour sera-t-il dans l’obligation de rembourser les aides publiques… j’en doute. Cette année le montant total versé aux entreprises devrait atteindre 21 milliards d’euros sans que les parlementaires n’aient la possibilité de tracer l’utilisation de cet argent. Cinq ans après, les actionnaires se frottent les mains. Pierre Gattaz président du MEDEF (organisation patronale, Mouvement des Entreprises de France) a pesé de tout son poids pour que cette aide de l’état aux entreprises voie le jour et miracle, son entreprise (RADIAL) en a bénéficié. De l’argent public offert par l’état aux actionnaires!
Le parti LREM, la république en marche (parti de la majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale) en choisissant ce nom a voulu donner l’image du mouvement vers le futur, montrer que quelque chose se passe et avance… soyons clairs : il s’agit d’un simple slogan publicitaire. C’est en fait tout le contraire. Nous sommes dans l’accélération de la régression, de l’injustice sociale et humaine, nous sommes avec un gouvernement qui enchaîne les réformes au pas de course, sans que l’on puisse en comprendre les conséquences dans nos vies et les enjeux pour le futur, le tout en opposant les gens : d’un côté les productifs, ceux qui travaillent et de l’autre les fainéants, les potentiels fraudeurs, c’est-à-dire les pauvres qui, eux, ne font pas gagner d’argent aux plus riches. Les lois se votent à coup d’ordonnances pour passer en force et les réformes veulent transformer nos droits en aide (l’aumône du capitalisme qu’ils nomment solidarité) privatisant les services publics pour qu’ils deviennent des marchandises. Les gouvernements se succèdent et se ressemblent en laissant derrière eux une odeur nauséabonde.
Face à cette violence d’état, cet état dictatorial par ses méthodes, des femmes et des hommes jeunes et moins jeunes ne s’en laissent pas compter et c’est tant mieux ; une de nos possibilités : se réapproprier l’espace commun qu’est la rue. Nous retrouver dans la rue, tous ensemble, encore et encore tant qu’il le faudra, c’est le minimum. Pourquoi est-ce si important : rompre avec l’isolement, le sentiment que l’on ne peut rien faire, avec la peur de l’autre, rompre l’individualisme, sentir l’autre, parler avec l’autre. Arrêtons de croire que si nous restons dans nos maisons bien au chaud, la porte bien fermée rien ne nous arrivera, c’est faux. Nous sommes tous (salarié-es, chômeurs-euses, retraité-es, etc) dans la ligne de mire. Après l’état de choc, le temps d’agir semble arriver, un temps pour être ensemble. Ce samedi 14/04/2018 beaucoup de marches vont avoir lieu partout en France pour dénoncer, s’opposer et faire bloc. Un temps pour marcher derrière un seul drapeau, celui de notre humanité, sans violence, sans haine et avec détermination pour le futur et le droit à vivre décemment.