Aux Parcs d’Étude et de Réflexion de Punta de Vacas, les 12, 13 et 14 janvier 2018, a eu lieu la sixième Rencontre internationale « Vers une Éducation Humanisatrice », organisée par le Courant Pédagogique Humaniste Universaliste, COPEHU. Des éducatrices et des éducateurs de différents pays d’Amérique latine et d’Europe se sont réunis autour du thème « Spiritualité et affectivité pour un Apprentissage Intentionnel ».

La rencontre s’est réalisée sur la base de 5 tables thématiques, d’ateliers et des échanges d’expérience. Voici la présentation des tables et une synthèse des conclusions de la Rencontre.

Cinq tables thématiques :

1- Conditions du dialogue

Pour qu’un dialogue soit cohérent, il est nécessaire pour les deux parties : 1. Convenir du sujet fixé ; 2. Pondérer la thématique à un degré d’importance similaire et 3. Avoir une définition commune des termes décisifs utilisés. Si ces trois conditions sont remplies, des progrès peuvent être réalisés et il peut y avoir un accord ou un désaccord raisonnable avec la gamme d’arguments avancés.

2- Éducation et modèles de vie

Les filles et les garçons cherchent des modèles pour affirmer leur moi, mais les modèles que l’on voit aujourd’hui sont liés au monde du spectacle ou du sport, entre autres, qui ne donnent pas nécessairement des images de femmes et d’hommes qui font une contribution à l’humanité. L’histoire est racontée par les personnages qui ont généré des guerres, on parle peu de Gandhi, Martin Luther King, Malala, Silo, parmi d’autres leaders qui ont promu des projets humains et non-violents. Comment apporter d’autres types de références à l’espace éducatif ?

3- Éducation et spiritualité

Les nouvelles générations sont les bâtisseurs de l’avenir, ce sont elles qui ont la possibilité de faire le monde à partir du meilleur de chacun. Les adultes donnent les outils qui leur permettent de se connecter avec leur finalité sacrée et d’apporter leur contribution à l’humanité. L’adulte doit aller dans le monde intérieur avec eux, se connecter avec cette spiritualité libre, qui exprime des compréhensions qui sont ensuite amenées pour transformer  ce que l’externalité a laissé sur Terre. Que peut-on faire pour permettre aux enfants et aux jeunes de se connecter avec ce qu’il y a de mieux et de développer librement leurs aspirations ?

4- Apprentissage et affectivité

De nouveaux paradigmes éducatifs qui valorisent l’affectivité. Création d’atmosphères spirituelles et affectives de libre choix. Affectivité pour la pensée qui crée des liens, l’auto-apprentissage et l’apprentissage en équipe. Rôle de l’éducateur dans la création d’atmosphères affectives dans le processus d’enseignement-apprentissage.

5- Résistance à la violence liée à l’éducation

Diverses formes de violence qui nous affectent dans les milieux institutionnels et extra-institutionnels d’éducation. Comment reconnaître cette violence et comment apprendre à y résister ? Stratégies, outils et techniques pour résister à la violence. La spiritualité pour résister à la violence intérieure.

 

Conclusions des participants

Questionnée sur comment combiner tant de diversités, Helena exprimait : « Nous soulignons dans cette Rencontre la diversité personnelle et culturelle, on voit de multiples intérêts, modèles et formes. Nous voyons que le plus important est la particularité de chacun, apportant sa diversité. Car faire ressortir l’humain est ce qui est précieux au-delà des croyances particulières. Entre ceux qui partagent ce projet, ce qui nous maintient est la persévérance. »

Marcos donnait son témoignage sur la spiritualité : « Nous avons la certitude que sans une expérience spirituelle profonde, il n’y a pas de possibilité de transformation sociale réelle. La spiritualité et l’affectivité sont très importantes pour humaniser davantage  tous les espaces qui ont été détruits par ce système inhumain. La spiritualité est inhérente à l’être humain, peu importe la religion ou la croyance choisie ou acquise, parce que le spirituel vibre. »

Concernant les priorités pour la suite, Marielle ajouta : « On s’en va avec la certitude que nous devons beaucoup étudier pour apprendre, en plus de l’expérimentation et de la pratique. Si nous ne sommes pas capables d’étudier, pour ensuite transmettre à d’autres, nous ne pourrons pas l’amener à la pratique. Nous devons approfondir et travailler afin de fortifier la connaissance et le savoir ».

« Dans notre action éducative quotidienne, nous sommes en permanence en contact avec le modèle éducatif installé, de standardisation, de compétition et de marché. Le plus dur dans tout ça, c’est qu’il n’est pas seulement installé comme loi normative mais comme sens commun. C’est là que nous avons un énorme travail pour défaire ce sens commun installé dans la tête. »

« Lorsque l’on s’insère dans diverses enceintes comme le politique ou l’institutionnel, parfois si violents, nous luttons avec les incohérents et avec ceux qui promeuvent la destruction. Chaque jour nous devons faire du travail interne pour les affronter, par conséquent pouvoir compter avec ces Rencontres d’échange est extrêmement nécessaire pour nous fortifier. »

Ambiance

« Les moments que nous avons partagés avec tant de chaleur, avec tant d’échanges inspirés et avec ces expériences pleines de sens, nous donnent un grand espoir pour l’avenir que nous sommes en train de construire. Avec la COPEHU, nous sentons que ce futur est plein de sens, et que ça devient très intéressant, parce que nous sommes les successeurs de ces êtres humains qui ont construit depuis déjà des milliers d’années. Depuis le moment où l’être humain s’est connecté avec le feu à l’extérieur, des milliers de choses se sont aussi produites à l’intérieur », exprimait Cecilia à la fin de la Rencontre.  

 

Traduction de l’espagnol, François Giorgi.