La présentation ce 8 février par la ministre des Armées de la Loi de programmation militaire 2019/2025 pose de sérieuses questions concernant le fonctionnement de notre démocratie, les comptes publics et la sécurité.
1) Ce projet de loi apparaît d’ores et déjà validé par le pouvoir exécutif avant même des discussions parlementaires. Comment parler de débat, alors que le Président l’a clôturé lors de ses vœux aux armées… De plus, nous remarquons que la Mission d’information sur le nucléaire (ou Paul Quilès, Bernard Norlain, Jean-Marie Collin ont été auditionnés) menée par les députés (Michel Fanget et Jean-Paul Lecoq) de la commission des Affaires étrangères, ne servira à rien, puisque ses recommandations seront publiées après le vote de la LPM !
2) Par un procédé des plus opaques, la réalité des sommes consacrées à la dissuasion n’apparaît pas clairement. Ainsi, il est annoncé « sur la période 2019-2023 l’effort au profit de la dissuasion s’élèvera à environ 25 Md€ » ! Or, la majorité des investissements seront réalisés sur les années suivantes, avec pas moins de 12 milliards d’euros en plus. Il s’agit donc au total de 37 milliards, soit une augmentation de l’ordre de 60 % par rapport à la LPM précédente (23,3 Mds).
3) Ces annonces concernant le renouvellement des systèmes d’armes nucléaires montrent que la France tourne le dos à ses engagements pris en 1992 dans le Traité de Non- Prolifération nucléaire (TNP). Ce choix politique vient renforcer l’instabilité internationale et risque de rendre ce traité caduc. A l’heure où Sigmar Gabriel, ministre allemand des Affaires étrangères, appelle les Européens à lancer de nouvelles initiatives pour le désarmement nucléaire, il est incompréhensible que la France ne montre pas le chemin.