Les libertés démocratiques constituent le mythe créé pour maintenir la carotte au bâton.
Ici, comme dans tous les pays en développement, se passe ce qui convient aux grandes entreprises multinationales et aux objectifs géopolitiques d’une poignée d’États dans lesquels elles sont implantées. D’où les guerres, les guerres économiques et les guerres médiatiques contre des pays riches en matières premières ou en ressources énergétiques, dont les dirigeants ont osé se révolter contre le mandat confié par ces centres de pouvoir dont émanent les orientations politiques imposées aux gouvernements. L’empire – on l’a toujours su – ne pardonne pas les défections et, quand quelqu’un se lève, il est combattu d’une main de fer.
J’ai vécu assez longtemps pour l’avoir vu à maintes reprises dans les nombreux coups d’État et dans les documents déclassifiés qui révèlent, au fil des ans, les véritables motifs de ces cruelles opérations antidémocratiques. La stratégie impérialiste est si habile qu’elle attend le passage d’une génération, s’appuyant sur l’ignorance de la prochaine quant à ses intentions. De cette façon, la pauvreté et le sous-développement apparaissent comme des éléments inhérents à notre mode de vie.
Ce qui s’est passé au Honduras n’échappe pas à ce schéma de domination. Les États-Unis et leurs alliés ne veulent plus de gouvernements progressistes, encore moins lorsqu’ils prétendent se consolider avec le vote démocratique dans une région si proche de leurs frontières. A cet effet, les armées qu’ils financent et qu’ils entraînent leur servent de redoutables gardiens de leurs intérêts politiques et économiques, armées dotées de tout l’arsenal nécessaire pour soumettre toute tentative de manifestation citoyenne. Le silence de la communauté internationale face à la répression au Honduras et à la fraude électorale qui a provoqué une explosion citoyenne, répond sans aucun doute aux instructions strictes du Département d’État, qui gouverne la plupart de nos pays. Les observateurs internationaux, donc, dont certains viennent de pays voisins, finissent par ne plus être que de simples spectateurs de l’opération dans un silence complice, pour ne pas dire criminel.
Pour les autres pays de la région, la situation au Honduras est une histoire à laquelle ils sont coutumiers ; c’est le souvenir de ce que nous avons vécu maintes et maintes fois dans notre propre chair, toujours sous prétexte de protéger les « libertés démocratiques », « la protection de l’État de droit », « le respect des garanties constitutionnelles » et tant de poésie produite pour faire taire toute protestation possible et consolider le statu quo. La vision la plus étroite des intérêts corporatistes avec les politiques internes de nos nations a été une constante pendant des siècles, avec le résultat bien commode de maintenir dans l’imaginaire social la peur du fantôme du communisme et l’acceptation tacite de l’exploitation et de la pauvreté comme des réalités inévitables implicites dans ce concept abstrait et indéfini appelé démocratie.
Que se passera-t-il dans les autres pays de la région quand viendra le moment des élections ? Les événements au Honduras coïncident-ils avec la hausse inexplicable des budgets militaires dans les pays voisins ? L’avenir proche ressemble à un sombre nuage de menaces. D’où l’importance fondamentale de lutter contre la corruption et d’épurer les institutions, éléments clés pour le rétablissement de l’équilibre politique des pays d’Amérique centrale.
Il est impératif de comprendre que la violence et la misère dans lesquelles se trouvent plongés nos pays ne sont pas naturelles, elles répondent à des stratégies bien pensées pour maintenir la population silencieuse, craintive et soumise. C’est à elle qu’il revient de briser le sort.