Le 10 décembre est la Journée internationale des droits humains. Au-delà de la rhétorique des journées internationales, le sujet ne saurait être plus actuel. Comme Silo l’a exprimé dans Humaniser la Terre il y a presque 30 ans :
« Les Droits Humains ne sont pas en vigueur universellement comme il serait souhaitable parce qu’ils ne dépendent pas du pouvoir universel de l’être humain sinon du pouvoir d’une partie sur le tout, et si les plus élémentaires demandes concernant la gouverne du propre corps sont piétinées sous toutes les latitudes, nous pouvons seulement parler d’aspirations qui devront se convertir en droit. Les Droits Humains n’appartiennent pas au passé, ils sont là-bas dans le futur, aspirant l’intentionnalité, alimentant une lutte qui se ravive à chaque nouvelle violation du destin de l’homme. Pour cela tout appel qui se fait en leur faveur a un sens, parce qu’il montre aux pouvoirs actuels qu’ils ne sont pas tout-puissants et qu’ils n’ont pas le contrôle du futur. »
En d’autres occasions, il a également mis en garde contre le banditisme sémantique des guerres humanitaires au nom des droits humains.
Pour ne parler que de cette dernière année, nous pouvons constater les violations des droits humains les plus diverses. Certains ont eu l’honneur d’être dans la ‘chronique’, d’autres dangereusement oubliés. Pour les médias grand public ou les gouvernements, il existe encore différents poids et mesures dans l’évaluation des droits humains.
Nous voulons juste rappeler le cas emblématique de Milagro Sala : femme, indigène, opposante politique d’un système mafieux et clientéliste, mais surtout bienfaitrice de son peuple à travers son action constante pour défendre les Droits Humains et la dignité. Depuis presque deux ans, elle est incarcérée en « prison préventive » de façon injustifiée suite à une inculpation de spéculation dans la gestion des logements sociaux à Jujuy. Elle utilisait l’argent de son salaire non pas à des fins personnelles, mais pour construire des écoles, des hôpitaux, des centres pour handicapés et, ce qui fut insupportable pour les riches, des piscines gratuites pour les enfants pauvres. Nous devons encore protester pour elle et ses courageux compagnons de la Tupac Amaru qui sont en prison. #LiberenAMilagro.
[NDT. Tupac Amaru est le nom de l’association qui impulsait la construction des bâtiments pour la communauté]
En tant qu’humanistes, nous proclamons que nous ne voyons aucune différence entre ceux qui violent les droits humains, qu’il s’agisse de gouvernements ou de groupes paramilitaires ; aucune différence entre la violation de droits contre une personne ou des peuples entiers ; aucune différence géopolitique, de race, de sexe ou de couleur politique. Lorsque des droits sont violés, les droits sont violés, et c’est assez. Et la réponse à cette violation ne peut pas être une autre violation (voire « guerre humanitaire »). Même le fait que certaines personnes violentes aient pris possession des droits humains et les utilisent pour justifier leur violence ne nous permet pas de baisser la garde sur cette question.
Il est particulièrement dégoûtant de voir les droits humains échangés avec des intérêts économiques ou violés pour des intérêts politiques évidents. Celui qui lit habituellement les pages de Pressenza sait très bien à qui nous pensons.
Il y a cependant une croyance fondamentale que nous devons démasquer parce qu’elle s’insinue dans les pensées de chacun d’entre nous : c’est la croyance que la nature humaine est corruptible et incohérente, et que chaque personne a un prix.
Cette vision pragmatique des choses est très enracinée dans la vieille mentalité qui est en train de mourir et qui nous empêche de voir l’action vraie et désintéressée de défense des droits humains, action qui ne s’arrête pas face au profit, et qui affirme sa validité au-delà de tout échec apparent, qui se nourrit d’un idéal plus profond, plus inhérent au cœur de tout être humain : l’horreur de la violence, l’empathie pour tout être humain, le simple fait d’être humain.
Célébrons donc aujourd’hui les êtres humains courageux qui n’abandonnent pas, face à un destin apparent d’un monde sans sens, sans justice, sans respect des droits de tous.