Jérémy Corbyn, dirigeant du Parti travailliste (en anglais : Labour Party) a évoqué des sujets importants concernant sa politique nationale et internationale lors de son discours à la Conférence du Cooperative Party le 10 octobre passé . Le texte complet peut être lu ici.
Voici quelques uns des passages les plus importants de son discours.
« Nous avons besoin de valeurs coopératives chez nous et à l’étranger » a-t-il dit. « Nous vivons dans un monde porté par le conflit, stimulé par l’égo et par des ambitions néo-impérialistes. Il n’a jamais été aussi important de réaffirmer notre engagement à la Charte des Nations Unies, dont la troisième clause affirme l’objectif « de parvenir à une coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux ».
De par les problèmes que nous rencontrons tels que la prolifération du nucléaire, le changement climatique, la crise des réfugiés, les crises humanitaires en Syrie, au Yémen et celle des Rohingyas au Myanmar, une vision globale orientée par nos principes de coopération est plus que nécessaire. Que ce soit Donald Trump ou Kim Jong-Un, les postures machistes doivent laisser place à une coopération rationnelle et calme. Les coopératives à travers le monde ont un immense rôle en tant qu’incitation au développement, à l’autonomisation des femmes et au rassemblement des communautés. Et aujourd’hui il y a plus d’un milliard de personnes dans le monde qui sont membres de coopératives et je suis fier de dire que j’en fais partie. »
Il a ensuite admis, comme l’a dit Philippe Hammond, que le Parti travailliste « menace de détruire le modèle économique actuel, un système qui exploite les majorités au profit des minorités que les Conservateurs veulent défendre. Ils veulent conserver les privilèges des minorités.
Je ne resterai pas inactif alors que leur modèle économique connaît :
– le doublement des sans-abris,
– quatre millions d’enfants dans la pauvreté,
– plus d’un million de personnes âgées n’ayant pas accès aux soins qu’ils nécessitent.
Leur modèle économique est brisé et ne marche pas pour la plupart des gens. Même le Fond Monétaire International estime que l’inégalité et peu de taxes pour les plus riches nuisent à l’économie » a-t-il ajouté.
« Quand nous évoquons la saisie des monopoles naturels dans la sphère publique nous ne sommes pas inspirés par les modèles centralistes et lointains des années 1940 et 1950. Nous sommes déterminés à créer des modèles de propriété qui impliquent les travailleurs et les consommateurs sur la base des principes des coopératives, que ce soit au niveau national, régional ou local. »
« Je crois que nous entrons dans une période d’opportunités inédites pour les politiques socialistes et les principes de coopératives. Les nouvelles technologies renforcent la participation, les nouveaux mouvements sociaux sont plus horizontaux que hiérarchiques, plus connectés que pyramidaux. C’est pourquoi quand je me suis présenté pour diriger le parti travailliste je souhaitais que notre parti devienne un mouvement. Et aujourd’hui plus d’un demi million de membres nous ont rejoint parce qu’ils veulent être impliqués et participer à notre mouvement ».
Le modèle pyramidal des organisations, qu’elles soient politiques, médiatiques ou économiques est contesté et s’effondre.
La technologie de l’ère digitale devrait donner plus de pouvoir aux travailleurs, leur permettant de coopérer à une échelle impossible auparavant et pourtant elle a trop souvent permis l’émergence d’une forme de capitalisme plus vorace et exploitante.
Regardez Uber, Deliveroo et les autres. Les plateformes que ces entreprises utilisent sont les technologies du futur. Mais trop souvent, leur modèle économique ne dépend pas de l’avantage technologique mais de l’établissement d’un monopole concret dans leur marché, utilisé pour réduire les salaires et les conditions de travail au minimum.
Les plateformes digitales ouvrent d’immenses opportunités à l’émergence de formes d’organisations plus démocratiques et horizontales.
Imaginez un Uber dirigé de manière coopérative par ses conducteurs, contrôlant collectivement leur futur, se mettant d’accord sur leurs propres salaires et conditions de travail, avec le partage ou le réinvestissement des profits.
Ce nouveau consensus récompensera les véritables créateurs de richesse, c’est-à-dire nous tous. Il valorisera intelligemment les personnes et les communautés et investira avec eux. Il créera une économie qui s’accordera au 21ème siècle, où l’état osera agir quand quelque chose ira mal, mais plus encore, où il sera proactif pour que les choses se passent bien dès le départ.
Le plus gros obstacle à cela n’est pas la technologie mais nous-mêmes. Nous devons avoir la confiance et la compétence organisationnelle pour que cela se produise.
Les coopératives doivent être appuyées par le gouvernement à travers l’accès au financement, à travers des changements juridiques pour favoriser l’égalité des chances sur le marché pour les coopératives et à travers une meilleure politique d’achat gouvernementale pour que l’argent public soit utilisé afin d’aider les entreprises qui servent l’intérêt public.
Afin d’empêcher les minorités de bénéficier de « l’essor des robots », nous envisageons des salaires minimums plus élevés, une semaine de travail plus courte, des systèmes de partage des profits ou de mettre la propriété et le contrôle des robots dans les mains de ceux qui travaillent avec eux et qui dépendent d’eux.
Nous n’avons pas encore toutes les réponses, mais nous pensons activement à la façon dont nous pouvons façonner les trente prochaines années à venir en utilisant le pouvoir des nouvelles technologies pour que notre économie favorise les majorités plutôt que les minorités.
Nous inspirons des millions de personnes.
Nous sommes un mouvement prêt à entrer en fonction et à préparer notre pays pour le futur ».
Traduit de l’anglais par Romane Vilain