Les faits

Depuis le 1er août 2017, un jeune militant des Droits humains est porté disparu suite à une intervention musclée de la gendarmerie dans la province de Chubut (Patagonie argentine).

Santiago Maldonado s’était rendu dans la région pour participer à des actions contre la multinationale Benetton(*), devenue la principale propriétaire de la Patagonie en Argentine.

Accaparement des terres par des multinationales

A partir de 1991, l’Etat argentin concède des millions d’hectares de terres à la Compañía de Tierras Sud Argentino, filiale de la multinationale italienne.

Avec plus de 884.200 hectares, le groupe Benetton est devenu le principal propriétaire terrien de la Patagonie. Il dépasse de loin les 1.000 hectares prévus par la loi des Terres datant de 2011 qui limite les concessions de terres agricoles aux compagnies étrangères.

En 2015, ceci prend une nouvelle tournure avec l’arrivée au pouvoir du président de droite, Mauricio Macri. Dès son arrivée à la présidence de l’Argentine, il vote le décret 274/12 pour contourner la loi sur les concessions des terres aux particuliers et multinationales étrangers. Une société anonyme étrangère qui compte un associé argentin pourrait acquérir des quantités de terres illimitées alors qu’auparavant, une entreprise qui comptait plus de 25 % d’actionnariat étranger était soumise à la limitation sur la concession des terres.

Les habitants et les communautés mapuches se mobilisent et entament des actions pour occuper une partie de ces terres (conformément à la limitation des concessions prévues par la loi).

Un bras de fer oppose alors l’occupant, les forces de police et les multinationales dont Benetton.

Fin juin de cette année, un leader mapuche, Facundo Jones Huala, est arrêté par les autorités chiliennes (tout ceci se passe à la frontière entre les deux pays). Des mobilisations et appels à sa libération sont organisés quotidiennement.

Les disparitions forcées… Retour au passé sombre de l’Argentine

Le jour de sa disparition, Santiago a participé à une manifestation pour exiger la libération de Facundo Huela. Ce jour-là, la gendarmerie a mené des actions coup de poing pour déloger et disperser les manifestants. Plusieurs témoins affirment qu’il a été roué de coups avant d’être emmené par la gendarmerie. Depuis, plus de nouvelles.

Les organisations de défense de Droits humains exigent une véritable enquête à la Ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, qui a limité son rapport aux témoignages des forces de l’ordre pour conclure que Santiago avait très certainement quitté le pays via la frontière chilienne.

Le comité contre les disparitions forcées de l’ONU a également interpellé le gouvernement Macri pour qu’une enquête sérieuse soit menée.

Violence d’Etat ?

Cette disparition a ému et plongé l’Argentine dans les souvenirs de ses années les plus sombres: 30 000 meurtres et disparitions forcées durant la dictature militaire entre 1976 et 1983.

Santiago incarne à nouveau le “PLUS JAMAIS ÇA”.

Vendredi 11 août, des milliers de personnes ont marché à l’appel des Mères de la place de mai pour exiger que Santiago soit présenté en vie. Les manifestants dénoncent également un retour en arrière de 40 ans en matière de Droits humains.

Cette disparition forcée fait suite à une série de violations de Droits humains en Argentine, comme les arrestations arbitraires et la criminalisation des organisations sociales, symbolisées par l’arrestation de Milagro Sala. Un cas loin d’être isolé.

 

(*) dont le siège est situé à Triverso, Italie, d’où est originaire la famille des frères Luciano, Gilberto, Carlos y Giuliana. Fondée en 1965, elle possède actuellement un capital de 4 mille millions de dollars. Ironie du sort, cette marque s’est fait connaître par ses publicités montrant la diversité culturelle.

 

Sources :

http://noalamina.org/general/item/15897-el-grupo-benetton-es-el-mayor-terrateniente-de-argentina

https://mundo.sputniknews.com/americalatina/201607021061481922-argentina-compra-extranjera-campos/

 

L’article original est accessible ici