Par Konstanze von Kotze
Avec 60% de la population qui ont moins de 24 ans, le poids de la jeunesse est considérable. Nombre d’entre eux votent pour la première fois le 8 août. Ils pourraient faire pencher la balance du côté de l’opposition.
Il sait d’où il vient et il ne peut plus supporter la corruption. Boniface Mwangi, tout juste 34 ans, a décidé de se présenter aux élections législatives en tant que candidat indépendant et proche des gens. « Sa mère vivait dans la rue comme nous. Donc, il sait comment nous vivons, comment nous mangeons, comment nous dormons. Il comprend vraiment nos problèmes », dit cette femme, conquise par le jeune candidat. Il semblerait d’ailleurs que ce dernier soit une exception car la plupart des jeunes électeurs ont au contraire le sentiment que la classe politique n’a aucun contact avec leur réalité. « La question de l’émancipation des jeunes n’est pas abordée. Il n’y a pas de perspectives », déplore un jeune homme croisé dans la rue.
Soixante pour cent des Kenyans ont moins de 24 ans. Mais les opportunités pour cette classe d’âge restent faibles. Ces deux dernières années, le chômage a certes diminué mais il plafonne tout de même à 24%, soit beaucoup plus que la moyenne générale.
Le système éducatif à revoir
L’un des gros chantiers des années à venir est assurément le système éducatif. Presque tous les Kenyans vont à l’école. Mais la plupart d’entre-elles sont sous-équipées et ne préparent guère les jeunes à la vie professionnelle.
La pauvreté frappe en particulier les jeunes dans les zones rurales. Leur chance de trouver un emploi est faible même si l’économie est par ailleurs florissante. Durant la campagne, les candidats des grands partis ont bien-sûr tenté d’influencer les électeurs avec promesses et cadeaux.
Le candidat Boniface Mwangi appelle les Kenyans à ne pas se laisser berner. « Si je vivais ici, que vous veniez me voir et que vous me donniez de l’argent et de l’alcool, je prendrais l’argent et l’alcool et comme il n’y a pas d’autres alternatives, je voterai pour vous », affirme-t-il. « Mais moi, ma campagne et ma vision c’est de dire aux gens : « Non – votez pour quelqu’un qui va travailler pour vous! »
Pour les observateurs, le mécontentement des jeunes électeurs va jouer en faveur de Raila Odinga, l’opposant le plus sérieux face au président sortant Uhuru Kenyatta. Or, il suffit de jeter un œil aux listes électorales pour se rendre compte que la majorité des électeurs ont moins de 35 ans. Ce sont donc eux qui devraient décider qui dirigera le Kenya pour les cinq prochaines années.
« Votez pour quelqu’un qui va travailler pour vous! » (Boniface Mwangi)