Après Paris, Bruxelles, la Hollande et l’Allemagne, des Water Protectors de Standing Rock se sont rendus à Genève pour interpeller directement le maire et les banques, très présentes dans cette ville où la fiscalité et la régulation financière sont minimes. Pour la préservation de notre équilibre éco-logique et dépasser l’égo-logique
Les Water Protectors, protecteurs de l’eau comme ils se nomment eux-mêmes, défendent depuis avril 2016 leur territoire ancestral où coule la rivière Missouri, une des principales rivières des Etats-Unis. Face à eux, le projet du Dakota Access Pipeline, long de 1 825 km, qui doit pouvoir acheminer 570.000 barils de pétrole brut par jour. Ce pipeline est construit en dépit du risque de déversement massif de pétrole dans la rivière Missouri. Il risque de contaminer l’eau potable de millions d’Américains. Un risque très important, comme le prouvent de nombreuses fuites de pipelines dans le monde entier (exemple ici).
L’un des premiers gestes de Trump en tant que président a été de relancer ce projet, qu’Obama avait stoppé en décembre 2016. A l’époque, Trump détenait encore des actions dans l’entreprise pétrolière en charge du projet : Energy Transfer Partners. S’il a depuis revendu ses participations, on peut s’interroger sur l’impartialité d’une telle décision.
Les Water Protectors se battent donc depuis plus d’un an pour préserver leur territoire et l’eau de milliers d’Américains de manière non-violente, même quand la police qui protège ces pipelines envoie chiens ou canons à eau par des températures négatives sur hommes, femmes, enfants. Une violence disproportionnée dénoncée dans la presse.
Même si ce pipeline est désormais en service, les Water Protectors sont partis en tournée dans toute l’Europe pour médiatiser leur combat. Car ce projet climaticide est financé par de nombreuses banques européennes : le Crédit Suisse, BNP, HSBC, Société Générale, UBS, Crédit Agricole, Deutsche Bank. Toutes possédant justement de très beaux bâtiments avec plaques en or et agents de sécurité dans le centre de Genève. Car la Suisse est le royaume de la spéculation sur les matières premières. Toutes les plus grandes banques du monde sont présentes, dans des édifices luxueux de plusieurs étages. A leurs portes, marques de luxe et magasins de bijoux débordent de parures et de pierres précieuses. C’est dans ce cadre feutré, où traverser hors du passage piéton est très mal vu, que s’organise le pillage des matières premières du monde entier, dont les bénéfices sont soumis à une fiscalité extrêmement faible.
C’est dans cet univers luxueux qui ne connaît pas la crise que les Water Protectors sont allés porter leur message avec une série d’actions non-violentes de dénonciation de ces investissements les 6 et 8 juin derniers. La pression sur les banques fut telle qu’une rencontre a eu lieu avec l’un des dirigeants du Crédit Suisse. Ce responsable haut placé a demandé à ces représentants des peuples Lakotas de ne pas utiliser le mot « génocide », car il lui paraissait trop fort…Effectivement, depuis le haut d’un building climatisé de Genève, où les chiffres ont désormais plus d’importance que la vie humaine, qu’importe si on emprisonne, ampute, divise, si cela permet d’augmenter toujours plus le profit.
Les Water Protectors ont par ailleurs été reçus par le maire de Genève qui apporte au nom de la ville « son soutien à ce combat contre l’expropriation de leur territoire et la construction du pipeline ». Il a souligné qu’il s’agissait d’une lutte « exemplaire pour la défense des droits des peuples autochtones et pour une politique cohérente pour le climat et la défense de l’accès à l’eau. »
Les militants remercient le maire pour ces paroles, que nous attendons tous de voir suivies d’actes. Et nul besoin d’aller jusqu’au Dakota. Mettre de l’ordre dans la fiscalité suisse et dans cette spéculation inacceptable sur les matières premières serait déjà bien efficace. Les Water Protectors continuent leur tournée européenne en Espagne, à Madrid pour renforcer les liens avec les activistes européens. Et ce ne sont pas ceux du profit économique mais bel et bien ceux d’une humanité à construire. Tous ensemble pour les générations futures.
Pour suivre leur tournée, rendez-vous sur leur page Facebook.
Julia.