Par John Carlson
Bien que l’Assemblée Générale des Nations Unies ait voté en octobre dernier, à près de 70%, en faveur de la convocation de négociations pour interdire les armes nucléaires, quatre Etats (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France) parmi les cinq dotés de l’arme nucléaire et reconnus par le TNP ont voté, avec le soutien de nombreux alliés des Etats-Unis, contre ce processus et ont indiqué qu’ils n’y participeraient pas.
La Chine, cinquième Etat doté de l’arme nucléaire, s’est abstenue. Toutefois, dans son discours aux Nations Unies, à Genève le 18 Janvier, le Président Xi Jinping a réaffirmé le soutien durable de la Chine au désarmement nucléaire. Il y a donc une raison d’espérer que cet Etat participera à ces négociations et montrera la voie aux autres Etats dotés de l’arme nucléaire.
Les Etats dotés d’armes nucléaires qui s’opposent aux négociations maintiennent que le rythme du désarmement nucléaire ne peut pas être forcé. Ils estiment que ces négociations sont irréalistes et qu’elles sont une « distraction » face aux mesures durables et concrètes nécessaires pour un désarmement effectif. Finalement, disent-ils, ces négociations pourraient altérer la nature du TNP. Face à ces objections, il doit être souligné que le TNP demande aux parties de poursuivre « des négociations de bonne foi », afin d’aboutir à des mesures effectives qui permettent d’accomplir le désarmement nucléaire. Bien que la signification de l’expression « poursuivre des négociations de bonne foi » prête à interprétation, un boycott de ces négociations n’est pas cohérent avec cette obligation. C’est au contraire le refus de rejoindre les négociations, plutôt que leur participation, qui risque d’altérer le TNP.
Bien sûr, il est également essentiel de ne pas avoir d’attentes trop irréalistes. La plupart des pays comprennent bien que les armes nucléaires ne peuvent pas être éliminées du jour au lendemain. Le désarmement doit être un processus progressif. Certaines étapes sont possibles à court terme ; d’autres prendront de nombreuses années. Mais aucun progrès ne peut être fait, si les parties ne dialoguent pas entre elles.
Un traité d’interdiction sera une étape importante, pour ensuite d’avantage stigmatiser les armes nucléaires, renforcer l’objectif d’élimination et préparer le terrain pour des étapes ultérieures. Les termes exactes d’une interdiction – notamment si selle-ci prohibe la possession ou uniquement l’utilisation en premier – sont encore à négocier. La grande majorité des pays souhaitant une interdiction ont le droit de savoir si les Etats dotés ont d’autres solutions alternatives et ce qu’ils proposent pour réaliser les objectifs de désarmement énoncés par le TNP. Ceci suppose donc que les Etats dotés engagent un dialogue avec les Etats non-dotés.
Pour l’avenir, il est essentiel d’accroître le périmètre des réductions de l’armement nucléaire. Jusqu’ici, ces réductions ont principalement concerné les Etats-Unis et la Russie. Il est nécessaire d’étendre les négociations pour intégrer les autres Etats dotés d’armes nucléaires (Royaume-Uni, France, Chine) ainsi que les pays disposant de cette arme nucléaire en dehors du TNP (Inde, Israël, Pakistan – sans parler de la Corée du Nord, qui va devoir probablement être traité comme un cas particulier). Les négociations pour l’interdiction des armes nucléaires seront un bon point de départ pour amener ces autres pays dans le processus de désarmement nucléaire.