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Côté pile, Jean-Yves Le Drian s’est félicité hier des performances à l’exportation de la France : plus de 20 milliards de prise de commande en 2016. À l’actif de la France, deux méga-contrats : la vente de 36 avions de combat Rafale construits par Dassault Aviation à l’Inde et le contrat avec l’Australie portant sur 12 sous-marins DCNS.
Côté face, la France fait un bond dans le classement des États-voyou, acteurs majeurs de la prolifération des armes sur le globe. Elle s’installe à la deuxième place des pays vendeurs d’armes, devant la Russie.
« Malgré les nombreuses alertes de différents organismes, la France continue de vendre à l’Arabie saoudite des armes et technologies qui sont dirigées au Yémen contre les populations civiles » dénoncent Tony Fortin, chercheur à l’Observatoire des armements.
Avec une telle politique décomplexée, la France devient logiquement un acteur majeur de la prolifération. De 2013 à 2015, la France aurait violé la moitié des embargos en vigueur selon un travail de l’Observatoire réalisé en partenariat avec les journalistes de Visionscarto.net (11 sur 24). En matière de ventes d’armes, nos dirigeants ne s’encombrent pas de principes. Les pays désignés comme « ennemis » — la Chine et la Russie — figurent aussi parmi nos clients. L’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine n’a pas empêché la France de fournir pour plus de 650 millions d’euros d’armements à Pékin entre 2011 et 2015. Le risque d’alimenter la prolifération nucléaire n’effraie pas non plus nos gouvernants. À l’heure où la communauté internationale envisage d’interdire les armes nucléaires, la France vend à l’Inde des Rafale destinés à devenir les vecteurs de ce type d’armement.
Ultime pied-de-nez au droit, Serge Dassault reste un interlocuteur valable aux yeux des autorités. Sous le coup d’une procédure judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale et dissimulation des comptes à l’étranger, le sénateur devrait être écarté de toute négociation avec l’Etat par le ministère de la Défense, en attendant le jugement définitif. « Merci M. Le Drian, merci M. Hollande » se gargarisait l’industriel il y un an suite aux résultats de vente du Rafale. En matière d’impunité, le client et son vendeur entendent bien rester « associés ».
Bénéfices records, violations records des droits de l’homme ?
Les ventes d’armes génèrent certes des résultats financiers pour les entreprises, mais le Ministre de la Défense oublie d’y soustraire le coût des moyens engagés par l’État (mise à disposition du personnel militaire pour la promotion du matériel, mais aussi coût d’importation des composants fabriqués à l’étranger nécessaires à la conception du matériel français). Sans oublier le coût humain incomparable dans les différents pays où les armes françaises sont utilisées !
Pour tout contact :
Tony Fortin : 06 09 50 87 23
Patrice Bouveret : 04 78 36 93 03