Election présidentielle autrichienne : Après la troisième élection, le candidat le plus décent, Alexander van der Bellen, a finalement gagné.
En Autriche, à la différence d’autres pays, le Président fédéral est élu directement par les citoyens. La fonction de Président fédéral est essentiellement représentative, mais le Président a formellement le pouvoir de dissoudre le gouvernement ou de décider qui formera un gouvernement.
Si aucun candidat ne réunit une majorité absolue au premier tour, un second tour départage les deux candidats ayant obtenu le plus de voix.
Auparavant, une victoire de justesse avait été remportée par M. Van der Bellen – ancien chef de file du parti vert et candidat indépendant à l’élection présidentielle. Le résultat de cette élection fut contesté par le parti de droit FPÖ (le parti bleu) et son candidat, N. Hofer. Cette contestation fut déclarée fondée par la Cour Suprême de Justice Administrative. Un nouveau scrutin fut donc organisé au début d’octobre 2016. Quelques jours avant cette nouvelle élection, il fut remarqué que certaines enveloppes destinées aux bulletins de vote, pour les votes par correspondance, ne fermaient pas correctement et n’étaient pas à l’abri de manipulations. Le scrutin fut donc reporté encore, à la date d’aujourd’hui.
En résumé, on peut dire que cette élection d’une personne dans un mandat relativement insignifiant, au terme d’une campagne électorale ayant duré presque un an, a occupé à plusieurs reprises les médias autrichiens cette année et focalisé l’attention du public.
Que se passe-t-il en Autriche ? Il semble que l’Autriche ne puisse s’isoler de la tendance générale droitière en Europe, mais plutôt qu’elle la suit. Le FPÖ se considère comme la voix des petites gens, entretenant la crainte de la misère et du dénuement, et faisant des promesses qu’il ne pourra évidemment pas tenir après les élections. Il semble que le FPÖ compte les meilleurs vendeurs, les meilleurs serviteurs de l’économie de marché libre, ils énoncent même des propositions sociales – mais seulement pour les citoyens – et recourent à leur thématique pour effrayer les gens. Il y a peu, le président du FPÖ HC Strache a fait scandale en prédisant une guerre civile à court terme.
Les partis bourgeois sont au balcon. Quelques membres de l’ÖVP (parti conservateur) tentent de gagner la confiance d’une population effrayée en recourant aux mêmes approches xénophobes, tandis que les socialistes veulent défendre leurs acquis et tentent de se justifier face aux organisations de jeunesse de gauche.
Les politiciens deviennent de moins en moins intéressants pour les citoyens – les gens se détournent dégoûtés et s’occupent de leurs propres affaires.
Est-ce cela que ces élections signifient pour nous ? La politique c’est dégoûtant, occupons-nous de nos affaires ?
Nous pouvons comprendre ces élections comme un autre signal clair du fait que le système s’autodétruit et qu’il existera bientôt un espace pour quelque chose de nouveau. Espérons que cette nouveauté sera caractérisée par la diversité et la reconnaissance de tout être humain, qu’elle placera l’être humain et ses besoins comme valeur et préoccupation centrale dans un monde connecté.
Rupert Kroesen, Pressenza Vienne
Traduction de l’anglais : Serge Delonville