Dans le cadre de la Feria International del Libro de Santiago organisé par Virtual Ediciones, a été présenté le 30 octobre passé le nouveau livre de l’écrivain argentin Guilermo Sullings*, révisé par Matías Wolff de Revolución Democrática, Rodrigo Ruiz du Movimiento Autonomista, Tomás Hirsch du Partido Humanista, en plus de son auteur.

« Ce travail ouvre le débat nécessaire dans le champ de la nouvelle politique, rétablissant l’utopie avec une dimension programmatique, non seulement la nécessité de l’utopie dans le domaine des idées, mais aussi dans la conception du chemin, du programme à construire » a déclaré Rodrigo Ruiz lors de son discours. « Aujourd’hui ceci est fondamental car nous sommes, de nouveau, face à une dimension historique énorme, la dimension de l’universalité humaine et pas seulement face à un horizon des dix prochaines années », citant le texte suivant de Sullings : « Nous sommes la vie qui a émergé des eaux. Nous sommes le poisson qui voulait voir le soleil. Nous sommes le lézard qui voulait sentir. Nous sommes le primate qui s’est mis debout et qui a voulu penser. Nous sommes le premier homme qui a vaincu la peur et s’est approché du feu jusqu’à le maîtriser. Nous sommes l’évolution et nous sommes l’histoire. Nous sommes les descendants de ceux qui sans cesse ont transformé leur vie et ont transformé le monde. »

Ruiz a conclu en disant que « nous sommes dans un moment difficile qui nous oblige à penser, il nous faut faire preuve d’imagination »… « Nous trouvons que les jeunes n’acceptent plus la conception de l’époque capitaliste ou socialiste et veulent, ici et maintenant, les changements proposés par les utopies

Matías Wolff à son tour a déclaré « qu’il y a ceux qui veulent réfléchir à l’avenir. Le néolibéralisme nous en impose et considère inutiles les perspectives plus larges. Toute utopie est condamnée à la violence et au totalitarisme. Il faut que nous puissions en revenir à la recherche d’une meilleure planification.»

Wolff a noté qu’il y a des similitudes entre les projets de la nouvelle gauche chilienne et qu’elles sont enracinées dans la quête de l’émancipation radicale de l’être humain. « C’est cet esprit qui doit être sauvé aujourd’hui », dit-il. « N’importe quel projet de la gauche qui ne se préoccupe pas de l’économie, de l’écologie, de la vraie démocratie, ne prend pas en considération les minimums que demande l’avenir. La Nation Humaine Universelle peut être le lieu où nous pouvons avoir de grandes rencontres. »

Enfin Matías Wolff a souligné que la construction de cet universalisme impliquera des contestations. « Les conflits sont inévitables dans le processus de transformation universelle. « Il est nécessaire de dialoguer entre les diversités, de nous connaître, de créer un chemin commun de libération, un processus de reconnaissance réciproque, qui nous rapprochera de nos objectifs », a-t-il déclaré.

Tomás Hirsch pour sa part a expliqué que « dans l’idée d’une Nation Humaine Universelle est synthétisée l’utopie qui oriente nos luttes et donne direction à la vie. Elle correspond à l’aspiration de millions de personnes à vivre dans un monde très différent de l’actuel : un monde sans frontières, ni guerres, ni famine, ni contamination, ni discrimination ni violence mais où l’être humain est en fait la valeur centrale. La Nation Humaine Universelle se traduit en un projet concret grâce à cet ouvrage, cent vingt mesures sont proposées pour avancer vers cet avenir souhaité. Bien que chacune des étapes ait encore beaucoup de chemin à faire pour se développer, cette formulation permet déjà d’avancer car elle précise avec une base solide comment faire pour sortir du bourbier dans lequel se trouve notre civilisation ».

Hirsch a conclu en soulignant qu’un diagnostic n’est pas nécessaire pour le Chili car ses défauts sont plus que clairs et il continua en énonçant des propositions parmi lesquelles il a mentionné qu’ « il faut accueillir la diversité de la gauche, mais qu’il est nécessaire aussi de converger et travailler ensemble. Personne ne peut résoudre ce problème seul, beaucoup d’entre nous ont des désirs et des idées, mais ce n’est pas  le moment de faire quoi que ce soit seul, mais de converger avec tous ceux qui aspirent à des changements profonds. Il est temps de se réunir sur un projet commun d’un accord pour le Chili. Avancer dans la construction d’un grand Large Front qui soit précisément une expression de cette convergence ».

Pour conclure, l’auteur a pris la parole en exprimant que « les utopies sont écrites en partant de la foi en une construction d’un monde meilleur. L’utopie est toujours mieux que la démission. De nombreuses utopies sont devenues réalités et ont été encore améliorées par la progression des événements. Donc cela vaut la peine de placer ces idées dans le futur, autrement nous n’obtiendrons jamais une autre réalité. »

Quant aux cent vingt propositions que contient son œuvre, Sullings a dit : « chacune de ces étapes communique avec d’autres, à la recherche de convergences possibles avec beaucoup d’autres qui veulent construire dans le même sens. Il s’agit d’un schéma avec lequel nous pouvons tenir une table ronde pour discuter avec tous ceux qui veulent un monde sans violence, sans guerres, sans xénophobie, afin de pouvoir construire ensemble ».

« Pourquoi nous sommes-nous mis à penser à un processus globalisant ? » se demanda Guillermo Sullings. « Parce que dans la mesure où le processus historique est chaque fois plus mondialisé, c’est aussi chaque fois plus difficile pour un pays de résoudre ses propres problèmes au milieu de la crise financière mondiale, de la catastrophe écologique mondiale, du problème international des migrations, etc… C’est impossible aujourd’hui de résoudre les problèmes d’un endroit sans modifier tout ce qui est interconnecté et synchronisé dans le monde entier, parce que les différents domaines sont étroitement liés et il est impossible de résoudre les choses séparément ».

« Pourquoi ce livre ? » se demanda t-il. « Il pourrait nous servir d’outil pour encourager les initiatives d’actions qui sont déjà faites mais maintenant de manière interconnectée, en ensemble, afin d’organiser les forces qui peuvent pousser les choses vers l’avant ».

« Comment y parvenir ? » a conclu l’auteur de l’ouvrage. « C’est le même peuple qui prendra la majorité des étapes décrites dans ce livre, pour aller construire cette vraie démocratie qui est en cours,  insérés dans des conflits locaux, mais avec  pour horizon le progrès vers la Nation Humaine Universelle.»

L’événement a pris fin avec la dédicace de livres par Guillermo Sullings et des échanges informels entre toutes les personnes présentes.

Photos : Vanya Cosin

 

* G. Sullings est aussi l’auteur de « Au-delà du Capitalisme, Economie Mixte » et « Le droit à la rébellion et  la lutte non violente »

Traduction de l’espagnol : Garnier Saget – Trommons.org.    Révision Ginette Baudelet