Samedi 17 décembre 300 personnes se sont rassemblées devant la mairie de Marseille pour soutenir les habitant-e-s d’Alep et de la Syrie. Cet appel avait été lancé par les réseaux sociaux dans la continuité des premiers rassemblements de la semaine passée, beaucoup de jeunes, de jeunes femmes présentes avaient relayé l’information.
Chacun a eu la possibilité de s’exprimer, dénonçant l’inaction des politiques, une jeune femme a souhaité envoyer une prière vers Alep, vers la Syrie proposant que chacun se recueille une minute en silence, croyant et non croyant ensemble, une autre a demandé l’Eveil de notre Humanité, pour que la solidarité devienne notre unique drapeau. Des chants ont été entonnés, une immense chaîne humaine s’est formée à la lumière des bougies.
Cette après-midi-là, un seul cœur battait à l’unisson pour la Paix en Syrie, pour que tous ceux qui souhaitent quitter Alep puisse le faire en toute sécurité, pour que les habitant-e-s de Syrie sachent qu’ils-elles ne sont pas oublié-e-s.
Amjad Etry, syrien, traducteur et poète réfugié à Marseille a partagé son poème « La pluie de mon pays » exprimant la douleur, la souffrance de la guerre et l’exil mais aussi la force de la vie, la joie et l’amour, ce souhait profond que chaque être humain porte en lui.
On m’a dit : « Il pleut dans ton pays. »
J’ai dit : « Il pleure dans mon pays. »
Il rit celui qui m’a dit : « Il pleut dans ton pays. »
En disant : « Quel R ! »
Oui, quel R, celui qui s’est peint sur les perles de pluie !
C’est l’R de la guerre, de la mort, peur, perte, arme, larmes, souffrance, douleur, martyrs, réfugiés, révolution, liberté, crise, crime, régime, embargo, barrières, bombardements, barils, sort… et rire
C’est pas des mots qui se rencontrent par l’R
C’est le vocabulaire de la vie d’aujourd’hui, de mon pays .. de la Syrie
C’est même l’R de la terre
La terre qui pleure du sang
C’ est l’R du froid
Vous savez ce qu’est le froid ?
C’est d’être étranger dans son pays
C’est vivre dans un camp dans une tente au désert
C’est n’être rien, être un chiffre, seulement un chiffre
C’est mourir à cause de la faim
C’est l’exil
C’est la peur bleue qui tombe du ciel
C’est d’avoir peur des murs de sa maison
C’est d’avoir peur toujours
C’est d’avoir peur de la pluie
La pluie de balles, de bombes, de barils
C’est quoi les barils ?
C’est ce qui détruit le monde de qui l’accueille
C’est ce qui retourne la terre
Avez-vous vu l’autre face de la terre ?
C’est l’enfer subit
C’est quand l’être humain est dans le monde terrestre et au-delà en même temps
C’est quand l’être humain est entouré de feu mais il fait un froid d’enfer
Il pleure jusqu’à rire
Et il rit jusqu’à pleurer
Oui, il pleure quand il pleut dans mon pays
Mais, on rit dans mon pays
On rit…
Oui, on rit…
Car on veut vivre, aimer, chanter et jouer la musique de la paix.
Amjad Etry – mars / 2015