Par M.A. (Paris) pour Gazette debout
N’ayant pas pu me rendre aux répétitions précédentes, je viens à la dernière le jour même, le samedi 15 octobre. Même si j’avais déjà pris connaissance du scénario qui était plein de bon sens, j’arrive sans avoir d’idées précises sur la façon dont tout cela va pouvoir se mettre en place. Ayant fait partie de la chorale des Indignés, il me semblait plus logique de chanter, mais je me suis laissée aller à de nouvelles formes d’expérience car l’ambiance s’y prêtait complètement.
Disposant de quelques compétences dans le domaine du théâtre en tant qu’amatrice en binôme ou en solo, je n’avais plus aucun repère, et c’est cela qui était « chouette » : expérimenter collectivement de nouvelles formes d’expressions dans un but commun. Les maîtres-mots étaient : simplicité et rigueur. Je tente de partager mon ressenti, même si les mots limitent ce que j’ai vécu. Voyant que j’avais à faire à une majorité de professionnels, qu’ils soient instrumentistes, choristes, danseurs, chefs d’orchestre, comédiens, scénographes, cadreurs, ingénieurs du son, photographes et chorégraphes, j’ai ressenti une ouverture du cœur pour travailler horizontalement ensemble. Est-ce cela l’intelligence collective ? Même si la confiance ne repose pas sur un « oui, je t’accepte », ou un « non, je ne t’accepte pas », ces « oui » ou « non » ne font pas partie de ce qui se passerait dans le mouvement Nuit Debout.
Dans les limitations des structures sociales, c’est à travers l’initiative qu’apparaît la confiance, mais cette impression de confiance va de pair avec le potentiel de réussite. Que nous soyons femmes ou hommes, quels que soient notre race, notre âge, nos croyances, notre nationalité, nos conditionnements, notre niveau socioculturel, nous sommes accueillis tels que nous sommes dans ce mouvement. Est-ce cela les justes relations qui aboutiront à la paix ? Ce que j’ai vécu avec Opéra Debout va au-delà des capacités puisque nous étions aussi bien des professionnels que des amateurs. Les Nuitdeboutistes ont un mode de fonctionnement distinct de ce que l’on rencontre habituellement, et c’est pourquoi les changements ne peuvent se manifester et se concrétiser que par des personnes unies qui osent la différence par rapport aux propositions et aux structures ordinaires. Il n’y a pas d’étiquettes sur ce que tu sais ou ne sais pas faire, car les relations sont bien plus profondes et sont basées sur « l’être pour construire ensemble ».
L’Orchestre Debout a montré une œuvre collective le samedi 15 octobre 2016 à 21 h, place de la République, pour cet évènement inédit: « L’Opéra Debout ». Tous engagés depuis longtemps, ainsi que d’autres plus récemment, se rejoignent pour créer le temps d’une soirée un Opéra en trois actes. L’art et la créativité qui ont été mis en œuvre dans ces différents volets ont fait appel à la beauté et à l’affectif pour conduire à un développement collectif. Cela a été une joie, non pas un plaisir car celui-ci est éphémère, mais une joie qui a été partagée avec les spectateurs. Ce public qui n’est plus un public à ce moment-là, mais qui devient une diversité de personnes unies dans l’engagement. C’est par le biais de la compréhension de la collectivité que nous rompons avec les structures sociales, et non pas avec les gens, et qu’apparaît alors une espèce de confiance complètement différente.
Dans cette expérience collective de l’Opéra Debout, il y avait une confiance comme celle d’un enfant qui est prêt à tout essayer pour faire éclore une nouvelle civilisation. Nous apprenons, et nous découvrons ensemble avec des valeurs communes qui vont jusqu’aux sandwichs crudités et aux pommes sans pesticides. Quand nous avons chanté tous ensemble « El pueblo unido jamás será vencido », la puissance et la force des personnes présentes ne pouvaient pas être décrites, elles ne pouvaient que se vivre. Oui, la force du peuple ouvre toutes les portes !
Retrouvez tous nos articles sur l’Orchestre Debout et les rediffusions des captations des concerts sur le wiki de l’Orchestre Debout. Les participants à l’Orchestre Debout sont également invités à répondre à un questionnaire lancé par deux chercheuses, Isabelle Mayaud et Myrtille Picaud, qui veulent mieux connaître les musiciens et chanteurs du mouvement. Les résultats serviront à nourrir leur enquête sur la « Musique Debout » menée depuis le 31 Mars dernier.
Source : https://gazettedebout.fr/2016/10/25/opera-debout-engagement/