Alors que la maire de Paris Mme. Anne Hidalgo a annoncé en juin dernier la création d’un ou plusieurs espaces dédiés à l’accueil des migrants, les évacuations des camps improvisés se poursuivent ces derniers jours dans la capitale.
Une situation critique et indigne. A quoi jouent la Mairie et les forces de l’ordre ?
Depuis le début de la crise migratoire, on compte déjà plus de 25 évacuations de campements à Paris, et la situation est loin d’être résolue.
A leur arrivée dans la capitale française, les migrants sont livrés à eux-mêmes, et n’ayant pas d’alternatives d’hébergement, se voient obligés d’investir des lieux publics ou des terrains à l’abandon, pour établir des campements improvisés aux conditions de salubrité déplorables.
Récemment, après l’évacuation du campement des Jardins d’Eole, le 6 juin dernier, la plupart des 1300 personnes qui y séjournaient, se sont retrouvées dispersées dans les rues de la capitale, et malgré le manque de solutions concrètes de la part de la mairie et du gouvernement, les migrants sont victimes au quotidien d’évacuations forcées de la part des CRS. Pour quelle raison ? Comment expliquer ces interventions à répétition ?
Un exemple concret
Fin juillet, quelques dizaines de migrants se sont regroupés dans l’allée centrale de l’Avenue de Flandre à Paris, à quelques pas de la station de métro Stalingrad.
Je me suis rendu sur place le jeudi 4 août vers 13h00. A mon arrivée, le lieu était déjà encadré par une centaine de CRS. La plupart des migrants se trouvait encore sur place. Pour mieux comprendre la situation j’ai interrogé certaines personnes autour de moi, parmi lesquelles Claire, une habitante du quartier : “J’habite en face, je vois tous les jours depuis la fenêtre de mon appartement les interventions des CRS. Vous auriez dû arriver une heure plus tôt. Les migrants ont été gazés et frappés.”
Je sentais l’ambiance électrique. Tout le monde était sur les nerfs. Le ton des CRS montait rapidement à la moindre discussion. L’un d’entre eux, répétait de manière incessante aux migrants : “Nous sommes en France. Ici, lorsque l’on donne un ordre, on obéit. Même si vous ne devez pas comprendre ce que veut dire l’autorité.” Et s’il n’était pas écouté, il frappait. Avec coups de pied ou des coups de poing.
Vers 14h30, l’évacuation tardait à finir à cause d’un migrant resté allongé, comme inanimé, sur son matelas au milieu de l’allée. Deux policiers ont essayé de le faire bouger mais la foule s’est interposée. Une jeune femme a pris les choses en main et a décidé de contacter les pompiers. A leur arrivée, ils ont tenté de le faire réagir. Ils ont vérifié son pronostique vital, mais pas de réaction visible de sa part. Ils ont finalement décidé de le transporter aux urgences. Même les pompiers se sont montrés très irritables face aux personnes sur place.
Une jeune fille qui se trouvait à proximité a fondu en larmes face à la violence de la situation. Un policier s’est approché pour lui dire brusquement : « Arrêtez de faire semblant. C’est de fausses larmes. Quelle comédie. » La fille est restée sans voix. Inconsolable.
Les agents de nettoyage de la ville, qui attendaient depuis plus d’une demi-heure, sont finalement intervenus. Les affaires des migrants ont été une fois de plus jetés à la poubelle. Un éternel recommencement.
Où sont passées les valeurs d’Égalité et de Fraternité tant défendues par la République Française? Une chose est certaine, on a un gigantesque chantier devant nous.
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