Les 27 et 28 mai derniers, s’est tenu à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le 1er Sommet Citoyen pour l’exercice des droits universels et l’harmonisation des relations interculturelles organisé par des chercheurs, des intervenants sociaux et des organisations de la société civile. Ce Sommet s’inscrit comme la dernière étape d’un projet de recherche-action, qui a débuté en 2012 avec l’octroi d’une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
On peut lire dans le feuillet de présentation : « l’émancipation des personnes correspond à l’appropriation et à l’exercice des droits universels tels que formulés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. »
D’entrée de jeu, le sommet Citoyen a débuté avec la présentation de plusieurs intervenants, chercheurs et personnes issues des communautés visibles. Ils ont présenté les problématiques et les enjeux rencontrés par les minorités dans l’exercice de leurs droits universels ; que ce soit le droit au travail, à la culture, à la vie démocratique et à la santé. Par la suite, les participants se sont regroupés selon le thème et les problématiques qu’ils ont choisi d’explorer et d’étudier.
En fait, les participants avaient le choix d’assister à l’un des cinq ateliers de travail et d’approfondir les problématiques pour finalement proposer des recommandations de groupes à l’Assemblée délibérante. Les ateliers proposaient les thèmes suivants: « Laïcité et diversité religieuse – la neutralité religieuse de l’état face à la mosaïque de la diversité ethnoculturelle. » « Droit à l’art et à la culture – la question du manque de diversité dans les arts : enjeux, problématiques et initiatives possibles pour un changement. » « Droit au travail – vie démocratique, emploi et poste de décision : penser le chemin de l’inclusion. » « Droit au travail – expériences de l’accès et de l’insertion au travail de travailleurs immigrants. » « Droit à la santé – accessibilité du réseau de la santé aux personnes issues de l’immigration.
Plusieurs questions ont été soulevées au cours de chaque atelier :
Quels sont les principaux obstacles à l’exercice des droits des différentes communautés culturelles ?
Quels sont les principaux enjeux actuels ?
Quelles stratégies individuelles ou communautaires peut-on envisager ?
Quelles stratégies politiques ou recommandations pourrions-nous transmettre à nos dirigeants et faire circuler sur la place publique ?
À titre de journaliste invitée, je me suis arrêtée à l’atelier sur les droits culturels. Je me suis particulièrement attardée à la liberté d’expression, au pluralisme des médias au niveau du savoir scientifique et technologique y compris les formes numériques.
J’ai appris que les droits culturels sont définis comme un ensemble de principes issus de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) et de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle (2001). Finalement la Déclaration de Fribourg (2007) a proposé de rassembler et de préciser les éléments de droit culturel dispersés dans les déclarations précédentes.
Au cours de l’atelier sur les droits culturels, les participants de diverses communautés visibles ainsi que des intervenants sociaux ont témoigné et partagé leurs expériences. À l’écoute de tous ces témoignages, il m’a semblé évident que plusieurs obstacles perdurent dans les milieux culturels au Québec et au Canada quant à l’intégration des communautés visibles dans les activités de la vie culturelle. Par exemple, peu de maisons de production choisissent lors d’un casting un artiste ou encore un comédien issu d’une minorité visible.
Au cours de l’année 2014-2015, peu d’institutions culturelles et de diffuseurs financés à même l’État canadien ont retenu les services de comédiens et d’artistes issus des minorités visibles (incluant les autochtones). En fait, selon un recensement fait par La Presse en 2014-2015, moins de 5% des rôles principaux des émissions de fiction québécoises et des pièces de théâtre présentées sur l’île de Montréal étaient tenus par des comédiens issus de la diversité et des minorités visibles. Alors que les personnes issues des communautés culturelles forment 33% de la population montréalaise, les compagnies de théâtre établies à Montréal n’ont donné que 10,5% de leurs contrats à des artistes issus des communautés culturelles ou à des autochtones.
Selon Justice, un jeune comédien issu de l’immigration de la première génération et formé dans une école de comédiens au Québec, « c’est un problème de représentation au cinéma et à la télévision, par exemple parce que je suis noir pratiquement tous les rôles qu’on m’a offerts étaient des rôles de criminels, personnellement je perçois ça comme une forme de discrimination systémique. » Selon Jérôme Pruneau de « Diversité artistique Montréal (DAM) » : « les diffuseurs nous donnent toujours les mêmes raisons, par exemple, les candidats de la diversité n’ont pas assez d’expérience, ils ont obtenu leurs formations ailleurs qu’au Canada ; notre auditoire n’est pas prêt à voir toute cette diversité sur les écrans. »
Pourtant, toute cette diversité est présente partout dans les quartiers et dans les grandes villes du Québec et du Canada. En fait, toute cette diversité est présente sur les bancs des écoles.
Finalement, à la fin de l’atelier des stratégies et des recommandations concernant les droits culturels ont été soumis à l’assemblée délibérante. La rédaction d’un manifeste tripartite sera diffusée – et j’espère pouvoir vous donner un sommaire du manifeste sous peu. Le tout est à suivre.
Pour en savoir plus sur le Sommet Citoyen visitez le site : https://dialogueinterculturel.uqam.ca/