Interview à l’équipe d’INFOS.media par Pressenza

Le portail de médias indépendants au Canada, INFOS.media rassemble une multitude de médias d’informations indépendants pour stimuler leur visibilité. Sa mission est de développer un réseau d’entraide entre les producteurs(trices) de médias indépendants pour aider à leur pérennité et assurer une survie dans un monde où la convergence des propriétés médiatiques menace non seulement la qualité de l’information du grand public, mais l’existence même des médias de petite échelle qui n’appartiennent pas aux grands groupes de presse.

Quelle est votre vision sur la place des médias libres ou médias alternatifs face aux grands conglomérats ? Au Quebec ? Au Canada ?

La place des médias libres s’est restreinte avec l’acquisition de nombreux médias locaux par les grands groupes au cours des 20 dernières années. Elle s’est précarisée avec l’effondrement de la publicité papier et le contrôle accru du marché par les grands groupes, puis finalement par le transfert du marché publicitaire numérique vers les réseaux sociaux et vers les applications mobiles. Les grands groupes de presse ont les moyens de développer des plateformes publicitaires numériques à grands frais comme La Presse Plus, alors que les médias libres ont peu de moyen et peu d’audience. C’est pour consolider l’audience des médias libres que nous avons conjugué la fréquence de nos publications en créant infos.media. Ce n’est qu’un début.

Comment a réagi le public face à la création du réseau ‘Médias libres’  au Quebec ?

Nous avons délibérément commencé le projet modestement. Nous voulions en premier lieu, constituer une communauté d’intérêt autour du concept avant de lancer très largement le portail. Nous avons donc intitulé cette première phase du portail un prototype, de manière à pouvoir continuer d’intégrer les idées et conseils de cette communauté. Dans ce contexte, la réception fut excellente. Le « produit » semble répondre à un besoin de réseautage ressenti par des acteurs, actrices impliqué(e)s depuis plusieurs années au Québec dans les médias autonomes et le réseau Indymedia.

Quelles sont les difficultés qu’il faut dépasser dans un collectif de médias alternatifs ?

Il faut établir une structure de gestion légère qui permette à la fois une transparence décisionnelle et une rapidité de réaction, et ce, à très peu de frais. Dans notre cas, nous avons pris grand soin de consulter les potentiels médias partenaires tout au long du processus d’élaboration du projet pour s’assurer d’avancer avec le concours de ceux, celles qui constituent au final le cœur du projet.

Dans certains pays, le développement des médias indépendants dépend du régime en place. Qu’en est-il dans le cas du Canada ? Suivez-vous des pressions ? Y a-t-il des thèmes dont il vaut mieux ne pas parler ?

Au Québec, les pouvoirs financiers qui contrôlent les institutions politiques possèdent aussi les médias de masse. Leur stratégie est de noyer les médias libres dans la marginalité. Il n’y a pas de financement public pour les médias nationaux indépendants et le financement publicitaire, qui vient aussi de la même classe financière, est très souvent assujetti au contenu. Ainsi, les médias libres ne peuvent pas rémunérer leurs journalistes. Plutôt que d’assassiner ou d’emprisonner les journalistes qui remettent l’ordre établi en question, on les empêche donc de gagner leur vie. Dans les médias de masse, on ne les embauche tout simplement pas ou bien on les met à la porte des salles de rédaction d’une façon ou d’une autre.

À ce sujet et pour plus de précision, vous pouvez consulter le dossier du Journal Ensemble, l’un des médias initiateurs d’INFOS.media, publié en 2014 après une enquête dans 30 villes du Québec:

http://www.journalensemble.coop/sites/journalensemble.coop/files/ensemble030v05n01tournee-sw.pdf

 

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