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Le 17 avril doit se tenir en Italie un référendum sur l’avenir des plateformes pétrolières et gazières dans les eaux côtières du pays (dont une partie appartient à… EDF). Alors que le gouvernement de Matteo Renzi cherche à faire échouer ce scrutin en prônant l’abstention, il se trouve aujourd’hui plongé dans une crise politique en raison du traitement de faveur réservé par l’une de ses ministres au groupe français Total.
Les Italiens sont appelés à se prononcer par référendum le 17 avril prochain sur l’avenir des sites d’extraction pétrolière et gazière offshore au large des côtes de la péninsule. La question qui leur est posée est de savoir si les sites offshore situées dans les eaux côtières (à moins de 12 miles des terres) pourront être exploités jusqu’à leur épuisement, comme le veut une nouvelle législation adoptée par le gouvernement de Matteo Renzi en 2015, ou si leur exploitation doit être limitée dans le temps.
Ce référendum d’initiative populaire a été initié par neuf régions littorales de l’Italie [1], les plus exposées aux conséquences environnementales de ces activités. Il est activement soutenu par les grandes organisations écologistes comme Greenpeace, qui met en avant les pollutions occasionnées par ces plateformes offshore, l’absence de supervision publique adéquate et les royalties très faibles versées par leurs opérateurs.
En cas de victoire du oui (et surtout, en l’occurrence, de quorum suffisant), ces sites pétroliers – 92 sur 135 au total dans les eaux italiennes, les autres étant situées au-delà de la limite des 12 miles – devront tous cesser leurs opérations dans quelques années. L’enjeu concret est limité dans la mesure où les sites offshore concernés ne fournissent qu’une proportion modeste du gaz et une proposition infime du pétrole consommés en Italie. D’un point de vue symbolique, cependant, le référendum n’en représente pas un moins une occasion pour les citoyens italiens de voter la fin anticipée d’une bonne partie de l’extraction d’hydrocarbures dans les eaux de la péninsule, d’accélérer la transition énergétique et de désavouer les relations étroites entre administration et industrie pétrolière.
Les liens entre gouvernement et industrie pétrolière font scandale
À l’approche du référendum, pour lequel le gouvernement de Matteo Renzi a appelé à s’abstenir afin de garder un pouvoir discrétionnaire sur le secteur, un nouveau scandale est d’ailleurs venu mettre en lumière ces liens étroits – même lorsqu’il ne s’agit pas de l’entreprise nationale Eni. La ministre Federica Guidi a dû démissionner après qu’il ait été révélé qu’elle avait fait passer un amendement sur mesure dans la loi de finance 2014 visant à débloquer un projet pétrolier de Total, auquel son compagnon était associé en tant que sous-traitant. L’affaire a déclenché une crise politique sérieuse en Italie car elle implique également une autre ministre, très proche de Matteo Renzi.
L’amendement en question permettait au gouvernement italien d’autoriser directement l’exploitation par la firme française du gisement de Tempa Rossa, tout au sud du pays, malgré l’avis négatif des deux exécutifs régionaux concernés (Pouilles et Basilicate). Un responsable local de Total est visé par une enquête du parquet dans le cadre de cette affaire.
Une autre firme française est directement concernée par le référendum du 17 avril : EDF. À travers sa filiale Edison, active dans le domaine de l’extraction de pétrole et de gaz dans toute la région méditerranéenne et en mer du Nord, elle détient 15 des 92 plateformes offshore qui devront cesser leurs activités dans les années à venir en cas de victoire du oui au référendum [2].