Par  Miriam Gablier (*)

En l’espace de 15 ans, le photographe Sébastiao Salgado
et sa femme ont transformé près de 700 hectares
de terres épuisées en une véritable forêt.
Et si chacun de nous plantait ne serait-ce qu’un arbre ?

Sébastiao Salgado se dit « photographe social ». Mondialement connu pour ses clichés noir et blanc d’une beauté saisissante, l’homme sillonne la planète pendant plus de 40 ans photographiant ceux dont les conditions de vie sont difficiles. Plusieurs reportages au Rwanda pendant le génocide le confrontent à une violence d’une telle puissance, qu’il en tombe malade. « Je ne croyais plus à la survie de notre espèce. Je croyais que nous n’avions plus le droit de vivre », témoigne-t-il lors du Sommet des Consciences organisé par Nicolas Hulot, à Paris en juillet 2015. Coïncidence. Il hérite à cette même période de la ferme de ses parents au Brésil. Rendez-vous avec un miracle.

« Cette ferme était un paradis quand j’étais enfant. Sa surface était couverte de plus de 60% de foret tropicale. Mais quand je suis arrivé, la terre était aussi malade que moi », raconte Salgado. Des sécheresses successives, des coupes d’arbres progressives, entraînent érosion et désertification. Il reste moins de 0,5% de couverture de forêt. « Là, ma femme a eu une idée fabuleuse : replanter des arbres », poursuit le photographe. Pour cela la famille Salgado créé une ONG : Instituto Terra.‬

2 millions d’arbres sont plantés sur le périmètre de la ferme, 4 millions en comptant les terres environnantes. Alors que l’écosystème végétal reprend vie, toute une faune réinvestie les lieux. 96000 tonnes de carbone sont déjà capturées, indique une étude. « Il y a un seul être capable de transformer le dioxyde de carbone en oxygène : c’est l’arbre. Que fait-on avec les arbres ? Nous continuons de les tuer sans cesse. Il faut reconstruire la forêt », soutient le photographe. Salgado mentionne au passage qu’un pays comme la France ne compte que 29,3% de couverture de forêt, qui sont pour la plupart des monocultures. « Avec le retour de la forêt, des insectes, des oiseaux, des mammifères, ma vie est revenue. La Terre m’a guéri », confit-il.

Depuis sa photographie se tourne vers la nature. Genesis, une de ses œuvres majeures, regroupe les clichés pris pendant 8 années d’expédition, à la redécouverte des montagnes, déserts, océans, animaux et peuples qui ont échappé à l’empreinte de la société moderne. Salgado insiste : au delà de toute nos diversités culturelles, notre référence commune, c’est la nature. « Si nous ne faisons pas un retour spirituel vers notre planète je pense que notre société humaine est très compromise », appui-celui qui a reçu de nombreux prix prestigieux et qui devient en 2001 représentant spécial de l’UNICEF. En 2014, Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado réalisent Le Sel de la Terre, un documentaire sur le travail de ce photographe hors pair. Le film reçoit le prix spécial Un Certain Regard au festival de Cannes.

 

(*) Miriam Gablier, Auteure et journaliste

illustration de Miriam Gablier
Auteure, journaliste, Miriam focalise son intérêt sur la relation entre l’esprit et le corps au travers de ses investigations sur les nouvelles visions de la science, les approches intégratives en médecine et psychothérapie, ainsi que sur les pratiques ancestrales et spirituelles.

Elle est auteure de « La réincarnation, une enquête aux frontières de la mémoire ». Elle est co-auteure de « Le bonheur est dans le corps » avec le Dr Olivier Chambon, de « Psychologie biodynamique : une thérapie qui donne la parole au corps » avec François Lewin. Elle a participé à l’ouvrage collectif « Tout est encore possible, Manifeste pour un optimisme réaliste » avec Stéphane Allix, Réjane Ereau et Sébastien Lilli.

Diplômée en homéopathie uniciste (London College of Classical Homeopathy) et en Psychologie Biodynamique (Ecole de Psychologie Biodynamique), elle poursuit actuellement un Master en philosophie. Son mémoire est dirigé par le Pr Natalie Depraz, spécialiste de phénoménologie.

L’article original est accessible ici