Par Jean-Marie Collin, “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales”
Conformément au vote par 138 États de la résolution « A/RES/70/33. Faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire » lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU ; la première session du groupe de travail (OEWG) va ce tenir cette semaine du 22 février au Palais des Nations à Genève.
C’est donc un nouveau processus établi par les Nations Unies qui débute pour entreprendre un travail sur les mesures légales et normes juridiques. Ce groupe de travail ne comporte pas de mandat officiel de négociation, donc aucun traité ne sera issu de ses travaux, mais il permettra de voir quelle voie juridique sera la plus appropriée pour conclure, atteindre et maintenir un monde sans armes nucléaires. l’Ambassadeur de Thaïlande, Thani est le président de cette conférence.
Le programme de travail :
A – Des mesures juridiques efficaces concrètes, les dispositions juridiques et les normes qui devront être conclues à atteindre et maintenir un monde sans armes nucléaires ;
B – Des recommandations sur d’autres mesures qui pourraient contribuer à la prise de négociations multilatérales en faveur du désarmement nucléaire y compris, mais sans s’y limiter :
- (i) les mesures de transparence liées aux risques associés aux armes nucléaires existantes ;
- (ii) des mesures visant à réduire et à éliminer tout risque d’utilisation de ces armes par accident, par erreur, sans autorisation ou à dessein ;
- (iii) des mesures supplémentaires visant à mieux faire connaître et comprendre la complexité de la série de consé- quences humanitaires qui résulteraient d’une explosion nucléaire.
Participants : l’appellation groupe de travail « ouvert » à toute son importance, car cela signifie que tous les États peuvent venir, contrairement à la Conférence du désarmement dont seulement 65 États sont membres, dont les 9 États dotés d’armes nucléaires.
Les 5 puissances nucléaires, reconnues par le TNP sont absentes. Plus de 80 Etats sont présents, accompagnés par la société civile, le PNND, ICAN ou encore l’Unidir.
Le P5 ne veut pas participer à ce groupe, c’est une décision commune et unanime. Les principales raisons invoquées sont la non prise en compte dans ces futures discussions des conditions de sécurité internationale et le risque du contournement des instances onusiennes du désarmement. Ce refus de dialogue est obligatoirement perçu comme un refus de vouloir aller vers un monde sans armes nucléaires par les 138 États qui ont voté la création de ce groupe.
Dommage, car il n’est pas à en douter que la position de la France est différente de la posture nucléaire chinoise ; mais en jouant la carte de la solidarité du P5, la France doit s’attendre à être encore qualifiée de mauvais élève du désarmement nucléaire…