Le gouvernement de Monsieur Alexis Tsipras rompt définitivement les liens avec une politique au service de la population. Cette lettre du Président du Parlement grec annonçant la dissolution de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque est un acte de capitulation en faveur des puissances financières au détriment d’un peuple, au détriment du processus de la vie. La négation et le rejet de tout ce travail fait par les membres de cette commission sont une trahison pour les générations futures. Aujourd’hui, le peuple grec et bien d’autres peuples dans le monde payent l’addition pour un système économique planétaire ultralibéral qui ne sert que ses propres intérêts. La légitimité de la dette grecque ne sera certainement pas renégociée, tous les éléments qui auraient pu aider et prouver l’illégitimité de la dette ont été enterrés. Par la suppression de la Commission pour la vérité de la dette grecque, le gouvernement d’Alexis Tsipras fait acte d’allégeance aux créanciers. Cette décision ne pourra stopper la marche vers une société plus juste où les valeurs humaines seront au centre des décisions. Gabrielle Négrel.
CATDM publie la lettre ouverte adressée par la députée européenne, Sofia Sakorafa, au nouveau Président du Parlement grec, Nikos Voutsis, qui a annoncé la fin des travaux de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque.
Monsieur le Président,
Par lettre recommandée signée par vous le 12 novembre, reçue le 17 novembre 2015, vous m’avez annoncé la suppression de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque.
Dans votre lettre, vous n’osez même pas mentionner le nom de la Commission. Cela se comprend. Lorsque l’on cherche à faire en sorte que le peuple grec «oublie » la question de la légitimité de la dette et que l’on veut lui faire croire que le troisième mémorandum, le plus dur, est la seule solution envisageable, il est vrai que la vérité peut faire peur, quand bien même il ne s’agit que de ce seul mot de «vérité ».
Monsieur le Président,
Il est inconcevable que le Président du Parlement hellénique, et encore moins quelqu’un qui a été de gauche, supprime la Commission pour la Vérité sur la Dette publique.
Il est offensant que le Parlement redevienne le lieu de blanchiment des scandales, des irrégularités, des choix politiques barbares, des accords de soumission, des contrats léonins, et que tout cela soit accepté et ratifié par le Président de la Chambre.
Monsieur le Président, je pense qu’il n’y a plus rien à ajouter. Vous n’avez fait qu’exécuter les ordres. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous avez été choisi comme Président de la Chambre en cette période cruciale.
La responsabilité politique de cette décision appartient entièrement au Premier ministre, Alexis Tsipras.
M. Tsipras qui, en compagnie du Président de la République, a assisté à l’ouverture des travaux de la Commission le 4 avril 2015.
M. Tsipras qui m’a personnellement assuré avec fermeté que la Commission fonctionnerait sans entraves jusqu’à la conclusion de ses travaux.
M. Tsipras porte l’entière responsabilité politique du refus de faire la lumière sur les politiques imposées à l’aide de la corruption et de contrats léonins qui nous ont menés dans une impasse.
M. Tsipras porte l’entière responsabilité politique de la renonciation à utiliser un outil de renégociation de la dette qui est pourtant accepté, approuvé et légitimé par un règlement de l’Union européenne.
Il est certain que votre décision de supprimer la Commission pour la Vérité sur la dette n’affectera en rien la détermination et l’efficacité de nous tous qui continuons à lutter et restons convaincus que la vérité sera le catalyseur de changements politiques profonds.
Sofia Sakorafa