Avant notre départ en Grèce le 1er octobre dernier afin de tourner la première partie du documentaire interactif ‘Je vis’, nous avons assisté au meeting du 29 septembre à Paris en présence d’une délégation grecque composée de Theodoros Zdoukos et Apostolos Kokkinisau respectivement médecin et dentiste au dispensaire de Thessalonique, Myrto Bolota, responsable de Solidarité pour tous et Matina Triantaphyillou, bénévole du Dispensaire social et autogéré de Peristéri, tous venus témoigner de la situation.
Aujourd’hui 350 structures solidaires auto-gérées dans les domaines de la santé, éducation, culture, logement, soutien juridique, économie solidaire, solidarité entre travailleurs, solidarité aux réfugiés, permettent à la Grèce de garder la tête hors de l’eau.
« Cet élan est une force prometteuse pour l’avenir » affirme Myrto Bolota responsable de Solidarity4all. Elle précise : « La configuration est loin d’être idyllique, au vu des problèmes économiques, on se force à trouver des solutions par les réseaux, l’échange de savoir-faire. C’est prometteur à condition de garder cette foi et notre espoir».
Myrto Bolota
Dès septembre 2011, les frais d’hospitalisation ont été multipliés par sept. En 2014, 700 000 foyers ne pouvaient pas se chauffer. Theodoros Zdoukos, médecin au dispensaire de Thessalonique : « Depuis ces cinq années d’austérité, le taux de suicide a considérablement augmenté ainsi que les dépressions, les maladies cardio-vasculaires. Des hôpitaux entiers et des services ont fermé, des lits restent vides par manque de personnel. Ceux qui sont partis à la retraite ne sont pas remplacés. Ceux qui ont perdu leur emploi sont exclus du service de santé publique et ceux qui en bénéficient encore ne peuvent plus payer leurs soins. Le budget pour la santé baisse d’année en année.» Il parle de « pathologies sociales » et précise « partout où le FMI passe, les chiffres explosent.» Quelques jours plus tard, nous avons rencontré Theodoros Zdoukos au dispensaire de Thessalonique, en Grèce, après sa journée de travail et le début de sa journée de médecin bénévole.
Theodoros Zdoukos
Tous sont unanimes « Nous ne sommes pas là pour nous substituer à l’état et aux services fondamentaux. » Il précise : « C’est une politique assassine, produisant de vraies victimes. Ce n’est pas une crise humanitaire. C’est une politique volontairement imposée. »
« L’objectif des dispensaires est double: d’une part, fournir les soins primaires que l’état n’apporte plus et d’autre part, main dans la main avec les usagers, organiser l’offensive contre cette politique. Mener la bataille pour l’accès aux droits fondamentaux littéralement laminés».
Matina Triantaphyillou, bénévole du Dispensaire de Peristéri social et autogéré, insiste sur le fait qu’il n’y a aucune subvention publique. Elle donne son point de vue en tant que bénévole, non professionnelle de santé. » Tout se fait à partir des dons. Par exemple, des bénévoles ont offert une maison pour accueillir les structures solidaires. Nous organisons des collectes de médicaments. L’action, c’est aussi sortir de sa maison pour casser la barrière de l’isolement « . Et comme tous, elle précise « nous ne faisons pas la charité, c’est une solidarité sociale, politique, humaine ». Ils se réunissent, décident ensemble en assemblée. Une émancipation citoyenne où la femme est très présente.
Matina Triantaphyillou
Concernant les réfugiés, aucune hésitation, une évidence : « La solidarité n’a pas de nationalité ». « L’avenir appartient à la solidarité, à la collaboration et à l’échange. Tous ensemble nous pouvons essayer de changer l’Europe ».
Apostolos Kokkinis, dentiste au dispensaire de Thessalonique, reconnaît que les volontaires depuis 4 ans fatiguent et que ce n’est pas facile. Cette année, il manque de médecins bénévoles alors ils interviennent dans les écoles de médecins. Quant aux soins dentaires, ils sont très chers et pratiqués majoritairement par le secteur privé. Les subventions de l’état et de la sécurité sociale restent marginales. La crise a exclu des soins dentaires une grande majorité des gens qui affluent au dispensaire pour se soigner.
Apostolos Kokkinis
Son engagement est sans ambiguïté, il défend « l’accès aux soins pour tous, sans discrimination, sans distinction d’âge, d’origine, de nationalité » et appelle à la désobéissance citoyenne des employés de la santé. Il rappelle à ceux qui ne veulent pas soigner les exclus du système de santé que le code déontologique médicale est une loi d’état. »
C’est un pays en résistance face la violence imposée par les puissances financières.
Après 10 jours en Grèce où nous avons rencontré des structures solidaires, nous avons pu voir le courage, la détermination, la force de ces femmes et de ces hommes bénévoles qui agissent ensemble pour apporter des réponses aux besoins fondamentaux.
Avec ce 3ème mémorandum, les mois à venir et l’hiver seront difficiles.