(Photo de : https://www.facebook.com/CitoyenBalayeur)

De notre correspondant à Ouagadougou Stefano Dotti

Finalement à 20h dimanche 20 septembre, après une journée mouvementée et pleine de tension, a été diffusé le tristement célèbre communiqué des médiateurs de la Communauté Economique des Etats Africains Occidentaux (CEDEAO), la bonne nouvelle en 13 points :

  1. Libération des personnalités détenues le 17 septembre
  2. Restauration des autorités de la transition
  3. Retrait des militaires du gouvernement
  4. Reprise du processus électoral avec les élections d’ici le 22 novembre
  5. La commission électorale doit en décider la date
  6. Le gouvernement devra organiser les élections
  7. Le conseil de la transition s’abstiendra de légiférer sur des arguments différents de ceux des élections
  8. LES PERSONNES INELIGIBLES POURRONT PARTICIPER AUX ELECTIONS
  9. TOUTES LES REFORMES INHERANTES A L’ARMEE (RSP) SONT RENVOYEES AU PROCHAIN
  10. Arrêt des violences
  11. Les forces de l’ordre garantiront la sécurité des personnes et des biens sur tout le territoire
  12. ACCEPTATION DU PARDON ET DE L’AMNISTIE POUR LES CONSEQUENCES DU COUP D’ETAT
  1. Le comité des médiateurs veillera à l’application de ces points.

Cet accord sera présenté aux chefs d’état de la CEDEAO mardi 22 septembre.

En fait, Dienderè a gagné, la garde présidentielle sera amnistiée et les hommes de Blaise Campaorè resteront dans le jeu politique.

Une révolution populaire brisée et onze mois d’espoir pour sortir du cauchemar de 27 ans jetés aux orties. La dignité d’un peuple tout entier a été insultée, le sang versé pour construire une tentative de démocratie, bafoué. Je retiens mal ma rage mais je dois calmer les pleurs désespérés de mes amis Burkinabè. Encore une fois le cynisme d’une poignée de soldats, politiciens et bureaucrates corrompus semble avoir le dessus sur un peuple. En ville un calme peu naturel règne. Les gens semblent fatigués et résignés. La journée a été éprouvante. On se couche tôt pour récupérer des forces. Demain, de bonne heure on verra comment organiser la lutte, mais avant je vous laisse cette lettre qui circule sur le web.

 Bonsoir à toutes et à tous.
Il est 21h04 et le contenu du protocole de sortie de la crise, élaboré par la CEDEAO est connu depuis deux heures. Un malaise a envahi mon corps et donc j’écris ce post. Le projet de la CEDEAO en 13 points, je le résume en deux :

Un : Les organes de la transition sont rétablis.

Deux : Le général Dienderè obtient satisfaction sur toutes ses questions.

Ridicule pour la démocratie, insulte pour les burkinabè, profanation des martyres du 30 et 31 octobre 2014, des victimes du 17, 18 et 19 septembre 2015 exposées comme de la charogne. Même dans mes cauchemars les plus terribles, une situation à tel point infâme et avilissante ne m’était apparue… Qu’est-ce qu’il nous reste comme issue ? Il n’y a aucun vent favorable pour celui qui ne sait quelle direction prendre. Je connais bien ma direction, je veux rester burkinabè. Le vent de la CEDEAO, voilà la honte. L’ancien KY ZERBO nous a dit en 1998 “Nan lara an sara” (Si tu baisses les bras, cela veut dire que tu es mort). Je me répète à moi -même que nous pouvons tout accepter pour la paix au Burkina, mais établir l’impunité comme règle ne peut pas créer un état sans droits. J’accepterais tout de la CEDEAO, mais jamais une amnistie pour des délinquants qui ont tué de sang-froid… juste pour rétablir une compétition électorale, pour rendre justice à leurs amis. L’exemple du soulèvement burkinabè provoque l’envie des présidents africains. Le chantage, l’assassinat et la prise d’otages dont les nouvelles méthodes de la médiation politique…  Macky Sall pense que 17 morts et 108 blessés n’est pas un prix excessif à payer.

 

Traduit de l’italien par Monika Madrigali