Par Stravoula Poulimeri
La solidarité prend chair et os encore une fois à Mytilène où arrivent quotidiennement, après un long voyage, des réfugiés de guerre déracinés. Ils ne bénéficient d’aucune aide, même élémentaire de la part de l’Union européenne.
Première images du campement des réfugiés (05-08-2015)
Des membres des Dispensaires et Pharmacies Sociaux Solidaires ont décidé de contribuer concrètement à la tâche des citoyens solidaires des îles à cette période avec toutes leurs forces disponibles pour aider les réfugiés concrètement et psychologiquement.
Déjà la première mission des Dispensaires et Pharmacies Sociaux Solidaires de Thessalonique, de Thermi, de Corinthe et de Volos se trouve depuis deux jours au campement ouvert de Karatépès où arrivent quotidiennement en barques des dizaines de réfugiés syriens. Ils feront une brève étape sur l’île, avant de poursuivre leur difficile voyage vers les pays d’Europe du Nord.
Selon le rapport du Dispensaire Social de Thessalonique, des tentes avec du matériel et des équipements sanitaires ont été dressées et, depuis ce matin, des médecins et des citoyens solidaires offrent les premiers secours en examinant les réfugiés parmi lesquels plusieurs femmes enceintes et enfants. Notons aussi qu’au campement de Karatépès s’activent également Médecins sans Frontières. Des dentistes du Dispensaire Social de Thessalonique ont également installé des structures de soins dans les locaux de la Fondation PIKPA pour offrir des soins spécifiques.
D’après nos informations, il existe des problèmes d’eau potable car il n’y en a pas en quantité suffisante [NdlR : température actuelle à Mytilène 32°]. Il n’y a pas encore non plus, malgré les efforts des autorités locales, suffisamment de tentes pour éviter la longue exposition au soleil de nombreux réfugiés. La distribution de repas aux réfugiés s’effectue difficilement car les restaurants réquisitionnés par l’Etat se trouvent à 7 km du campement. Il y a aussi un important problème de maintien de la propreté du lieu, malgré les efforts considérables des salariés de la municipalité. Des bennes à ordures devraient prochainement arriver sur l’île, dépêchées par le Haut Commissariat aux Réfugiés.
Signalons que les médecins ont constaté que de nombreux réfugiés ont subi des insolations, certains souffrent de gastro-entérites, de problèmes dermatologiques, d’infections urinaires, et autres. La plupart des problèmes de santé sont dus à l’extrême pénibilité du voyage et au fait que la plupart n’ont pas été examinés par un médecin depuis très longtemps. On nous informe que ce matin un bébé a été transféré à l’Hôpital avec les tympans perforés et quatre enfants avec des complications de thalassémie.
« Au-delà de l’aspect pratique, notre aide apporte beaucoup au niveau symbolique et psychologique » souligne Théodoris ZDOUKOS, médecin du Dispensaire Social de Thessalonique en insistant sur le sens du soutien aux réfugiés dans ces moments difficiles qu’ils endurent.
« Nous souhaitons que ces personnes ressentent qu’ils ne sont pas tout seuls et qu’ils ont la possibilité d’être psychologiquement soutenus pendant leur bref séjour ici » rajoute Mme THEODOSSIADOU, également membre du dispensaire. Selon elle, la solidarité fonctionne puisqu’aujourd’hui d’autres citoyens solidaires, cette fois-ci venus d’Allemagne, se sont proposés d’offrir du lait et des aliments pour bébés et d’en assurer le transport vers le campement.
« La situation qui règne au camp de rétention de Moria est mauvaise. Sont retenus là-bas des réfugiés et des migrants en provenance d’autres pays, de Somalie, du Pakistan, d’Afghanistan, et d’autres, soumis à une lente procédure d’enregistrement et de ségrégation » nous renseigne Eva BABALONA, en soulignant que là-bas les conditions sont encore plus difficiles.
L’objectif des membres du Dispensaire Social de Thessalonique est d’organiser jeudi à Mytilène une grande manifestation publique pour faire connaître les idées et les pratiques des Dispensaires Sociaux Solidaires aux personnels sanitaires de l’île afin que les structures qui ont été installées poursuivent leurs activités dans les temps à venir, soutenues par des volontaires locaux, pour offrir des soins et du soutien à la fois aux réfugiés et aux personnes autochtones sans assurance maladie.
Traduction : Emmanuel Kosadinos, membre du Collectif France Grèce pour la Santé,
https://solidaritefrancogrecque.wordpress.com/liste-des-dispensaires-sociaux-2/