Par curiosité climatique, je me rends à la source du Rhône. Sur le parking, le slogan est sans équivoque: «Le glacier du Rhône, l’unique glacier d’Europe accessible en voiture et en car». Après la traversée obligatoire du magasin de souvenirs, où les cartes postales montrent le Rhône dans sa version solide, lécher les bords de la terrasse?
Aujourd’hui, on voit l’élément liquide en furie dévaler le vertical rempart du col de la Furka, mais toujours pas de glacier. Après une centaine de mètres, un lac apparaît, il est en cours de création et il n’a pas de nom. En son centre flotte un iceberg. J’aurais aimé une action de Greenpeace, mais non, c’est un bout du glacier qui a dérivé jusqu’ici.
Enfin le voici, du moins ce qu’il en reste, il a perdu plus de 50 mètres d’épaisseur ces dernières années. Sa peau grisée par les particules fines contraste avec la moraine blanche, polie par ses glaces il y a peu. Des émules de Christo ont recouvert de drap l’édifice naturel. Le linceul a permis de sauver quelques crevasses. Avec la chaleur, elles se sont transformées en sommets, qui sont pris d’assaut par des alpinistes en herbe, les achevant à coup de piolets.
Entre les franges du tissu se cache l’entrée du tunnel «Azur», c’est une grotte de 100 m, qui vous emmène au cœur du glacier. C’est l’attraction qui fait vivre les derniers employés du glacier.
Dans ce décor encore fantastique, il n’y a pas un mot sur le pourquoi et le comment de l’agonie du glacier du Rhône. Dommage, ce serait le bon endroit.