Les émissions de carbone continuent à grossir l’Empreinte Ecologique au-delà du budget de la planète en ressources naturelles renouvelables
(Oakland, Etats-Unis) — 13 août 2015 — Il aura fallu moins de huit mois à l’humanité pour consommer toutes les ressources naturelles renouvelables que la Terre peut produire en un an, selon Global Footprint Network, une organisation internationale à but non-lucratif. L’absorption de dioxyde de carbone représente plus de la moitié de la demande exercée par l’humanité sur la nature.
Depuis 2003, Global Footprint Network tient la comptabilité de l’exploitation des ressources naturelles par l’humanité (Empreinte Ecologique). Le centre d’analyse évalue aussi la capacité de la planète à régénérer ses ressources et à absorber les déchets dont les émissions de carbone (biocapacité). Le Jour du Dépassement (« Earth Overshoot Day ») indique chaque année la date à laquelle l’Empreinte Ecologique dépasse la biocapacité. Il intervient cette année le 13 août alors qu’il était tombé début octobre en 2000, selon Global Footprint Network — une indication claire que le processus d’épuisement des ressources naturelles s’accélère.
« L’empreinte carbone de l’humanité a plus que doublé entre 1961 et 1973 — période à laquelle l’Empreinte globale a basculé au-delà de la biocapacité de la planète — et constitue le plus gros facteur de l’écart croissant entre l’Empreinte Ecologique et la biocapacité, » indique Mathis Wackernagel, fondateur de Global Footprint Network et co-créateur du modèle de calcul de l’Empreinte Ecologique. « A ce titre, l’accord international sur la réduction des énergies fossiles qui est en train d’être négocié autour du monde à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris, peut apporter une contribution majeure au ralentissement de la croissance de l’Empreinte Ecologique et permettre même de réduire cette Empreinte sur le long terme. »
L’empreinte carbone est inextricablement liée aux autres composants de l’Empreinte Ecologique — production agricole, pâturages, forêts, zones bâties et pavées. La demande exercée sur la biocapacité par les besoins en nourriture et produits forestiers, notamment, signifie que les émissions de carbone s’accumulent dans l’atmosphère au lieu d’être complètement absorbées. Pour la seule année 2015, par exemple, 85% de la biocapacité de la planète serait nécessaire pour absorber celles-ci.
« En admettant que les émissions cessent d’augmenter séance tenante et que la consommation de produits forestiers s’arrête net, le double de la biocapacité actuelle des forêts de la planète serait nécessaire pour absorber tout le carbone émis dans le monde, » souligne Wackernagel. Cela équivaudrait à la biocapacité combinée de toutes les terres de production agricole et tous les pâturages de la planète.
La Conférence de Paris, l’opportunité de réduire l’Empreinte Ecologique
L’accord sur le climat attendu à la Conférence de Paris en décembre prochain aura pour but de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C par rapport aux températures de la période précédant la Révolution Industrielle. Cet objectif implique que les nations devront complètement éliminer les énergies fossiles à l’horizon de 2070, conformément aux recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
L’impact sur les Empreintes Ecologiques nationales sera significatif. En effet, en admettant que les émissions de carbone soient réduites d’ici 2030 de 30% par rapport aux niveaux actuels, conformément au scénario suggéré par le GIEC, le Jour du Dépassement n’interviendrait alors pas avant le 16 septembre 2030, selon Global Footprint Network.
Surexploitation prolongée des ressources
Par contraste, si la tendance actuelle devait se poursuivre d’ici 2030, nous nous retrouverions à consommer deux fois autant de ressources naturelles que ce que la planète est capable de régénérer, autant dire que le Jour du Dépassement tomberait fin juin, selon Global Footprint Network.
Ces dernières estimations reposent sur l’hypothèse que les tendances de croissance de la population, de la consommation et de la biocapacité demeurent inchangées. On ignore néanmoins pendant combien de temps l’exploitation excessive des ressources peut être soutenue sans endommager la biocapacité sévèrement et sur le long terme, avec des conséquences notables sur la croissance de la consommation et de la population.
En attendant, il est certain en tout cas que le coût de la surexploitation des ressources naturelles ne cesse d’augmenter, qu’il s’agisse de déforestation, sécheresse, dégradation des nappes phréatiques, érosion des sols, appauvrissement de la biodiversité, ou encore accumulation de carbone dans l’atmosphère. Cette dernière variable, en outre, serait un moteur d’accélération des autres phénomènes si les modèles actuels du changement du climat sont corrects.
En conséquence, les législateurs qui prennent en compte les contraintes des ressources naturelles seront mieux en mesure d’assurer un développement économique favorable de leur pays sur le long terme.
Bientôt le tournant ?
« Nous observons des signes encourageants, comme l’accélération du développement des énergies renouvelables dans le monde et la prise de conscience croissante dans les services financiers que la décarbonisation de l’économie est une évolution irrémédiable, » dit Wackernagel. « Ceci dit, on ne peut jamais suffisamment insister sur l’importance de la réduction de l’empreinte carbone, ainsi que les nations l’envisagent dans le contexte de la Conférence de Paris. C’est non seulement vital pour la planète, mais c’est aussi une nécessité économique de plus en plus importante pour chaque nation. »
Réduire l’empreinte carbone aurait de multiples conséquences favorables, au-delà de l’impact sur les changements du climat. « Il ne peut exister de développement durable que si tout le monde peut vivre décemment dans le contexte du budget écologique de notre planète. Cela n’est réalisable que si nous ajustons notre Empreinte Ecologique aux ressources naturelles dont nous disposons, » indique Wackernagel.
Ressources supplémentaires:
Données Publiques Gratuites 2015 (Empreintes Ecologiques de 182 pays):
www.footprintnetwork.org/public2015
A propos de Global Footprint Network:
Global Footprint Network est un institut d’études international spécialiste du développement durable. Sa mission est de placer les contraintes écologiques au coeur des décisions gouvernementales grâce à l’Empreinte Ecologique, un outil de gestion des ressources naturelles qui mesure combien de ressources sont disponibles, combien l’humanité consume et qui consomme quoi.