Alors que nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé, l’approche territoriale du développement revêt un intérêt de plus en plus important. Bien que cette approche soit encore en pleine construction et n’ait pas encore réellement une véritable place dans le discours sur le développement, son émergence est bien réelle.
Cette notion de développement territorial est bien souvent méconnue, même pour la plupart des acteurs du développement. En effet, certains pensent que les processus de décentralisation en cours dans de nombreux pays dans le monde, donnant aux élus locaux une plus grande autonomie d’action, permettent aux acteurs du territoire de gérer l’économie et le développement local… donc de faire du développement territorial. Cette vision simpliste est malheureusement bien trop répandue.
Qu’entend-on alors par « approche territoriale du développement », ou « développement territorial » ? Une simple définition n’existe pas, bien entendu, c’est l’ensemble de mesures, d’actions, de politiques, de coopération entre différents acteurs d’un même territoire qui permet de créer ce qu’on peut appeler une dynamique de développement territorial. Pour l’entendre, il semble important de revenir sur la notion même de territoire. D’après l’économiste spécialisé dans l’économie et le développement territorial Bernard Pecqueur, un territoire est vu comme un concours d’acteurs avec un référent géographique qui identifient et tentent de résoudre des problèmes ressentis comme communs. On voit alors que la simple décentralisation n’est qu’un outil favorisant le développement territorial.
Mais quel intérêt le développement territorial peut-il avoir ? Dans un monde de plus en plus globalisé, la notion de développement, lors de ces dernières décennies, est entrée dans une logique néolibérale où toute alternative semble impossible, ou du moins est rendue impossible, l’exemple récent de la Grèce nous montre bien que si l’on propose une alternative au modèle dominant, tout est mis en place pour l’anéantir. L’approche territoriale du développement permet d’avoir une autre vision de celui-ci, de sortir de cette logique néolibérale pour retrouver une certaine forme de « dépendance » locale, ou du moins, de pouvoir faire face localement aux problèmes de la mondialisation, il y a une volonté de retrouver une certaine proximité territoriale, où les liens et les échanges, sociaux et économiques, entre différents acteurs d’un territoire vont s’approfondir, s’intensifier pour devenir durables et assurer une certaine stabilité du territoire face à un monde globalisé. Il ne s’agit pas d’un renfermement sur soi, du territoire sur le monde, mais de faire vivre son territoire et de le protéger des effets néfastes de la globalisation, de privilégier quand on le peut les circuits courts, l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire, les producteurs locaux et commerçants de proximité, de favoriser les liens inter-entreprises pour créer une complémentarité entre elles, des Systèmes Productifs Locaux etc. Là où une alternative à l’échelle nationale semble très réduite, le territoire doit être vu comme une opportunité pour repenser la conception du développement. Le développement territorial ne peut pas être une solution miracle à tous les problèmes, certes, mais cette approche doit être approfondie. Les territoires devront avoir un rôle important à jouer dans le futur pour permettre de repenser la notion de développement.