Ni vu ni connu
« Opération Correa : les ânes ont soif » est le premier volet d’une saga documentaire dédiée au « miracle équatorien » réalisée par Pierre Carles.
Le film se focalise sur la visite d’état du président de l’Equateur, Rafael Correa, en France, en 2013, et sur le comportement de la presse française face à cet événement.
A ce sujet Pierre Carles s’interroge sur la raison pour laquelle les médias français ne se sont pas intéressés à ce que Rafael Correa pourrait exprimer. Le documentaire explique que le président équatorien ne présente pas seulement un intérêt diplomatique, en effet c’est aussi un remarquable économiste qui a fait ses études aux Etats-Unis et en Belgique, et est donc parfaitement francophone. Ses conférences à la Sorbonne et à l’UNESCO n’ont eu aucune couverture télévisuelle et seulement deux journaux ont porté un intérêt à sa visite: Le Figaro et le Monde Diplomatique.
Plus qu’un miracle une révolution
L’Equateur est un pays qui a souffert d’une forte instabilité politique depuis 1997 et où se sont succédés 8 présidents différents en une décennie. C’est dans ce contexte que Rafael Correa a été élu en 2006. Son programme nommé « révolution citoyenne » a provoqué depuis des changements significatifs dans le pays : diminution de la pauvreté et de l’extrême pauvreté, rapide réduction des inégalités, réalisation d’investissements dans les infrastructures sociales, énergétiques, de transports (1), en plus d’avoir une économie qui croît de 5% et un taux de chômage ne dépassant pas les 4% (2) (voir encadré ci-dessous).
La spectaculaire émergence de cette nation a été qualifiée de « miracle équatorien ». Cependant elle tient peu au miracle. En effet l’une des premières mesures prises par Correa fut de réaliser un audit de la dette externe, lequel a conclu qu’une grande partie de celle-ci était illégitime et que par conséquent le gouvernement ne la paierait pas. Contrairement à ce que préconisent le FMI et les pays européens, l’Équateur ne s’est pas soumis à l’austérité mais a préféré augmenter les dépenses sociales, les salaires et les pensions.
Toutes ces mesures associées ont conduit à une nouvelle constitution – approuvée par référendum en 2009- qui précise que l’endettement public ne peut affecter « la souveraineté, les droits, le bien-être et la préservation de la nature »(3)
Le silence des agneaux
Persévérant dans son style irrévérencieux et incisif, le réalisateur Pierre Carles (le réalisateur de « Pas vu pas pris ») revient sur l’un de ses thèmes de prédilection: le silence des médias et de la presse écrite française face à des thématiques qu’ils ne désirent pas aborder.
Dans le climat actuel de débat sur la dette, l’austérité et les coupes dans les budgets sociaux, la visite du chef d’état équatorien aurait pu être une bonne opportunité pour discuter des différentes manières dont les pays ont réussi à combattre la dette.
C’est ainsi qu’il interroge différents journalistes et animateurs vedettes de télévision et de la presse écrite sur le silence exercé par les médias, mettant en exergue les contradictions qui surgissent entre les discours et les actes .
Un documentaire à la fois divertissant et intéressant, qui met en avant le problème de l’illusion sur la soi-disant diversité des opinions et de l’information dans les médias français.
Une suite est attendue pour 2017, cette fois en immersion en Équateur. Il est important de préciser que ce projet fut en grande partie financé par des internautes à travers des donations sur le site de Pierre Carles.
L’Équateur en chiffres
La croissance de l’Équateur fut bénéfique à tous, dans le sens où elle a eu un effet direct sur la réduction des niveaux de pauvreté et d’inégalité, et sur l’accroissement de la classe moyenne. Entre 2006 et 2014, le taux de pauvreté calculé selon les critères nationaux équatoriens a diminué de 37,6% à 22,5% pendant que l’extrême pauvreté passait de 16,9% à 7,7%.
De plus, la réduction des inégalités a été plus rapide que dans la moyenne de la région : le coefficient de Gini est passé de 54 à 46,7 entre 2006 et 2014, la croissance ayant bénéficié d’abord aux plus pauvres. Entre 2000 et 2011, la croissance la plus forte des revenus s’est produite dans les deux quintiles les plus pauvres : les revenus des 40% les plus pauvres de la population se sont accrus de 8,8% comparativement aux 5,8% de la moyenne du pays. (1)
Par :Gabriela Bravo Journaliste
Sources:
(1)Ecuador : Panorama General. En http://www.bancomundial.org/es/country/ecuador/overview#1.
(2)INEC: el desempleo en Ecuador está en 3,9% Diario El Comercio.com http://www.elcomercio.com/actualidad/inec-desempleo-ecuador-pobreza-economia.html
(3) ECUADOR SE NEGÓ A PAGAR LA DEUDA Y PROSPERÓ http://www.monde-diplomatique.es/?url=mostrar/pagLibre/?nodo=c0c9a682-d412-4501-9cfd-cb6874237206
Vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=At_fCG1LJpk