Ce 15 janvier 2015, le gouvernement équatorien a fêté les huit années de l’accès à la présidence de Rafael Correa Delgado sous la thématique de la « Révolution citoyenne ».
Ces huit années de révolution citoyenne ont permis de réaliser ce que l’on appelle très souvent le miracle équatorien. Mais qu’est-ce que ce miracle équatorien ? Pour beaucoup, il est la réussite sociale et économique des politiques en place depuis ce fameux 15 janvier 2007. En effet, outre une très grande stabilité politique qui n’était plus envisageable depuis longtemps en Equateur (Rafael Correa a fêté ses huit ans à la présidence alors que rien que de 1979 à 2007, onze présidents se sont succédé, soit une moyenne de deux ans et demi par mandat), nul ne peut nier les grands progrès de ces dernières années.
L’une des premières mesures de Rafael Correa a été de renégocier les contrats pétroliers, ainsi, alors qu’auparavant 80% du pétrole produit allait aux entreprises pétrolières étrangères, aujourd’hui ces 80% vont au gouvernement équatorien. Autre mesure phare : le refus de rembourser la dette illégitime. En 2008, après un audit de plusieurs mois sur la dette publique de l’Equateur, le gouvernement annonce son intention de ne pas rembourser une grande partie de cette dette s’échangeant sur les marchés internationaux, provoquant une importante chute de leur valeur. Le gouvernement a alors pu racheter discrètement sur ces marchés 3,2 milliards de dollars de dette pour seulement 900 millions de dollars, ce qui a permis à l’Equateur d’économiser environ 7 milliards de dollars au total (capital et intérêts) sur une période allant jusqu’en 2030. La hausse des recettes pétrolières et le rachat de la dette à bas coût ont permis de réduire significativement la part du budget consacrée au service de la dette de 32% à 15%. En contrepartie, la part consacrée aux dépenses sociales est passée de 12% à 25% du budget. L’Equateur a également fortement investi dans les infrastructures de communication, de santé, d’éducation etc.
Résultats : les inégalités de revenus se sont fortement réduites, l’indice de GINI mesurant sur une échelle de 0 à 1 les inégalités (0 correspondant à une égalité parfaite) est passé de 0,54 en 2007 à 0,48 en 2013. La pauvreté a également fortement diminué, passant de 37% en 2007 à 25,6% en 2013 tandis que les revenus par habitant en parité de pouvoir d’achat (qui permet de comparer les revenus au niveau international) sont passés d’une moyenne annuelle de 8010 dollars en 2007 à presque 10720 dollars en 2013, soit une hausse de 33,8% sur cette même période.
Voilà ce que l’on appelle le miracle équatorien. Mais est-ce vraiment un miracle ? Ma réponse est catégorique : non. Il n’est pas concevable de voir ces résultats comme un miracle, ce serait alors accepter que la politique du gouvernement équatorien n’est en aucun cas à l’origine de ces résultats, mais plutôt que ceux-ci se produisent sans vraiment savoir comment, sans explications rationnelles. La réalité est bien autre, si miracle il doit y avoir, c’est plutôt cette « révolution citoyenne ». Après une trentaine d’années marquées par l’instauration d’un capitalisme néolibéral entraînant hausse des inégalités, de la pauvreté, émigration de plus de 3 millions d’équatoriens, détérioration de l’appareil productif et privatisation entre autre, les Equatoriens ont trouvé en Rafael Correa le leadership pour mener à bien la révolution citoyenne nécessaire. Trente ans après le fameux « There is no alternative » de Margaret Thatcher, le miracle serait donc ça… la révolution citoyenne nous montre que si, des alternatives au néolibéralisme existent, et que les résultats obtenus sont plutôt encourageants. Oui, l’Etat peut renverser la situation et arrêter l’asservissement des populations aux intérêts privés d’une minorité pour favoriser l’intérêt commun. Le chemin n’est pas simple, mais il existe !
A notre tour, Européens, de mettre en marche notre révolution citoyenne ! Espérons que la victoire de Syriza ce dimanche 25 janvier 2015 soit la première étape du retour (si elle a déjà existé) de la véritable démocratie en Europe : le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.