Par Charles Ruiz et Françoise Baritel
Devant l’indifférence totale des politiciens belges face aux vraies guerres dans le monde et à la pauvreté grandissante en Belgique, les médias font la promotion de la guerre “socialistes-Charles Michel”… et pourtant on a déjà oublié où l’on vit et comment l’on veut vivre!
D’abord 14-18, puis 39-45: cela n’a pas suffi, on «oublie» les morts et la souffrance de millions et de millions de personnes… proches?
Où est notre vrai projet de vie? Notre projet de société à nous, électeurs?
Un gouvernement remplace un autre… une nouvelle coalition, des accords entre politiciens hors de nos votes et de nos volontés. Voici le gouvernement colonialiste, ultra-libéral, poivré d’extrême droite, mais avec toujours le même message: on va trouver chez les citoyens les 6,5 milliards de dollars pour acheter les bombardiers américains. La Belgique est une bonne élève soumise aux diktats du commerce, de la guerre, de l’OTAN et de l’Europe!
«La vieille Europe» (comme l’a nommée le pape François) fête le nouveau président de la Commission européenne. Youpi… et un technocrate de plus, un maestro de l’indécence légalisé ! Un !
Mais derrière les drapeaux, forte de l’absence de législations cohérentes et sérieuses qui y mettraient un frein, sévit la vente libre d’armes par nos entreprises européennes, aux pays qui ont le tort de s’en servir. Parce qu’en plus de les acheter, ils s’en servent… les c… !
Déjà en 2012, sur les 51 régimes qui furent épinglés comme «autoritaires» par l’indice démocratique de l’«Economist Intelligence Unit», 43 d’entre eux ont pu acheter des armes au sein de l’Union européenne (données officielles).
Voici quelques chiffres tirés de la revue Agir pour la Paix :
«Parmi les quinze plus grandes entreprises d’armement à travers le monde, cinq sont européennes: BAE Systems, EADS, Finmeccanica, Thales et Safran. L’industrie européenne de l’armement affichait en 2012 un chiffre d’affaires atteignant les 96 milliards d’euros, dont près de 40 milliards destinés à l’exportation. L’exportation d’armes est donc une activité lucrative, essentielle à la rentabilité de l’industrie européenne de la défense.
En 2012, les pays européens ont délivré 47 868 licences d’exportation, tandis que 459 seulement ont été refusées. Si les chiffres donnent une idée de l’exportation minimale, on peut néanmoins soupçonner que la réalité dépasse ces chiffres.
En 2011, l’année du Printemps arabe, le bilan des licences d’exportations d’armes européennes a atteint neuf milliards, soit deux fois plus qu’en 2007. L’Arabie saoudite est de loin le plus grand marché.
En cinq ans, les États membres de l’UE ont vendu aux Saoudiens pour plus de dix milliards de dollars d’armement. Or, on sait que ce pays est une plaque tournante d’approvisionnement en armes pour les réseaux djihadistes régionaux. Une grande partie de ces armes destinées à l’Arabie saoudite pour renforcer l’opposition syrienne, est tombée dans les mains de groupes radicaux tels que Daesh.»
Bien sûr les conflits existaient avant la première guerre mondiale, mais il semble que la machine militaire se soit indéniablement emballée, militairement mais aussi économiquement. La croissance économique est en réalité bâtie sur les armes, sur leurs inventions, leurs fabrications, leurs entretiens, leurs utilisations et leurs destructions.
En regardant les événements sous cet angle, il est évident que le cours de l’Histoire ne changera pas sans démanteler ce complexe militaro-industriel. Aucun de nos gouvernants n’a pourtant jamais osé sortir de cette logique. Les différends entre pays, entre religions, entre ethnies, ne sont peut-être pas les causes de nouveaux conflits qui surgissent périodiquement.
Peut-être est-ce tout simplement ces armes fabriquées, cette industrie qui maintient la fameuse croissance soi-disant indispensable à la baisse du chômage? Cette industrie doit continuer à se développer, sinon, tout le système menace de s’écrouler. Et bien sûr, les occasions de “fournir” des armes ne manquent pas. Nous votons pour des gens qui vendent des armes à nos “ennemis” parce qu’il faut maintenir le système économique et donc le complexe militaro-industriel.
Ici, en Belgique, en pleine «crise» nos gouvernements vont acheter des bombardiers américains pour transporter des bombes atomiques surpuissantes (de milliers de fois celle d’Hiroshima!) POUR QUELLE PAIX ?
Pour changer cette mainmise du pouvoir militaro-industriel, il faudrait tout détricoter et on ne peut plus le faire sans remettre en cause le système économique alors que la menace du chômage nous paralyse.
J’imagine souvent comment aurait pu être l’histoire si la Première Guerre mondiale n’avait pas eu lieu. C’était il y a seulement un siècle. Tellement de gens ont souffert de la guerre depuis 1914 qu’on continue à célébrer tout ce qui s’est passé. On en a au moins pour un siècle à célébrer des batailles, tout en disant à nos enfants que c’est important d’apprendre ces dates à l’école.
Le fait-on pour ne pas oublier et ne pas reproduire? Par fierté d’avoir été les vainqueurs? Pour continuer à nous faire croire que c’est grâce à nos usines d’armements, nos armées et nos armes, qu’on vit en paix et avec un chômage maîtrisé? Pour dépenser de l’argent public?
A la gare Montparnasse à Paris, dans le métro, une immense fresque montre une bataille de la Première Guerre mondiale. Est-ce une œuvre d’art? Une opération de propagande? Un outil pédagogique? Il est difficile de juger une œuvre sans connaître l’intention des gens qui en sont à l’initiative.
Nous posons-nous souvent la question de l’intention des gens? Et quelle est l’intention notamment de nos représentants « démocratiquement » élus? Et nous, voulons-nous sortir de cette mécanique dans laquelle l’Histoire nous a plongés depuis un siècle?
Il faudra une grosse force non violente pour faire évoluer en profondeur le système économique, la façon de gérer les conflits, de travailler, de pouvoir subvenir à nos besoins… Quelle nécessité nous permettra de faire cette évolution de nos croyances? La nécessité écologique? La nécessité de sortir de la souffrance et de la violence? Une nécessité interne, profonde, spirituelle?
Une chose est sûre, pour le faire, nous avons besoin d’un saut de conscience chez beaucoup d’êtres humains sur cette planète.