En revenant sur sa longue carrière consacrée au développement de stratégies nucléaires et à organiser les forces pour les mettre en place, il se décrivit tristement comme « l ‘un des plus fervents défenseurs de la foi dans les armes nucléaires ». Mais il ajouta que c’était devenu « [son] fardeau de déclarer avec toute la conviction possible qu’elles nous ont fait beaucoup de mal ». Et de se demander : « En vertu de quelle autorité plusieurs générations d’hommes politiques des Etats possédant l’arme nucléaire s’approprient le pouvoir de décider des chances d’une vie future sur notre planète ? Mais de façon plus urgent encore, pourquoi est-ce qu’une telle impudence se perpétue alors que nous devrions trembler devant notre folie et nous unir dans un engagement pour abolir ses manifestations les plus meurtrières ? ».
Selon lui, le plan américain de 1960 appelant à une frappe totale et automatisée sur le monde communiste est « le document le plus absurde et irresponsable qu’[il ait] jamais supervisé ». Son homologue soviétique était probablement encore plus fou. Mais il faut se souvenir qu’il y a des concurrents à cette folie, parmi lesquels notre résignation vis-à-vis des menaces extraordinaires sur notre survie n’est pas la moindre.
La survie pendant les premières années de la guerre froide
D’après la doctrine enseignée dans l’éducation et dans le discours intellectuel général, le rôle premier de la politique d’un Etat est « la sécurité nationale ». Cependant, les preuves semblent indiquer que la doctrine de la sécurité nationale n’inclut pas la sécurité de la population. L’histoire montre que, par exemple, la menace d’une destruction instantanée par des armes nucléaires n’a jamais été une priorité pour les décideurs. Cela a été prouvé par le passé et demeure vrai aujourd’hui.
Lors des premiers jours de l’EAN, les Etats-Unis jouissaient d’une supériorité écrasante par rapport au reste du monde et d’une sécurité remarquable : ils contrôlaient l’hémisphère, les océans atlantiques et pacifiques, ainsi que l’opposé de ces océans. Bien avant la Deuxième guerre mondiale, ils étaient déjà devenus de loin le pays le plus riche du monde avec des avantages incomparables. L’économie américaine connut un bond pendant la guerre, alors que d’autres pays industriels étaient dévasté ou affaiblis. En ouvrant l’EAN, les Etats-Unis possédaient la moitié de la richesse du monde et encore davantage de sa capacité de production.
Cependant, une menace demeurait : les missiles intercontinentaux à ogives nucléaires. Cette menace fut examinée dans l’étude standard des politiques nucléaires, étude menée avec un accès à des sources haut-placées : Danger et survie : les choix sur la bombe pendant les cinquante premières années, de McGeorge Bundy, conseiller en sécurité nationale au cours des présidences de Kennedy et de Johnson.
Bundy écrivit que « le développement des missiles balistiques sous le gouvernement d’Eisenhower est l’une des plus grandes réussites de ces huit années. Pourtant, il faut reconnaître que les Etats-Unis ainsi que l’Union soviétique n’encourraient pas un aussi grand risque nucléaire si ces missiles n’avaient pas été mis au point ». Il ajouta également un commentaire plein d’enseignements : « Je ne suis au courant d’aucune proposition contemporaine d’aucun des deux gouvernements visant à bannir les missiles balistiques grâce à des accords ». Autrement dit, il n’y avait aucune intention de tenter de prévenir l’unique menace envers les Etats-Unis, celle d’une destruction totale par une guerre nucléaire contre l’Union soviétique.
Serait-il possible que cette menace ait été mise de côté ? Nous ne pouvons pas en être sûrs, mais cela est loin d’être inconcevable. Loin derrière les Etats-Unis en termes de développement et de sophistication technologique, les Russes se trouvaient dans un environnement bien plus menaçant. Ils étaient donc bien plus vulnérables à de tels systèmes armés que les Etats-Unis. Il y aurait pu avoir des ouvertures pour examiner les différentes possibilités, mais l’extraordinaire hystérie du moment empêchait les différents acteurs de les percevoir. Cette hystérie était bien extraordinaire : un coup d’œil à la rhétorique des documents de cette époque tels que le National Security Council Paper NSC-68 demeure choquante, même si on fait abstraction de l’injonction du secrétaire d’Etat Dean Acheson selon laquelle il serait nécessaire d’être « plus clair que la vérité ».
Une des opportunités d’éloigner la menace fut une proposition notable faite en 1952 par le dirigeant soviétique Joseph Staline qui offrit l’unification allemande et des élections libres à la condition que l’Allemagne ne rejoigne à la suite aucune alliance militaire hostile. A la lumière du demi-siècle précédent au cours duquel l’Allemagne seule avait presque anéanti la Russie, à deux reprises, cela n’était pas une condition extrême.
La proposition de Staline fut prise au sérieux par James Warburg, un commentateur politique respecté, mais à cette exception près, elle fut ignorée ou tournée en dérision. La recherche récente commence à regarder les choses différemment. Le chercheur Adam Ulam, fervent anti-communiste, considère le statut de la proposition de Staline comme « un mystère non résolu ». Washington « n’a consacré que peu de temps à rejeter catégoriquement l’initiative de Moscou », écrit-il, pour des raisons « si peu convaincantes qu’elles en deviennent embarrassantes ». Il ajoute que l’échec politique, universitaire et intellectuel laissa ouverte la « simple question [de savoir si] Staline était sincèrement prêt à sacrifier RDA nouvellement créée sur l’autel de la vraie démocratie », avec des conséquences qui auraient été gigantesques sur la paix mondiale et la sécurité des Etats-Unis. En lisant des recherches récentes à propos des archives soviétiques, Melvyn Leffler, l’un des spécialistes de la Guerre froide les plus respectés, a pu observer que de nombreux universitaires ont été surpris de voir « [Lavrenti] Beria, chef sinistre et brutal de la police secrète [russe], proposer que le Kremlin offre à l’ouest un accord sur l’unification et la neutralisation de l’Allemagne », tout en acceptant « de sacrifier le régime communiste est-Allemand afin de réduire les tension est-ouest » et d’améliorer les conditions internes politiques aussi bien qu’économiques en Russie – opportunités qui furent manquées pour pouvoir sécuriser la participation de l’Allemagne à l’OTAN.
Etant donné les circonstances, il n’est pas impossible que des accords aient pu être atteints, qui auraient alors protégé les Américains de la menace la plus importante à l’horizon. Mais cette possibilité ne fut pas prise en considération, indication criante du rôle infime joué par la vraie sécurité dans la politique publique.
La crise des missiles de Cuba et ses suites
Cette conclusion fut soulignée au cours des années qui ont suivi. Quand Nikita Khrouchtchev arriva au pouvoir après la mort de Staline, en 1953, il reconnut que l’URSS ne pouvait pas rivaliser avec les Etats-Unis, pays le plus riche et le plus puissant du monde, doté d’avantages incomparables. Si le pays espérait jamais échapper à son sous-développement économique et aux effets dévastateurs de la dernière guerre mondiale, il devait renverser le sens de la course à l’armement.
Khrouchtchev proposa de fortes réductions mutuelles des armes offensives. L’administration Kennedy nouvellement arrivée au pouvoir étudia alors l’offre et la rejeta, se tournant à la place vers une expansion militaire rapide, alors qu’elle était déjà bien en avance. Le défunt Kenneth Waltz, soutenu par d’autres analystes stratégiques proches des renseignements américains, écrivit alors que l’administration Kennedy avait « entrepris la plus grande construction militaire stratégique et conventionnelle jamais vue par temps de paix… alors même que Khrouchtchev tentait dans le même moment de réduire les forces conventionnelles et de suivre une stratégie de dissuasion minimale, et nous avons agi ainsi alors même que l’équilibre des armes stratégiques favorisait grandement les Etats-Unis ». A nouveau, on portait préjudice à la sécurité nationale tout en augmentant le pouvoir de l’Etat.
Les renseignements américains vérifièrent que des coupes massives avaient en effet été réalisées dans les forces soviétiques actives, aussi bien dans l’aviation que dans les effectifs. En 1963, Khrouchtchev fit un nouvel appel à des réductions. Il retira des troupes d’Allemagne de l’Est et invita Washington à faire de même. Cet appel fut également rejeté. En parlant de sa carrière, l’ancien conseiller du Pentagone et analyste de sujets de sécurité William Kaufmann décrivit l’échec des Etats-Unis à répondre aux initiatives de Khrouchtchev comme « [son] unique regret ».
La réaction des Soviétiques à la surenchère américaine de ces années-là fut de placer des missiles nucléaires à Cuba en octobre 1962 afin de tenter de rééquilibrer un tant soit peu la balance. Cette action était également motivée par la campagne terroriste de Kennedy contre le Cuba de Fidel Castro, qui était censée conduire à l’invasion de l’île au cours de ce même mois, comme la Russie et Cuba en auraient été informés. La « crise des missiles » qui s’ensuivit fut « le moment le plus dangereux de l’Histoire », selon les mots de l’historien Arthur Schlesinger, conseiller et confident de Kennedy.
Alors que la crise était à son comble à la fin du mois d’octobre, Kennedy reçut une lettre secrète de Khrouchtchev offrant de mettre fin à la crise par un retrait public simultané des missiles russes de Cuba et des missiles Jupiter américains de Turquie. Ces derniers étaient des missiles obsolètes dont le retrait avait été déjà été ordonné par l’administration Kennedy parce qu’ils étaient en train d’être remplacés par des sous-marins Polaris, bien plus meurtriers, qui devaient stationner dans la méditerranée.
L’estimation de Kennedy à ce moment-là était que s’il refusait l’offre des Soviétiques, la probabilité de déclencher une guerre nucléaire était de 33% à 50% – une guerre qui, comme l’avait prévenu le président Eisenhower, aurait détruit l’hémisphère nord. Kennedy n’en refusa pas moins l’offre de Khrouchtchev d’un retrait public des missiles de Cuba et de Turquie ; seul le retrait de Cuba pouvait être public, afin de protéger le droit des Etats-Unis de placer des missiles à la frontière de la Russie ou là où bon leur semblait.
Il est difficile d’imaginer pire décision dans l’histoire – et pour cette même décision, il reste loué pour son sang-froid et son sens de l’Etat.
Dix ans plus tard, pendant les derniers jours de la guerre israélo-arabe de 1973, Henry Kissinger, alors conseiller en sécurité auprès du président Nixon, lança une alerte nucléaire. Le but était de prévenir les Russes qu’ils ne devaient pas interférer avec ses manœuvres diplomatiques délicates censées assurer la victoire israélienne, mais d’une façon limitée afin que les Etats-Unis gardent un contrôle unilatéral de la région. Et les manœuvres étaient en effet délicates : les Etats-Unis et la Russie avaient conjointement imposé un cessez-le-feu, mais Kissinger informa les Israéliens qu’ils pouvaient l’ignorer, d’où le besoin d’une alerte nucléaire pour faire fuir les Russes. La sécurité des Américains avait toujours la même importance.
Dix ans plus tard encore, l’administration Reagan lança des opérations pour mettre à l’épreuve les défenses aériennes russes en simulant des attaques aériennes et navales ainsi qu’une alerte nucléaire de haut-niveau que les Russes étaient censés détecter. Ces actions furent entreprises à un moment très critique : Washington était en train de déployer des missiles Pershing II en Europe à une distance de vol de cinq minutes de Moscou ; le président Reagan avait aussi annoncé l’Initiative de défense stratégique (« Star Wars »), que les Russes identifièrent en effet comme une arme de première-frappe, interprétation standard de la défense par missiles de la part des deux camps. Et d’autres tensions montaient également.
Ces actions causèrent naturellement beaucoup d’inquiétude en Russie, qui, à la différence des Etats-Unis, était assez vulnérable et avait été envahie à plusieurs reprises et presque détruite. En 1983, cela conduisit à la peur d’une guerre. Une récente publication d’archives a révélé que le danger était plus grave encore que ce que les historiens avaient d’abord perçu. Une étude de la CIA intitulée « La peur de la guerre était réelle » a conclu que les services de renseignements américains ont probablement sous-estimé l’inquiétude des Russes et la menace d’une frappe nucléaire russe préventive. Les exercices « devinrent presque le prélude d’une frappe nucléaire préventive » d’après un avis dans le Journal des études stratégiques.
Et c’était même encore plus dangereux, comme nous l’avons appris en septembre dernier, lorsque la BBC a rendu public le fait qu’au milieu de ces événements qui menaçaient la planète entière, les systèmes d’alarme de la Russie avaient détecté une frappe de missiles en provenance des Etats-Unis, propulsant son système nucléaire au plus haut niveau d’alerte. Le protocole de l’armée soviétique était de riposter avec une attaque nucléaire. Heureusement, l’officier de service, Stanislav Petrov, décida de désobéir et de ne pas faire part des avertissements à ses supérieurs. Il reçut une réprimande officielle. Et grâce à ce manquement au devoir, nous sommes toujours en vie pour en parler.
La sécurité de la population n’était pas davantage une priorité pour les membres de l’administration Reagan qu’elle ne l’était pour leurs prédécesseurs. Et cela demeure aujourd’hui, même en ignorant les nombreuses fois où la catastrophe nucléaire a été évitée de peu au cours de ces années, dont beaucoup sont relatées dans l’inquiétante étude d’Eric Schlosser, Commande et contrôle : les armes nucléaires, l’accident de Damas, et l’illusion de la sécurité. En d’autres termes, il est difficile de contester les conclusions du général Butler.
La survie dans l’ère post-Guerre froide
L’ensemble des actions et doctrines qui ont suivi la Guerre froide n’est pas rassurant non plus. Tout président qui se respecte se doit d’avoir une doctrine. La doctrine de Clinton était résumée dans le slogan « multilatéraux quand nous pouvons, unilatéraux quand nous devons ». Dans une allocution au Congrès, l’expression « quand nous devons » fut mieux expliquée : les Etats-Unis ont le droit d’avoir recours à « l’usage unilatéral du pouvoir militaire » pour s’assurer « un accès non restreint à des marchés clefs, des sources d’énergie, et des ressources stratégiques ». Pendant ce temps, STRATCOM à l’époque de Clinton publia une importante étude intitulée « Les essentiels de la dissuasion post-Guerre froide », parue bien après l’effondrement de l’Union soviétique, et Clinton étendait le programme de George H.W. Bush d’expansion de l’OTAN à l’est en violation des promesses faites au premier ministre soviétique Mikhaïl Gorbatchev – ce qui semble faire écho à ce qui se passe aujourd’hui.
Cette étude de STRATCOM s’intéressait au « rôle des armes nucléaires à l’ère post-Guerre froide ». L’une des conclusions principales est que les Etats-Unis doivent maintenir leur droit de lancer une première frappe, même contre des Etats dépourvus de l’arme nucléaire. De plus, les armes nucléaires doivent être toujours prêtes parce qu’elles « projettent leur ombre sur toute crise et tout conflit ». C’est donc qu’elles étaient constamment utilisées, tout comme on utilise une arme en visant mais en ne tirant pas lors d’une attaque à main armée (ce qui a été souligné à plusieurs reprises pas Daniel Ellsberg). STRATCOM continuait en conseillant aux décideurs de « ne pas être trop rationnels lorsqu’il s’agit de déterminer… ce qui est le plus important aux yeux de l’opposant ». Tout devait être visé simplement. « [Il] est nuisible de nous décrire comme étant trop rationnels et gardant trop la tête froide… La possibilité que les Etats-Unis puissent devenir irrationnels et vindicatifs dans le cas où leurs intérêts vitaux seraient menacés devrait faire partie de l’image nationale que nous projetons ». Il est « bénéfique [pour notre position stratégique] que certains éléments puissent sembler ‘’hors de contrôle’’ », créant ainsi une menace constante d’attaque nucléaire – ce qui, si cela intéresse quelqu’un, est une violation grave de la Charte des Nations Unies.
Cela est très loin des objectifs nobles qui sont constamment proclamés, ou de l’obligation faite par le Traité de non-prolifération de faire des efforts de « bonne foi » pour éliminer ce fléau de la planète. Ce qui résonne dans cette étude est plutôt une adaptation du fameux couplet de Hilaire Belloc à propos de la mitrailleuse Maxim (pour citer le grand historien africain Chinweizu) :
« Quoi qu’il arrive, nous avons
La bombe atomique, et eux non ».
Après Clinton vint, bien sûr, George W. Bush, dont le très large soutien à la guerre préventive incluait facilement l’attaque du Japon en décembre 1941 sur des bases militaires situées dans des possessions américaines hors de leur territoire, à une époque où les militaires japonais savaient très bien que les Etats-Unis fabriquaient en précipitation les forteresses volantes B-17 et les déployaient sur ces bases avec l’intention « de détruire le cœur industriel de l’empire grâce des attaques de bombes explosives sur les nombreuses fourmilières des bambouseraies de Honshu et Kyushu ». C’est ainsi que les plans pré-guerre furent décrits par leur architecte, le général de l’Air Force Claire Chennault, avec l’approbation enthousiaste du président Franklin Roosevelt, du secrétaire d’Etat Cordell Hull, et du chef des armées le général George Marshall.
Après eux vient Barack Obama et ses discours sur l’abolition des armes nucléaires – accompagnés par des plans d’investissement d’un milliard de dollars dans l’armement nucléaire américain, un pourcentage du budget militaire américain qui, d’après une étude du James Martin Center for Nonproliferation Studies à l’Institut de Monterey des études internationales, est « comparable à l’investissement réalisé dans les années 1980 sous la présidence Ronald Reagan dans les nouveaux systèmes stratégiques ».
Obama n’a pas non plus hésité à jouer avec le feu pour des gains politiques. Si l’on regarde par exemple la capture et l’assassinat d’Oussama Ben Laden par les US Navy, cet événement fut annoncé avec fierté par Obama dans un discours important sur la sécurité nationale en mai 2013, discours qui fut largement relayé, mais dont un paragraphe crucial fut ignoré.
Obama salua l’opération mais ajouta qu’elle ne pouvait pas devenir une norme. La raison en était, d’après lui, que les risques « étaient immenses ». Les soldats de la Navy auraient pu être « pris dans des échanges de coups de feu ». Même si cela n’a par chance pas eu lieu, « le coup porté à notre relation avec le Pakistan et la réaction violente du public pakistanais à propos de l’empiètement sur leur territoire fut… lourd ».
Ajoutons maintenant quelques détails. Les soldats de la Navy avaient pour consigne de se battre pour se libérer s’ils étaient interceptés. Ils n’auraient pas été laissés seuls face à leur destin s’ils avaient été « pris dans des échanges de coups de feu ». Toute la force de l’armée américaine aurait été mise au service de leur libération. Le Pakistan possède une armée puissante et bien entraînée, très protectrice de la souveraineté nationale. Le pays possède des armes nucléaires et les spécialistes pakistanais craignent l’éventualité d’une pénétration de leur système de sécurité nucléaire par des éléments du djihad. De plus, ce n’est pas un secret que la population a été radicalisée et rendue amère par la campagne de terreur menée par drones et d’autres politiques de Washington.
Alors que les soldats de la Navy étaient encore dans l’enceinte du camp de Ben Laden, le chef des armées pakistanais, Ashfaq Parvez Kayani, fut informé du raid et ordonna aux militaires de « confronter toute force aérienne non-identifiée », qui selon lui proviendraient d’Inde. Pendant ce temps à Kaboul, le commandeur américain général David Petraeus ordonna aux « avions de guerre de répondre » si les Pakistanais « faisaient décoller leurs avions d’attaque en urgence ».
Comme l’a dit Obama, le pire n’a pas eu lieu, par chance, mais cela aurait pu être terrible. Mais les risques ont été abordés sans inquiétude notable, ni commentaire subséquent.
Ainsi que l’a observé le général Butler, il relève presque du miracle que nous ayons jusqu’à aujourd’hui échappé à la destruction, et plus nous tenterons notre destin, moins nous pourrons espérer une intervention divine perpétuer ce miracle.
Traduit par DiaCrisis pour www.noam-chomsky.fr