Avec la victoire devant la justice qui reconnut l’illégalité de la coupure d’eau opérée par la Lyonnaise des Eaux, filiale de Suez Environnement, nous pouvions espérer que les lignes bougent et que l’ensemble des acteurs du service public de l’eau se repose la question de ce qu’est le service public.
Mais malgré la condamnation du distributeur à verser plus de 8500 euros d’amende, rien ne semble changer et les coupures d’eau sont toujours une pratique courante bien qu’illégale.
Devons-nous penser que nous vivons dans une démocratie de façade dans laquelle les multinationales de l’eau barbares et mafieuses peuvent s’asseoir sur une loi qui ne leur convient pas ?
Quand on sait ce que représente la violence d’une coupure d’eau, de ce que cela implique en terme de dignité et d’humanité, comment imaginer que nous puissions encore nous considérer comme une société civilisée ? Nous ne sommes même plus capables en France de mettre en œuvre le droit à l’eau pour tous !
Danielle Mitterrand n’avait de cesse de rappeler aux multinationales de l’eau qui affirmaient être favorables au droit à l’eau pour tous ce que cela signifiait pour eux :« le droit à l’eau pour tous ceux qui peuvent payer ».
Quelques années plus tard, cette phrase résonne dans ma tête et je me rends compte combien nous reculons au lieu d’avancer.
Nous allons nous battre autant qu’il le faudra pour faire en sorte que tous les acteurs politiques, sociaux et économiques entendent ce message : l’eau est un bien commun, son partage est le signe de notre capacité à vivre au sein d’une société civilisée et non barbare, l’accès à l’eau pour tous est mis en œuvre dans le cadre du service public, les coupures d’eaux sont interdites par la loi et tout acteur qui procède à des coupures d’eau ne mérite pas d’être responsabilisé pour la mise en œuvre de ce service public.
Aucun argument économique fallacieux et illégal ne tient face à la violence de l’humiliation que représente une coupure d’eau. Si vous en doutez, faites l’expérience ! Coupez l’eau chez vous pendant une ou deux journées et vous prendrez la mesure de ce que cela représente.
Nous devons agir fortement pour pouvoir prétendre que notre société est démocratique, civilisée et fière de rendre accessible l’eau pour tous afin que chacune et chacun d’entre nous puisse vivre dignement quelles que soient ses difficultés.
L’eau c’est la vie, il ne faut jamais l’oublier !