Le développement brutal de la consommation mondiale l’huile de palme, en partie responsable de l’accaparement des terres suciste de violents conflits dans plusieurs pays africains. Au-delà de ce grave problème foncier, ce sont des modèle de développement économique et agricole qui s’affrontent.
Par Grain.org
L’huile de palme est omniprésente dans de nombreux systèmes alimentaires. Si vous examinez les ingrédients sur de nombreux emballages alimentaires, vous allez très probablement découvrir qu’elle y figure. Les entreprises agroalimentaires l’adorent parce qu’elle est à la fois bon marché et abondante, si bien qu’elles l’utilisent chaque fois qu’elles le peuvent.
Toute cette production d’huile de palme bon marché coûte en fait très cher : destruction des forêts tropicales, exploitation de la main d’œuvre locale bon marché dans les plantations et accaparement brutal des terres : ce ne sont que quelques-unes des conséquences déplorables qui accompagnent aujourd’hui le développement des plantations de palmier à huile.
L’Afrique occupe une place centrale dans la dynamique d’expansion des plantations de palmier à huile. Le palmier à huile n’est pas une nouveauté pour ce continent. C’est en Afrique que l’histoire de l’huile de palme a commencé. Depuis des générations, les Africains utilisent l’huile de palme pour produire des huiles végétales, du vin, des médicaments et de nombreux autres produits qui jouent un rôle essentiel dans leurs économies, leurs cultures et leurs vies quotidiennes. Les grandes puissances européennes ont tenté à diverses reprises de transformer cette culture en une activité industrielle, tournée vers l’exportation et basée sur une production dans de grandes plantations. Mais la plupart de leurs efforts se sont soldés par des échecs et la production industrielle n’a pris son essor qu’en Malaisie et en Indonésie, où le palmier à huile d’Afrique a été introduit au début du XXe siècle. En Afrique, la production et la transformation de l’huile de palme se fait encore à petite échelle, et reste entre les mains de millions de paysans, en majorité des femmes paysannes et transformatrices.
Cette situation est sur le point de changer radicalement. Comme les entreprises d’huile de palme ont de plus en plus de difficultés à acheter des terres en Indonésie et en Malaisie, elles se tournent actuellement vers l’Afrique, qui fait figure de nouvel eldorado à conquérir pour produire une huile de palme bon marché destinée à l’exportation. En Afrique centrale et occidentale, au cours des quinze dernières années, les sociétés étrangères ont signé plus de 60 contrats portant sur près de 4 millions d’hectares, pour l’établissement de plantations de palmier à huile (voir Annexe 1). Les accaparements de terres suscitent déjà de violents conflits dans plusieurs pays africains.
La situation africaine nous rappelle que ce développement brutal de l’huile de palme ne se résume pas à un problème foncier. Il s’agit d’une lutte plus globale qui porte sur les systèmes alimentaires et les modèles de développement. L’huile de palme africaine sera-t-elle produite par les paysans africains ou par les grandes multinationales ? Sera-t-elle produite par des paysans dans des exploitations familiales avec des cultures associées et des palmeraies semi-sauvages ? Ou ces paysans seront-ils expulsés pour laisser la place à de vastes plantations industrielles ? Ces questions ont des implications au-delà de l’Afrique. Si ce continent devient une nouvelle frontière à conquérir pour l’huile de palme bon marché, les exportations de l’Afrique auront un impact sur les agriculteurs qui cultivent des oléagineux dans d’autres pays, comme l’Inde et le Mexique.
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