Plus de 50 000 motos taxis dictent leur loi à Douala, capitale économique du Cameroun. Tous ceux qu’y arrivent pour la première fois sont d’emblée frappés par ce phénomène. Les carrefours grouillent de motos qui semblent plus nombreux que les hommes. Beaucoup de décès, d’infirmité et de traumatisme sont aujourd’hui causés par des accidents de circulation à bord de motos. Faute de statistiques, il est à ce jour difficile de dire avec des chiffres à l’appui le nombre exacte de mort causé par les motos taxis dans la ville de Douala. Mais un détour dans les centres hospitaliers urbains révèle l’ampleur du phénomène.
Faute d’emplois décents, des centaines de jeunes diplômés se sont lancés dans cette activité du secteur informel, prenant de ce fait les rues de la capitale économique en otage. Sans permis de conduire pour la plus part, ils transportent les populations à longueur de journées sans avoir au préalable reçu des notions élémentaires du code de la route. C’est pour limiter ces nombreux cas d’accidents de circulation que le syndicat national des exploitants d’auto-écoles du Cameroun et les syndicats des conducteurs de moto taxi se sont accordés pour offrir des séances de formation gratuite aux motos taximen.
En 2012, la décision prise par les autorités administratives de Douala, de définir des zones d’accessibilité aux motos taxis semble avoir été un début de solution à ce phénomène. A compter du 12 juin 2012, la circulation des motos taxis à exploitation commerciale dans la ville de Douala avait été restreinte. Conformément aux dispositions du décret n° 2008/3447 du Premier ministre du 31 décembre 2008, les conducteurs de moto taxis ne sont plus autorisés à circuler dans le centre ville de la capitale économique. Mais cette mesure avait été suivie par la mise en place d’un ce plan de circulation.
Depuis un certain temps les motos-taxi sont devenus un moyen d’expression populaire au Cameroun, notamment dans la ville de Douala, où ils sont utilisés par les partis politiques, les syndicalistes et la société civile. Le président de la république lui-même dans son discours à la jeunesse à l’occasion de la fête de la Jeunesse 2014, a fait l’éloge des motos taximen en ces termes : « Aux seconds [Moto taximen] qui, par la force des choses, se sont trouvés marginalisés, je souhaite qu’ils sachent que j’apprécie le courage qu’ils ont eu en acceptant des tâches, souvent pénibles, pour faire vivre leurs familles. Plutôt que de les regarder de haut, l’on devrait leur reconnaître un rôle social dont l’utilité est incontestable… Prenons, par exemple, le cas des conducteurs de motos taxis. Je sais que cette profession n’a pas toujours bonne réputation en raison de quelques « brebis galeuses » qui s’y sont introduites. Mais la majorité de ces jeunes cherchent tout simplement à gagner leur vie… N’est-on pas heureux de la possibilité offerte d’atteindre rapidement et à moindre coût des destinations difficiles d’accès ? Pour éviter certains comportements qui sont à déplorer, il conviendrait sans aucun doute d’organiser la profession et de prévoir à leur intention des stages de formation concernant à la fois le code de la route, notamment le port du casque, et la technique des véhicules à deux roues. »
En réponse du berger à la bergère, ces derniers lui ont adressé une motion de soutien. L’évènement s’était déroulé le 1er mars 2013, où on avait vu les motos taxis, dans un concert de klaxon, converger vers le palais présidentiel un cortège de motos. Un peu plus de 2000 conducteurs de motos taxis s’étaient fait entendre, en sillonnant Yaoundé comme un troupeau de moutons. Interdits de circuler au centre ville depuis plus de 2 ans, ils avaient roulé sans être inquiété même dans les endroits les plus réservés.