Après que les chefs d’État du Nigeria et des quatre pays voisins se soient retrouvés à Paris le 17 mai dernier pour élaborer un plan de guerre contre Boko Haram sur invitation du président François Hollande pour déterminer les stratégies à adopter contre ce groupe islamiste, une rencontre a eu lieu à Yaoundé le 25 mai entre le président tchadien Idriss Deby Itno et son homologue camerounais Paul Biya. Visite éclaire au cours de laquelle Idriss Deby a déclaré jeudi que le Tchad et le Cameroun sont appelés à « agir ensemble » pour vaincre ce groupe islamiste nigérian dont les exactions hors du territoire nigérian et précisément au Cameroun deviennent inquiétantes.
C’est dire que l’heure est grave ! Mais les autorités camerounaises sont optimistes. Le Cameroun n’étant pas a sa première épreuve de tension tant à l’intérieur du pays qu’au niveau de ses frontières : Il y a quelques années le phénomène des coupeurs de route avait pris une dangereuse tournure au Cameroun ; dans la région du nord, des véhicules étaient systématiquement attaqués et les passagers dépouillés de leurs biens, non sans blesser mortellement certains. Leurs attaques audacieuses n’épargnaient pratiquement plus aucune zone, les forces de sécurités étaient même devenues leurs cibles privilégiées. Prenant le taureau par les cornes, les autorités camerounaises ont créé au sein de l’armée une unité spéciale constituée de Huit cent commandos spécialement formés pour lutter contre les coupeurs de route qui sévissaient dans cette partie septentrionale du pays.
Dans les années 1990, des affrontements réguliers s’opéraient dans la zone de Bakassi entre l’armée camerounaise et nigériane. Les deux États se revendiquant respectivement la souveraineté de la zone. En 1994, le Cameroun a poursuivi le Nigeria devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), en revendiquant la souveraineté de cette région côtière et marécageuse de 1000 km², potentiellement riche en pétrole, en gaz et en ressources halieutiques. Au terme d’une longue bataille juridique, la CIJ avait décidé en octobre 2002 que la péninsule devait être rétrocédée au Cameroun. En 2009, le Cameroun avait intensifié la lutte contre les pirates à Bakassi en y déployant des forces spéciales qui avaient réussi à éradiquer le phénomène des coupeurs de route dans la partie septentrionale du pays. Le Bataillon d’intervention rapide (BIR) est unité d’élite de l’armée camerounaise suffisamment formée et mieux outillée.
En choisissant de militariser sa frontière avec le Nigeria, le Cameroun veut faire taire les supputations faites sur sa capacité à vaincre le groupe islamiste Boko Haram sur son territoire. Reste que tous les Etats concernés par cette menace asymétrique prennent des mesures radicales de sécurité à l’intérieur de leurs pays respectifs pour que dans quelques mois l’on parle de ce groupe au passé. Même si l’on sait qu’au Nigeria la tache s’avère plus ardue, ce pays compte énormément sur l’appui des pays voisins pour affaiblir progressivement ce groupe qui profite souvent la faible sécurisation des frontières pour installer leur base arrière.