Des conditions exceptionnelles étaient réunies pour que le sommet franco-allemand [19 février 2014. NDR] aboutisse à une initiative commune sur la taxe sur les transactions financières (TTF) : un projet crédible initié par la commission européenne, l’accord de 11 États pour la mise en place d’une coopération renforcée, un gouvernement allemand qui avait inscrit une taxe ambitieuse dans son programme de gouvernement, un large soutien de la population et de la société civile (plus de 300 associations, ONG et syndicats européens avaient adressé à François Hollande une lettre ouverte pour qu’il respecte ses engagements de campagne et soutienne avec l’Allemagne le projet de directive européenne sur la TTF).
Ce mercredi, Angela Merkel et François Hollande ont seulement annoncé « avancer à un rythme soutenu » et affiché leur « volonté d’aboutir avant les élections européennes ». Berlin semble toutefois avoir commencé à faire céder Paris en ce qui concerne l’inclusion de l’ensemble des produits dérivés [1].
Cette annonce n’est pas rassurante pour autant. Pourquoi ? Parce que le gouvernement français a, jusqu’à présent, agi en coulisse pour réduire drastiquement la portée de la taxe en jouant sur les modalités concrètes de sa mise en œuvre. François Hollande a d’ailleurs clairement indiqué « préférer une taxe imparfaite que pas de taxe du tout ».
Le gouvernement français va-t-il poursuivre son travail de sape du projet de TTF ? Capitulera-t-il une nouvelle fois devant le secteur bancaire, de la même manière qu’il avait capitulé en 2013 sur le projet de séparation des banques ? Une chose est sûre : l’absence aujourd’hui d’accord ambitieux sur la TTF est une faute politique majeure qui incombe au gouvernement français.
Une forte impulsion franco-allemande aurait constitué un signal important au moment où l’Union européenne est en crise profonde, pendant que de leur côté les banques enregistrent des profits records. De plus, alors que la France accueillera en 2015 la conférence des Nations Unies sur le climat, la TTF pourrait constituer une source importante de financement complémentaire pour un fonds international dédié au changement climatique et à la solidarité internationale.
Nous ne lâcherons pas l’objectif d’une taxe pour enrayer la spéculation, mettre un terme au trading haute fréquence et désarmer les marchés financiers ; et nous poursuivrons, avec nos partenaires français et européens, notre campagne d’information et de mobilisation citoyenne pour la mise en œuvre d’une véritable TTF européenne.
Notes