Image : Yusuf Beyazit
Il y a plus d’un an, des réfugiés en Allemagne ont commencé à s’organiser pour protester publiquement contre les méthodes institutionnelles allant à l’encontre des droits de l’Homme, telles que l’isolement forcé à travers l’interdiction de quitter le district du centre d’accueil de réfugiés, l’interdiction de travailler et les pratiques de déportation dégradantes. Après une marche à travers l’Allemagne de Würzburg à Berlin et l’installation d’un camp à côté de la porte de Brandenburg où certains ont commencé une grève de la faim, environ cent réfugiés ont établi un camp au cœur de Berlin à l’Oranienplatz en octobre 2012, soutenu par de nombreuses associations et individus. D’autres manifestations de réfugiés ont eu lieu dans plusieurs villes allemandes sous diverses formes. Ainsi, à Munich ainsi que dans d’autres villes, des réfugiés ont commencé des grèves de la faim, alors que les réfugiés de Lampedusa, comme on les appelle, ont échoué à Hambourg et sont dans une situation particulièrement précaire puisqu’ils ont été mis à la rue munis simplement d’un visa touriste en Italie. Ainsi ils n’ont plus aucun moyen d’être aidé par le gouvernement en Europe et vivaient dans la rue à Hambourg jusqu’à ce qu’ils prennent part aux manifestations.
Grâce à l’intérêt particulier porté par les médias à cette cause et à la solidarité de la population, qui pour la plupart entendaient parler des conditions des réfugiés en Allemagne pour la première fois, ainsi qu’ à la forme pacifique de la protestation, restée non-violente malgré les difficultés, ni la police ni le gouvernement n’ont pu agir sévèrement contre les réfugiés jusqu’à présent. Il y a un bras de fer entre la police, la justice et la politique aux niveaux communal et provincial pour savoir si et comment le camp peut être enlevé, mais celui-ci existe toujours malgré leurs tentatives. Pour ses résidents, à qui l’on a proposé comme solution alternative un bâtiment scolaire vide, il est important de rester visible et donc politiquement actifs, en contact avec les gens, et de continuer à revendiquer leurs besoins. Bien sûr, disent-ils, il est difficile de vivre dans des tentes dans des conditions primitives en hiver, mais c’est beaucoup mieux que d’être isolés et de végéter dans un centre d’accueil de réfugiés.
Les réfugiés du camp ont un très bon réseau international, et puisque les hommes politiques prétendent que les changements fondamentaux de la politique d’immigration peuvent être réalisés uniquement au niveau européen, il est apparu logique d’organiser une marche de Strasbourg à Bruxelles cet été. Les 26 et 27 juin, le sommet du conseil européen de Bruxelles aura lieu avec pour thème principal les « politiques d’immigration ». En réponse au grand nombre de réfugiés noyés dans la Méditerranée, ils veulent parler d’un renforcement du contrôle militaire des frontières.
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Traduction : Flore Pouquet