Par Gloria Gaitán Jaramillo pour El Correo
Gene Sharp (voir ci-dessous la Note de El Correo **) est le principal théoricien de l’actuelle stratégie nord-américaine élaborée pour déstabiliser les gouvernements que les États-Unis ne contrôlent pas politiquement et économiquement. Il s’agit de ces pays qui possèdent d’immenses richesses naturelles comme le pétrole, par exemple, et où les gouvernements ne permettent pas qu’elles soient pillées par les transnationales nord-américaines et européennes, ni l’enrichissement frauduleux que celles-ci prétendent obtenir ainsi.
Les principes conspiratifs de cette tactique déstabilisatrice, apparemment « non violente », consistent à provoquer le chaos à l’intérieur du pays dans le but de parvenir à déstabiliser le gouvernement en place, puis à sa chute. Ensuite, dans un deuxième temps, on fait appel à des étudiants et plus généralement à la jeunesse pour qu’ils lancent des actions de protestations, qui génèrent de la violence afin que les médias et les agences de presse puissent diffuser des scènes de terreur, d’incendies et de pillages avec des morts et des blessés que l’on dira provoquer par les forces de l’ordre du gouvernement que l’on prétend renverser.
C’est précisément ce qui s’est produit cette semaine [NDE. 10 – 15 février] au Venezuela où les marches de la Journée de la Jeunesse ont été utilisées pour créer le chaos dans les rues des grandes villes.
Si ces révoltes juvéniles permettent de mettre le feu à d’autres secteur de la population, comme cela s’est produit en Géorgie, au Kirghizstan, en Ukraine, au Liban, en Iran et plus récemment en Tunisie, Égypte, Libye et Syrie, alors l’étape suivante sera de créer un « gouvernement parallèle » en exil, suivi d’une intervention armée internationale prenant l’apparence d’une « action humanitaire » qui cherchera à renverser le gouvernement, ouvrant la voie à un autre gouvernement de marionnettes.
Le documentaire « Comment commencer une révolution », du réalisateur écossais Ruaridh Arrow, nous montre le travail conspiratif de Sharp et de l’Institut Albert Einstein pour déstabiliser les gouvernements auxquels les États-Unis et l’Union européenne n’ont pas donné leur aval.
Ce projet conspiratif inclut, comme force fondamentale du complot, les médias et les agences d’information. C’est pour cela qu’il est indispensable de filtrer l’information que l’on reçoit et, en plus, de chercher sur Internet des m0édias alternatifs qui dénoncent ces plans macabres.
Et il ne faut pas que nous, les Colombiens, restons inertes croyant que cela arrive uniquement au Venezuela et ne peut pas nous arriver. Les services secrets alternatifs ont pu vérifier que plusieurs personnes connues pour être proches de Alvaro Uribe Velez ont élu stratégiquement domicile dans différents pays latino-américains, ayant simultanément été entraînées dans les écoles qui préparent les agents nécessaires pour ces nouvelles voies d’imposition impérialiste.
Souvenons-nous de Berthold Brecht et n’oublions pas qu’ils viennent à présent pour nos frères vénézuéliens, mais qu’ils peuvent venir plus tard pour nous, si le processus de paix ne s’accommode pas avec leur objectif principal d’avoir les « mains libres » pour piller les mines qui se trouvent dans le territoire dominé par la guérilla et que, suite à la démobilisation de nos guérillas, les Nord-Américains et les Européens espèrent pouvoir exploiter dans le cadre des bien connus contrats léonins qui ne bénéficient en rien à notre pays et à sa population.
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* Gloria Amparo de las Mercedes Gaitán Jaramillo, plus connue sous le nom de Gloria Gaitán est une femme politique colombienne, fille de Jorge Eliécer Gaitán, leader très populaire en Colombie et en Amérique Latine. Depuis sa jeunesse, elle assume la charge d’étudier et de maintenir l’héritage de son père. Elle est également éditorialiste et auteur de plusieurs livres. Elle a dirigé le « Centre Jorge Eliécer Gaitán » et l’ « Institut Colombien de la Participation « Jorge Eliécer Gaitán » – Colparticipar ».
(**) NOTE DE EL CORREO :
Gene Sharp et l’Institut Albert Einstein (quelle perversité de lui avoir donné ce nom) sont un important think-tank de contre-révolution. L’exemple ci-dessus mérite d’être cité. Nous l’avons vu et nous continuerons de le voir en Ukraine. Il est intéressant de relever comment les assaillants à Caracas se sont mobilisés, ont usé des cocktails Molotov et même des boucliers de protection, comme à Kiev.
Les médias jouent effectivement un rôle important dans la propagation de ces pratiques violentes, et il est abject de voir comment les bureaux d’agences de presse, entre autres ceux de l’AFP, ont affirmé le premier jour que les deux morts étaient des opposants.
La campagne a commencé, mais pour le moment une partie de la droite vénézuélienne ne semble pas très intéressée par le script proposé, car elle craint la réponse (ce qui fait défaut en Ukraine) et les conséquences directes ou indirectes que pourrait déclencher une radicalisation du processus, avec tout ce que cela implique. Il appartient au gouvernement vénézuélien de répondre à l’agression avec la fermeté républicaine qu’il se doit et aussi d’apporter des solutions aux imperfections du système.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Marie-Rose Ardiaca
http://www.elcorreo.eu.org/Une-guerre-de-4eme-generation-contre-le-Venezuela