Dans le cadre de sa campagne Detox, Greenpeace a fait analyser des vêtements pour enfants commercialisés par les plus grandes marques mondiales. Et y a retrouvé quantités de substances toxiques. Depuis le lancement de sa campagne, l’ONG environnementaliste a déjà fait examiner plusieurs échantillons de vêtements pour adultes, produits notamment en Chine, et confirmé l’usage généralisé d’agents chimiques potentiellement nocifs dans la chaîne de production textile. À l’occasion de ce nouveau rapport, Greenpeace dresse aussi le bilan des progrès obtenus et de la réalité des engagements des grandes marques.
Greenpeace a analysé dans ses laboratoires 82 vêtements pour enfants, collectés dans le commerce dans 25 pays différents. Les plus grandes marques – Disney, Adidas, Gap, H&M, Burberry, American Apparel, Puma, C&A, et quelques autres – étaient représentées dans les échantillons. Des vêtements qui ont été produits dans une douzaine de pays différents, principalement en Asie du Sud-Est (environ un tiers était produit en Chine).
Voir ici la présentation des résultats par Greenpeace et ici le rapport complet (en anglais) [1].
Aucune marque n’est sortie indemne de ces tests. Les experts de Greenpeace ont notamment recherché des traces de phtalates, d’antimoine ou de PFCs :
Un maillot de bain d’Adidas contenait par exemple des niveaux cinq fois plus élevés d’acide perfluorooctanoïque (PFOA) que ce qui est toléré dans la liste des substances admises ; on a enregistré 11% de phtalates en analysant un T-shirt pour enfants de Primark. Les PFOA appartiennent au groupe de produits chimiques qui peuvent affecter le système immunitaire et la fertilité et conduire à une maladie de la thyroïde. Ils sont extrêmement persistants et s’accumulent dans l’environnement et dans le corps. Des niveaux élevés d’éthoxylates de nonylphénol (NPE) ont été également relevés dans des produits Disney, American Apparel et Burberry.
Dans la plupart des cas, il s’agit de substances dont l’usage est interdit ou fortement limité en Europe et aux États-Unis. (Sur les produits chimiques dangereux utilisés dans le secteur textile, lire ici).
La plupart des marques concernées ont nié la validité scientifique des conclusions de Greenpeace, ou déclaré que les doses retrouvées étaient insuffisantes pour entraîner un risque sanitaire.
Campagne Detox : quels résultats ?
De précédents rapports de Greenpeace avaient révélé la présence de substances chimiques toxiques dans des vêtements pour adultes, notamment produits en Chine (lire Les grandes marques et la pollution des eaux en Chine). Selon Greenpeace, les doses retrouvées aujourd’hui sur les vêtements enfants sont comparables à celles que l’on constate dans les vêtements pour adultes.
En plus d’entraîner des risques sanitaires pour les ouvriers qui fabriquent les vêtements et potentiellement pour les personnes qui les portent – d’autant plus lorsqu’il s’agit d’enfants -, l’usage de substances toxiques dans le secteur textile est une source importante de pollution (de l’eau, notamment).
Depuis le lancement de la campagne Detox en 2011, 18 grands groupes textiles s’étaient engagés à éliminer totalement les substances dangereuses de leur chaîne d’approvisionnement d’ici 2020.
Greenpeace profite de la publication de ce nouveau rapport pour faire le point sur les suites données à ces engagements. Si l’ONG reconnaît que la majorité des marques concernées ont bien commencé à introduire des changements, elle pointe aussi du doigt un certain nombre d’entreprises qui se sont contentées de beaux discours, dans donner aucune suite sur le terrain. C’est le cas notamment de Nike et Adidas. Sans parler des marques qui, comme Gap (encore une fois…), refusent toujours de s’engager.
Suite à la révélation par Greenpeace sur la présence de produits toxiques dans ses vêtements, une dix-neuvième marque, Burberry s’est engagée à supprimer progressivement leur usage dans sa chaîne de production.
— [1] Il existe également en France un collectif spécialement dédié à la question, sous l’égide du syndicat Force Ouvrière : Info Poison Textile.
Source de l’article : multinationales.org.