Par David Cronin

C’est ce qu’a peut-être fait un de ses émissaires, de façon détournée. Lars Faaborg-Andersen, ambassadeur de l’UE à Tel Aviv, a mis en garde récemment sur les conséquences de la décision de l’Union de couper son assistance à l’Autorité Palestinienne dans le cas où les pourparlers de « paix » actuels se révélaient stériles.

« Je pense qu’en Israël on se rend compte que cet argent est crucial pour la stabilité de la Cisjordanie et à Gaza » a dit le Danois. « Si nous ne fournissons pas cet argent, je pense qu’il est fort probable qu’Israël devra fournir bien davantage ».

Le choix des mots de Faaborg-Andersen est instructif. Il semble croire que l’Union Européenne fait une faveur à Israël en procurant « de la stabilité » dans les Territoires occupés en 1967.

Pour autant que je sache il n’a pas développé ses commentaires. S’il l’avait fait, il aurait pu expliquer que le droit international oblige une puissance occupante à répondre aux besoins élémentaires d’un peuple sous occupation. En allongeant chaque année environ 460 millions d’euros à la Palestine, l’UE décharge Israël de ses responsabilités légales.

Interprétation

L’interprétation constamment donnée de cette aide est qu’elle améliore les conditions de vie des Palestiniens. Les déclarations et « fiches d’information » produites en quantités industrielles par les bureaucrates bruxellois n’expliquent pas qu’une partie finance directement l’infrastructure de l’occupation.

En 2012 par exemple, l’Union s’est targuée d’avoir donné 12 millions d’euros pour améliorer des équipement comme les machines à rayons-X et la technologie informatique utilisées à Karem Abou Salem, le passage réservé aux marchandises entre Gaza et Israël aujourd’hui.

Il y avait un gros oubli par omission dans l’annonce de ce « généreux » don. Karem Abou Salem – en hébreu Kerem Shalom – est contrôlé par Israël, qui a imposé des restrictions draconiennes sur le flux de marchandises entrant dans la bande de Gaza. En tendant la main à Israël, l’Union Européenne approuvait le siège illégal de Gaza. Ce n’était pas la première fois que l’UE facilitait pareille illégalité.

Ne nous dupez pas

Si vous lisez le français je vous recommande de lire d’urgence « Palestine, la trahison européenne ». Ecrit parVéronique De Keyser, membre du Parlement européen et par feu le défenseur des droits de l’homme Stéphane Hessel, ce livre prouve comment l’aide ostensiblement assignée aux Palestiniens profite en réalité à Israël.

Après que le Hamas eut remporté une élection démocratique en 2006, l’UE refusa de faire passer l’aide via une administration dirigée par ce parti. En mars 2006, Benita Ferrero-Waldner, alors commissaire de l’UE aux affaires étrangères, décida que 40 millions d’euros seraient payés directement à Israël afin que les entreprises israéliennes puissent fournir le carburant à Gaza.

Je n’ai jamais dit que l’UE devrait cesser de donner de l’argent à la Palestine. Cela priverait bien trop de gens d’éducation, de soins médicaux et d’énergie. Mais ce que j’ai exigé, c’est de l’honnêteté et de la responsabilité.

Les contribuables européens ne devraient pas être trompés par l’idée que notre argent a toujours été dépensé sur un mode aimable. Nous devrions nous entendre dire carrément que c’est aider une occupation. Si Israël refuse d’accepter ses responsabilités légales, alors il incombe à l’UE d’envoyer ses factures d’aide à Israël et d’insister pour obtenir le remboursement. Et si Israël détruit des projets financés par l’UE – comme il l’a fait à de nombreuses occasions – l’UE doit traîner Israël devant les tribunaux. C’est la honte des représentants de l’Union Européenne d’avoir toujours été trop lâches pour poursuivre Israël.

Sinistre

Les données récentes d’un rapport officiel de l’UE sur le commerce des armes révèle quelque chose d’encore plus sinistre. Il indique que la valeur des licences d’exportation d’armes émises par les gouvernements européens ont augmenté de 290 % entre 2011 et 2012 : de 157 millions d’euros à 630 millions d’euros.

Ces chiffres ne donnent probablement pas un tableau complet de la coopération qu’ils impliquent. La Grande-Bretagne (membre de longue date de l’UE) a publié l’an dernier des chiffres indiquant que la vente d’équipements militaires à Israël se mesure en milliards plutôt qu’en millions. Néanmoins ils indiquent que l’UE ignore allègrement ses propres lois sur le commerce des armes. Le droit interdit les exportations d’armes si celles-ci sont susceptibles d’être utilisées pour la répression ou pour exacerber des tensions régionales.

Bien sûr, c’est un motif connu : Israël est traité comme s’il était au-dessus des lois.

 

Article original :  http://electronicintifada.net/blogs… 5 février 2014

Traduction : Info-Palestine.eu – AMM