Les documentaires équatoriens ‘Con mi Corazón en Yambo’, de María Fernanda Restrepo, et ‘La muerte de Jaime Roldós’, de Manolo Sarmiento, qui décrivent des événements historiques qui ont eu lieu dans les années 80, sont des exemples clairs du rôle important joué par le cinéma documentaire dans la société équatorienne, il a en effet suscité l’intérêt du public pour le traitement de faits qui se sont produits dans le pays, tout en réveillant les consciences et en étant le déclencheur d’actions pertinentes face à des événements laissés dans l’oubli.
Pour Sarmiento, le documentaire est un genre important parce qu’il « questionne des choses déjà vues, les préjugés de notre ordre visuel et, en même temps, il est en mesure d’interpeler notre histoire, de faire connaître des histoires ignorées ou simplement de révéler les dilemmes existentiels, politiques ou éthiques de notre temps ».
Le désir de connaître des histoires oubliées ou des événements politiques qui ont marqué une époque en Equateur, sont quelques-unes des motivations des cinéastes, qui voient dans le documentaire un outil puissant pour mettre en évidence des réalités qu’il faut sortir de l’oubli.
C’est ce que confirme María Fernanda Restrepo, qui voit l’importance du documentaire, dans « un pays à la mémoire fragile, dans lequel nous souffrons tous d’amnésie ».
Elle note aussi que l’intérêt du public pour ce genre a grandi et qu’il y a même un plus grand nombre de spectateurs de cinéma documentaire que de films de fiction et cela, selon Restrepo, est du au fait que « le public veut se retrouver dans quelque chose de réel, et c’est quelque chose que n’a pas réussi à faire la fiction comme l’a fait le documentaire », bien que le nombre de films de ce genre soit plus faible que celui des films de fiction au moment de la sortie en salle.
Réveiller les consciences
Le documentaire « est un langage fondamental pour développer une pensée sur la façon dont nous formons un collectif humain », déclare Alex Schlenker, réalisateur du documentaire ‘Chigualeros’ (2009), en effet les œuvres reprennent des faits historiques qui ont un impact, éveillent les consciences et, dans certains cas, des actions suivent.
Shlenker déclare qu’il est surprenant que l’Etat prenne des mesures à partir d’une production, ce qui signifie que leur projection est fondamentale, comme dans les cas de ‘Con mi Corazón en Yambo’ et ‘La Muerte de Jaime Roldós’, l’Etat a rouvert des enquêtes sur ces cas.
Selon Restrepo, l’affaire de la disparition de ses frères, centre de son documentaire sorti en 2011, a suscité un grand intérêt du gouvernement de Rafael Correa, plus que tout autre gouvernement, en effet l’affaire a été rouverte après la présentation du film. Pour la réalisatrice, il est « regrettable, mais positif » de devoir faire un film pour que des actions suivent, mais cela a été fait et réveille l’intérêt du public.
Evolution du documentaire dans le pays
Le documentaire est un générateur d’impact, signale Diego Arteaga, réalisateur du documentaire Quito luz de América, qui est en cours de production. Pour le jeune cinéaste, la production de ce genre a évolué, et le festival Encuentros del Otro Cine (Edoc), qui a lieu chaque année depuis 2002, est un espace nécessaire pour voir les œuvres qui reflètent des réalités proches et d’autres plus lointaines.
Une autre contribution nécessaire au développement du genre est qu' »avec le soutien de l’Office national du film (CNCine), les productions ne restent plus à l’état de script et plus de documentaires sont produit », a ajouté Restrepo.
Cependant, la création de publics pour ce genre est essentielle, ajoute Arteaga, en effet la circulation et la diffusion de documentaires dans les salles est une question toujours à résoudre dans le pays.
Sources : http://www.andes.info.ec/fr/noticias/documentaire-equateur-est-declencheur-dactions-face-des-faits-sauves-loubli.html