Quito, le 11 décembre (Andes) Deux militants ont présenté mardi à Quito leurs points de vue sur les abus des banques espagnoles, envers ceux qui ont acquis des dettes hypothécaires, en particulier dans le cas des migrants équatoriens, qui s’organisent pour faire face aux expulsions et à ce qu’ils considèrent être une escroquerie.
« En Espagne, avant l’éclatement de la bulle, nous étions un pays où le droit au logement était massivement fragilisé ; le rapporteur de l’ONU était venu et avait dénoncé ce fait, il avait vu comment le surendettement faisait que les gens ne travaillaient que pour payer leur logement, c’est une politique qui marchandise les droits fondamentaux », a déclaré la militante espagnole Ada Colau à Andes.
Selon le Collège national de statistiques d’Espagne, le nombre des migrants d’Amérique latine dont les logements sont en processus d’exécution de garanties hypothécaires s’élève à 6710, soit 10,2% des Sud-Américains qui ont demandé un prêt immobilier dans le pays ibérique.
Les Équatoriens sont touchés en plus grand nombre (3 749) que les Colombiens (1 052) ou que les migrants en provenance du reste de l’Amérique du Sud (1 513).
L’émigrée équatorienne en Espagne et militante contre les abus des banques, Aida Quinatoa.
« Fin 2007, mon prêt hypothécaire a explosé. J’ai acheté un appartement et je payais 604 euros par mois, ma dette est de 168 000 euros sur 30 ans. En 2007, mon mari a perdu son emploi et la mensualité a augmentée, je suis allée à la banque pour demander et ils m’ont dit « ah, c’est que vous avez signé ça, l’Euribor », jusque-là je ne savais pas ce que c’était », raconte la migrante équatorienne en Espagne Aida Quinatoa, qui fait partie d’une organisation d’Équatoriens victimes des banques espagnoles.
1 338 Equatoriens affectés ont contracté des dettes à Madrid, 646 à Barcelone, 395 à Murcia et 319 à Valence. Ils sont regroupés dans diverses organisations et sont actuellement aux prises avec plusieurs banques et promoteurs immobiliers dans des contentieux, qui proposent l’exécution de la dation en paiement du bien acquis, ou même d’engager des poursuites pénales pour fraude contre les entrepreneurs.
« Nous invitons à des ateliers de 10 à 15 personnes, mais ce ne sont pas 15 personnes qui sont venues, mais 300, nous avons élargi la convocation, et 1 500 Equatoriens sont venus, nous avons alors vu que c’était un gros problème, nous avons donc décidé d’engager des avocats qui connaissent le sujet », a raconté Quinatoa.
« Les chiffres officiels sont très mauvais, l’État espagnol est très opaque, mais du peu que nous savons par la magistrature, quelques 500 000 saisies ont eu lieu depuis 2007. Et il s’agit du pays d’Europe qui accumule le plus de logements vides, 3,5 millions de logements vides, environ 15% du parc total, et en même temps du pays européen qui déloge le plus et ne fait rien pour empêcher ces expulsions, et de celui qui a construit le moins de logements sociaux, ce qui ne lui permet pas de garantir le relogement, comme le disent les engagements internationaux que l’État a ratifiés », a déclaré Ada Colau.
L’Equateur apprend des mauvaises expériences
Le chef de l’Institut équatorien de sécurité sociale, Fernando Cordero, a déclaré que son institution était attentive à une spéculation possible sur les prix liés à la construction, mais a ajouté que le phénomène en Equateur concernait le prix des terrains et non à une gestion perverse du système financier.
Le Biess a donné 2,793 milliards de dollars en prêts hypothécaires d’octobre 2010 à novembre 2013 pour 75 712 prêts, qui représentent près de 78% des crédits hypothécaires en Equateur. La banque publique couvre 100% du prix de la première maison sur des délais allant jusqu’à 25 ans.
Pour 2014, l’institution a prévu de construire des logements abordables en contrepoids aux prix abusifs du marché privé. Les logements sont conçus pour des personnes qui gagnent moins de 400 dollars par mois. Le paiement des prêts hypothécaires sera étalé jusqu’à 30 ans.
« Je viens d’arriver et je sais peu de choses sur la situation ici, c’est vrai que la situation est beaucoup plus stable qu’en Espagne. La dation est réglementée, les gens ne peuvent s’endetter à vie, et il y a une banque publique qui peut faire contrepoids aux banques privées, ce que l’Etat espagnol a éliminé dans les années 80 », a analysé l’Espagnole Colau.
« Mais malgré cela, je sais par ce qu’on m’a raconté qu’il y a des processus spéculatifs très forts, qui font monter le prix des logements », a-t-elle ajouté.
Source : http://www.andes.info.ec/fr/noticias/limpact-bulle-immobiliere-espagne-sur-les-migrants-sud-americains-est-une-lecon-pour