Photo : Fars News Agency
Par Comaguer
L’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Genève le 24 Novembre est en soi-même un évènement politique.
Observons la scène :
D’un côté (tous représentés en personne par leur Ministre des Affaires étrangères)
– 5 puissances atomiques et membres permanents du Conseil de Sécurité
– L’Allemagne
– L’Union européenne en la personne de sa « ministre » des affaires étrangères : Catherine Ashton
De l’autre, seul : L’Iran
Sur le papier, un extraordinaire déséquilibre
– Economique : PIB annuel de l’Iran 2012 environ 500 milliards de dollars, 21° rang mondial , au niveau de la Suède
– Démographique : 2 milliards d’habitants chez les 6 contre 75 millions en Iran
– Militaire : un budget annuel de l’ordre de 10 milliards de dollars
(Moins qu’Israël et les Emirats arabes unis autour de 15 milliards de dollars chacun et moins que l’Arabie Saoudite qui avoisine 50 milliards – France : 62 milliards – Etats-Unis : environ 700 milliards)
Pourtant il va y avoir une négociation et à son issue un accord, un accord écrit. Certes un accord transitoire de 6 mois au terme duquel chacune des parties vérifiera si l’autre a respecté sa signature et ses engagements.
Là est le premier évènement !
Collectivement la Chine, les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne, la Grande Bretagne et la France se sont engagés à débloquer de l’argent iranien déposé dans diverses banques de leur pays. Il est question de 6 à 8 milliards de dollars, soit une fraction de l’ensemble des avoirs iraniens bloqués dont le montant est de l’ordre de 50 milliard de dollars.
Collectivement les 6+1 (Union européenne) reconnaissent le droit à l’Iran d’utiliser l’énergie atomique à des fins civiles ou plutôt ils le confirment puisque l’adhésion de l’Iran au traité de non prolifération nucléaire était en soi une reconnaissance internationale de ce droit.
L’Iran s’est engagé à suspendre l’enrichissement de l’uranium à 20% (ce matériau ne permet pas de fabriquer des bombes atomique mais est utilisé dans des applications médicales) et pourra poursuivre la production d’uranium enrichi entre 3,5% et 5 % utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires (L’Iran en possède une et veut en commander une autre).
En signant cet accord, les 6 puissances reconnaissent que l’Iran respecte le Traité de non prolifération nucléaire , qu’il n’ a pas d’armes nucléaires, qu’il ne cherche pas à en fabriquer et elles mettent donc fin en un seul geste à une propagande mondiale massive et prolongée contre « le nucléaire iranien » fondée sur une confusion entretenue à dessein entre nucléaire civil et nucléaire militaire où le passage de l’un à l’autre serait simplissime et échapperait aux regards vigilants et avertis des inspecteurs de l’AIEA et sur l’insinuation permanente que l’Iran « pays voyou » mentait en permanence lorsqu’il proclamait à tous les niveaux de la République islamique qu’il ne voulait pas l’arme nucléaire.
C’est le second évènement ! Les 6+ 1 ont reconnu officiellement que l’Iran n’avait pas menti.
L’éclatement de cette vérité met à mal les membres du camp sioniste avec ses bases à Tel Aviv, Washington et Paris et il marque la réinsertion de l’Iran dans la communauté des nations, retour que sa présidence du Mouvement des Non Alignés ne pouvait que favoriser et qui met fin à une longue période de mise à l’index ouverte en 1979.
La chute de la dynastie Pahlévi avait alors été perçue en Occident comme une catastrophe politique, la perte du principal gendarme de l’ordre impérialiste au Moyen Orient. Si le pire que l’Occident pouvait redouter, à savoir la création d’une république socialiste, avait été évité grâce à la prise de contrôle du mouvement révolutionnaire par les mollahs, l’hostilité de l’occident est depuis restée entière face à un régime qui a rejeté, en même temps que le Shah, l’impérialisme sous sa face la plus répressive.
Depuis 35 ans l’Occident a tout fait pour faire tomber la République islamique.
Il a encouragé l’Irak à attaquer l’Iran l’a armé et soutenu autant qu’il a pu pendant une effroyable guerre de dix ans. Il a ensuite mis le pays sou embargo et tenté diverses formes d’ingérence dans ses affaires intérieures du pays et il a fini par lancer sa grande campagne contre le « nucléaire iranien » non sans avoir en plus complété l’encerclement militaire complet du pays par les forces de , l’Afghanistan, 2001 et l’Irak 20013 venant s’jouter à la Turquie. Menacé à longueur d’années de bombardements et d’invasion militaire, l’Iran a tenu, sans peur, arcbouté sur sa vérité : « Nous ne voulons pas l’arme atomique ! ».
Enorme force politique de la vérité !
Qu’est-ce qui aurait pu empêcher un Iran machiavélique, tortueux et menteur de se doter de l’arme nucléaire « par la bande » comme l’ont fait les 3 non signataires du Traité de non Prolifération nucléaire : Israël, Inde et Pakistan qui eux n’ont pas été mis au ban de la communauté des Nations ? Le mensonge était chez l’adversaire et il allait de pair avec la menace.
Le camp du mensonge, de la menace et des sanctions, obligé de s’accorder avec la Chine et la Russie, a perdu le 24 Novembre à Genève.
Quoi qu’il arrive maintenant et d’autres péripéties sont probables, un page importante de l’histoire contemporaine a été tournée et les futures négociations sur la sortie de la crise syrienne porteront la marque de ce tournant.
Source : http://www.mondialisation.ca/nucleaire-iranien-un-moment-de-verite/5359710?utm_source=feedly