Russell Brand, Photo de Wikimedia Commons
Pendant un certain temps, il était difficile de comprendre son succès. Le tonitruant ex-drogué qui parlait plus vite que l’on pouvait suivre ses pensées, n’avait pas une très grande audience, mais il a tout de même conservé un public de niche. Et, tout d’un coup, il est devenu une sorte de porte-parole pour toutes les personnes déçues par la politique pseudo-démocratique menée par le lobbying. Son réveil spirituel lui a donné un langage qui lui permet de parler de sa propre expérience publiquement et ce apparemment sans autocensure. La controverse est le support dont il avait besoin, pour atteindre une audience plus large et il s’étend sur la toile. Le comédien et acteur Russell Brand parle de politique, il est le rédacteur invité du magazine politique New Statesman, où le texte entier de son éditorial peut-être lu. Il a été interviewé par le légendaire Jeremy Paxman sur la BBC au sujet de la politique et il n’a jamais voté dans sa vie.
Il y a une nouvelle sensibilité qui se répand parmi les jeunes (mais pas seulement), un besoin de révolution, une révolution non-violente pour tous avec un nouvel ordre social fondé sur l’égalité, la communauté et la solidarité. Mais aussi sur une nouvelle spiritualité fondée sur une expérience plutôt qu’un dogme et sur la tolérance plutôt que la discrimination et la violence religieuse. Les Springs, Occupy, Indignados, Indignés, Yo soy 132 descendent tous dans la rue afin de protester contre un système qui mènera droit au désastre. Le culte des célébrités offre normalement le microphone à des personnes dont les opinions sont considérées comme intéressantes seulement parce qu’ils sont célèbres et d’ailleurs, ils ont généralement rien d’intéressant à dire.
Se pourrait-il que cette fois qu’une erreur a été commise ? Voici une célébrité qui a beaucoup de choses à dire :
« … Je n’ai jamais voté. Comme la plupart des gens, je suis totalement déçu par la politique. Comme la plupart des gens, je considère les politiciens comme étant des fraudeurs et des menteurs et le système politique actuel comme étant rien d’autre qu’un moyen bureaucratique de favoriser et d’accroître les avantages d’une élite économique. Billy Connolly a dit : « Ne votez pas, cela les encourage » et, « Le désir de devenir politicien devrait vous interdire à vie d’en devenir un. » …
«… Une révolution totale des consciences et de notre système social, politique et économique en entier est ce qui m’intéresse, mais cela ne figure pas sur les bulletins de vote. Est qu’une révolution utopiste est possible ? Le libre-penseur et architecte social Buckminster Fuller a dit que l’humanité fait maintenant face à un choix : l’oubli ou l’utopie. Nous nous dirigeons lentement vers l’oubli, l’utopie est-elle réellement une option ? »
« … Les émeutes de Londres en 2011, qui ont été condamnés comme étant nihiliste et matérialiste… Après que quelques peines draconiennes qui ont été émises, des mesures que les criminels en col blanc, qui ont bouleversé notre économie avec leur cupidité ont pu éviter quelques années auparavant et pas un seul hoodie* a été embrassé, la conformité a repris. L’apathie l’emporta. »
« … Selon moi, la solution doit d’abord être spirituelle puis politique… Par spirituelle, je veux dire la reconnaissance que nos relations les uns avec les autres et à la planète devraient être une priorité. Buckminster Fuller décrit succinctement ce que nos objectifs collectifs devraient être : pour faire fonctionner le monde afin d’avoir 100 % d’humanité dans les plus brefs délais grâce à une coopération spontanée qui ne nuit pas à l’environnement ou qui soit inconvénient pour qui que ce soi. » Cette maxime est l’essence même du « plus facile à dire qu’à faire » puisque cela implique le démantèlement tout entier de notre machinerie socio-économique. À l’heure du thé. »
« Après avoir visité les bidonvilles de Kibera, où une ville est construite à partir de boue et fonctionne sur la peur qui suppure des banlieues de Nairobi. …Ceci était une nation fait de déchets avec aucune fin en vue. Des déchets ménagers, médicaux, industriels créés leur propre géographie perverse. Des rivières puantes se drainent lentement à travers les berges de déchets putrides, les montagnes, les vallées, les sommets et les creux qui sont tous composés d’immondices jetées là. Une écologie basée sur notre indifférence et notre ignorance dans le « berceau de la civilisation » d’où notre espèce est dite être originaire. … Ici et là, se frayant un chemin à travers ces interminables déchets, des enfants recherchent des bouchons de bouteilles qui avaient une certaine valeur, là où tout le reste est sans valeur. »
« …Quelques semaines plus tard, j’étais à Paris à un défilé de mode Givenchy, où les vêtements les plus exquis défilés sur des mannequins sous-alimentés et bien élevés. Le spectacle était immaculé, des bulles remplies de fumée s’éclataient sur la piste. Être là dans cette sophistication étincelante, c’était le paradis. Ici, la famine est un outil permettant d’avoir un bassin perpendiculaire parfait. »
« … D’avoir une telle souffrance juste à côté d’un tel excès est comparable à l’émerveillement que l’on a pour une beauté inégalable dont le visage est la quintessence radieuse de la symétrie céleste et d’ignorer cinquante centimètres plus bas, son abdomen cancéreux, suintant et couverts d’escarboucles. « Continuez de regarder son visage, masquez les tumeurs à l’aide d’un sac à main. Prenez une pose. Allez, Vogue. »
« … Une souffrance de cette ampleur nous concerne tous. Nous sommes les prisonniers du confort dans l’absence de sens. Un peuple sans mythe unificateur. Joseph Campbell, un mythologue comparateur, dit que nos problèmes globaux sont tous dû à un manque de mythes pertinents. »
« …Nous, les Britanniques semblons être un peu gênés par l’idée d’une révolution, un peu comme la passion qui peut être grossière ou qu’un peu de thé se renverse sur nos manchettes en cas d’un soulèvement. Que la révolution soit un peu française ou pire encore américaine. Eh bien, l’alternative est l’extinction, maintenant serait peut-être un bon moment de se réévaluer. L’apathie est en fait un problème de transmission, lorsque l’on nous donne les bonnes informations d’une façon engageante, nous nous bougerons. »
*NdT : Les hoodies sont un groupe d’émeutiers présents lors des émeutes de Londres en 2011. Ils sont reconnaissables par leurs capuches. Hoodie en anglais veut dire capuche.
Traduit de l’anglais par Catherine Pageault