Le président de l’ONG chilienne Liberar vient de rencontrer des députés européens et français pour faire entendre la voix du peuple Mapuche depuis l’Europe.
Le gouvernement chilien poursuit sa politique de répression des mapuches, l’une de populations originelles du Chili. La moitié de cette population vivant traditionnellement de l’agriculture a été contrainte d’émigrer vers les villes. Ceux qui résistent pour conserver leur style de vie rurale et surtout ceux qui tentent de récupérer leurs terres sont en but à une violente répression : perquisitions musclées récurrentes, emprisonnements des fortes de têtes, rapts de mineurs, tortures physiques et mentales.
Les mapuches partagent le même problème que de nombreuses populations de la planète. Leurs territoires ancestraux sont riches : or, cuivre, lithium, uranium, fer, aluminium. Rappelons que le chili est le premier producteur mondial de cuivre.
Ces territoires sont la proie des multinationales rapaces. Se souciant comme d’une guigne d’écologie, ils finissent, de plus, par laisser derrière eux des terres infertiles. Parmi les françaises : Areva, La lyonnaise des eaux, Alston, Suez GDF. Face à de tels enjeux économiques, les droits humains ne font pas le poids. Surtout dans une démocratie qui hérite d’une dictature encore récente des pratiques répressives. « Il y a beaucoup d’arrestations préventives. Contrairement aux autres chiliens, les mapuches sont inculpés selon des lois anti-terroristes mises en vigueur par Pinochet, explique l’ONG Liberar, et avec 4 ou 5 chefs d’accusations. Cela rend difficile leurs défenses, mais nos avocats finissent toujours par les faire libérer, au bout de plusieurs années ». Pendant ce temps, ce sont des gamins de 13 ou 15 ans qui doivent gérer les exploitations agricoles. Quand ils ne sont pas agressés et arrêtés arbitrairement en raison de la rébellion de leurs pères. Fait notable : Liberar travaille pour et avec le peuple mapuche : « afin d’éviter tout paternalisme, nous avons, par exemple, deux avocats mapuches au sein de notre équipe de juristes » précise l’ONG.
Étrangement, aucun média chilien ne fait état de cette situation tandis que le gouvernement n’a aucun état d’âme. Par contre, il se préoccupe de l’opinion des gouvernements étrangers, raison du tour d’Europe de L’ONG. Liberar produit aussi des documentaires où la parole est laissée aux enfants et adolescents pour témoigner des répressions. [version sous-titrée en français d’un des documentaires ]
Les différents candidats à l’élection présidentielle ne mentionnent pas dans leur programme le conflit mapuche. Il finira par se radicaliser, selon cette ONG qui craint une explosion de violences s’il continue de s’éterniser. De son côté, cette organisation partagent avec 5 autres ONG agissant pour les droits humains, Liberar l’insigne honneur d’une surveillance de la part de l’Etat chilien (filatures, écoutes téléphoniques).
1.500 hectares ont déjà été récupérés pour une communauté après un combat juridique de 4 mois. Cette communauté luttait depuis 10 ans, sur un chemin semé de procès, tortures et emprisonnement pour son dirigeant. C’est le premier procès gagné. 3000 hectares sont maintenant en jeu dans un procès avec des entreprises forestières. Les 2/3 des forêts de la région ont déjà été coupés pour produire… de l’aggloméré ! Cependant, le Chili a signé un accord de protection des territoires ancestraux sacré qui pourraient être utilisé : reste encore à faire reconnaître cet accord pourtant ratifié par l’Etat.
Pour aller plus loin : site de l’ONG www.liberar.cl/web/
Dans quelques jours sur Pressenza : interview vidéo du président de Liberar à Paris