Photo : Osvaldo Fanton pour Télam
Un jour seulement avant les 30 ans des élections qui ont permis le retour à la démocratie, nous démocratisons les ondes, nous démocratisons le spectre radioélectrique, nous démocratisons les voix.
Un changement d’époque qui signifie sortir pour fêter les lois que le Congrès accepte et ne pas avoir besoin d’aller manifester dans les rues pour qu’ils ne nous imposent ni restrictions, ni privatisations, ni lois liberticides. L’Argentine est capable d’affronter la mondialisation et les pouvoirs hégémoniques, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle gagnera la guerre ni que les victoires d’aujourd’hui le seront toujours demain.
La loi des communications audiovisuelles (LSCA) en est un bon exemple, une loi passée en 2009 et que quelques oligopoles, avec la connivence de juges « amis » sont parvenus à bloquer grâce à des mesures préventives paralysant une bonne partie des articles fondamentaux de la loi anti-monopole.
Cette loi vient remplacer la loi de radiodiffusion imposée par la force sous la dictature de Videla et que les gouvernements démocratiques précédant celui de Cristina Kirchner n’ont pu mettre au point. Il serait plus juste de dire que le groupe Clarin a réussi à obtenir, de chaque gouvernement, les « faveurs » transcendantales pour le développement de leur position de force à travers le pays. C’est ainsi que le groupe fournit la télévision à plus de 80 % des foyers argentins, privilégiant ses propres licences, ses contrats publicitaires et en censurant les chaînes pouvant concurrencer les leurs.
La LSCA attribue la catégorie de droit humain au droit à l’information digne de foi et place l’État comme garant du respect de ce droit. Elle crée, pour ce faire, un organisme de contrôle et de gestion de la loi et de l’espace de diffusion des signaux de télévision. La Cour suprême de justice de la Nation de la République argentine dans un jugement exceptionnel a déclaré : « Les moyens de communication jouent un rôle essentiel dans la constitution du discours public, motif par lequel l’intérêt de l’État dans la régulation se trouve être incontestable » et ajoute « Si ces moyens sont contrôlés par un nombre réduit d’individus, ou bien par un seul, de fait, nous créons alors une société dans laquelle un nombre réduit de personnes exercent le contrôle de l’information et, directement ou indirectement, l’opinion que reçoivent les autres personnes. Ce manque de pluralité dans l’information est un sérieux obstacle au fonctionnement de la démocratie… ».
Une grande représentation du paysage politique argentin a eu lieu hier soir au Congrès pour savourer et applaudir ce triomphe de la démocratie qui permettra aux coopératives et associations communautaires de faire entendre leur opinion, redonnera aux médias leur fonction de prestataires de service public et permettra à de nouveaux propriétaires de médias de rivaliser dans des conditions moins disparates.
« Les grands groupes ne s’assument pas seulement comme pouvoir médiatique, ils constituent surtout le bras idéologique de la mondialisation » dénonce Ignacio Ramonet, directeur du Monde Diplomatique et représentant de la lutte anti-monopole de la parole.
Comme le disait hier Amado Boudou, vice-président argentin et actuel chef d’État par intérim pendant la convalescence de Cristina Fernandez, « la démocratie est davantage présente pour les 40 millions d’argentins » à partir de l’approbation absolue de la loi promulguée et coordonnée par Gabriel Mariotto, qui la défendra bec et ongles, comme le fait l’actuel représentant de l’Autorité fédérale des services de communication audiovisuelle (AFSCA), Martin Sabbatella, ainsi que ses référents médiatiques qui depuis la première heure ont encouragé la promulgation de cette loi comme Victor Hugo Morales ou Horacio Verbitsky.
Traduction de l’espagnol : Marion Grandin