Le procès de Christian Wulff pour trafic d’influence s’est ouvert à Hanovre. L’ancien président allemand se considère comme victime d’une campagne médiatique animée par ses adversaires et pense qu’il sera réhabilité.
Un ex-président sur le banc des accusés, c’est une première dans l’histoire de l’Allemagne. Christian Wulff, président de la République Fédérale de juin 2010 à février 2012, comparaît depuis ce jeudi en personne devant le tribunal de grande instance de Hanovre. Le conservateur avait rejeté une offre du procureur de classer l’affaire moyennant une reconnaissance de culpabilité et le paiement d’une amende de 20.000 euros.
Séjour touristique contre film
Au centre de ce procès inhabituel: une visite de Christian Wulff et de son épouse Bettina à la Fête de la bière de Münich en octobre 2008, alors qu’il n’était encore que Ministre-président de l’Etat régional de Base Saxe. Or la facture de son séjour à l’hôtel Bayrischer Hof – un peu plus de 719 euros – a été réglée par un certain David Groenewold, producteur de cinéma.
Un peu plus tard, Christian Wullf avait écrit, sur un papier à entête du gouvernement, une lettre à Siemens plaidant pour que le groupe industriel finance un projet de film de Groenewold. Un ami personnel, comme l’a souligné encore une fois Christian Wulff aujourd’hui devant le juge.
C’est tout ce qui est resté des diverses rumeurs et accusations de corruption colportées à l’époque dans la presse et qui avait finalement poussé Wulff à démissionner en février 2012, après que son immunité eut été levée par la justice.
Trafic d’influence et non corruption
L’ex-président est accusé de trafic d’influence. Juridiquement, cela fait une grande différence avec la corruption, comme le souligne l’avocat Sascha Böttner :
« Le trafic d’influence est sensiblement moins pénalisé que la corruption, cela va d’une amende jusqu’à une peine de prison de trois ans maximum. La somme dont il s’agit ici, est relativement petite, moins de 800 euros. On peut donc s’attendre, dans le cas d’une condamnation, à une simple amende. »
Pour être accusé de corruption, il faudrait que le titulaire d’un poste n’ait pas seulement accepté un avantage en nature ou en espèces, mais aussi qu’il accepte cet avantage en agissant contre ses obligations professionnelles.
Victime de sa maladresse ?
Toute cette affaire a éclaté au grand jour alors que Wulff était devenu président de la République. C’est pourquoi sa démission était devenue inévitable, souligne Wolfgang Seibel, professeur de politique intérieure à l’Université de Constance : « Sa démission était nécessaire parce que les fonctions de président avaient subi un sérieux préjudice. »
En fait selon de nombreux analystes, ce qui a causé la chute de ce président malheureux, a été la manière maladroite de Chritian Wulff de se défendre à l’époque face aux révélations de la presse, fondées ou non sur des invitations, des privilèges et cadeaux qu’il aurait acceptés. Aussi pour Wolfgang Seibel, ce procès est une chance pour l’ex-homme d’Etat: « C’est la dernière chance de Wulff d’être définitivement réhabilité. » 22 journées d’audience sont prévues pour ce procès public, jusqu’en avril 2014.