Alors que la majorité des lettons sont officiellement de religion chrétienne, des pratiques religieuses très anciennes se perpétuent dans leur pays.
En l’absence de tradition écrite, sans livre saint, ni de temple ou clergé, les pratiques et leurs croyances se transmettent de façon privilégiée au travers d’un répertoire de centaines de milliers récits mythologiques chantés : les Dainas. Tout comme chez les irlandais, une culture vestimentaire accompagne cette riche tradition orale avec le tissage de motifs traditionnels véhiculant des symboles évoquant un des dieux de cette religion polythéiste. Fait notable : aucune hiérarchie n’existe parmi ces dieux, chacun agissant dans son domaine : Saule (prononcé Saoulé), déesse solaire, Mara, déesse de la terre, Ménesis, dieu de la lune, Perkon, le forgeron dieu du tonnerre, Junis, déesse de la fertilité.
Leurs lieux sacrés sont particulièrement discrets car principalement liés à la nature : pierres, arbres, lacs, collines toujours sous la protection de leur gardien qui perpétue la tradition. Après la chute du communisme, de légères constructions, de même nature que les portails shinto, ont été reconstruites : des sortes de « portes » formées de deux longues perches de bois croisées au sommet, évoquant des portails ouvrant l’âme lettone vers d’autres lieux (cf photo), c’est aussi le symbole de Junis. Ces portails se situent à différentes hauteurs, sur une colline sacrée, le long d’un sentier menant au sommet en tournant tout autour depuis la base. Il forme ainsi un itinéraire initiatique qu’on pourrait rapprocher du labyrinthe de la cathédrale de Chartres. D’autant qu’un labyrinthe dans le même esprit y a été récemment tracé.
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C’est sur la colline de Drusti que les lettons de la région se rassemblent lors une cérémonie à l’occasion du solstice d’été. L’ascencion de la colline, en passant sous les 9 portes en spirale ascendante constitue la première étape. Chacun la mène à son rythme, à sa façon : certains cueillent des fleurs pour confectionner des couronnes, d’autres méditent tranquillement, tandis que le « gardien » nettoie le chemin au son d’un tambourin. Comme les lettons n’aiment pas les titres officiels, on appelle par son prénom celui que nous avons nommé ici « gardien », dont le savoir ancestral est un peu plus riche que chez d’autres.
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Une fois l’assistance rassemblée au sommet de la colline, au coucher du soleil, un feu est allumé au pied de la « porte » de Junis, des offrandes déposées (des herbes, des fleurs, des fruits, du miel). Toute la nuit suivent des danses : en couple, en groupe, elles sont bienvenues pour se réchauffer vu la fraîcheur de la nuit sous cette latitude. Juste avant le lever du jour, neuf feux sont allumés. L’assemblée redescend jusqu’à lac avec 9 porteurs de torches qui se rendront au milieu du lac pour allumer un autre feu [voir la vidéo]. Chaque personne procédera à des ablutions. Une fois le « soleil » apporté au lac, l’assemblée se rend au sommet de la colline pour attendre le retour du soleil, en le demandant par ces chants. De nouvelles ablutions ont lieu avec la rosée de ce matin si particulier.
Constituant une sorte d’expérience de renaissance, les célébrations de ce culte solaire, sont de plus en plus fréquentées par des populations qui trouvent dans ce parcours initiatique, une manière de se renouveler dans un temps sacré. Le tracé récent du labyrinthe issu de la Cathédrale de Chartres montre que cette spiritualité reste vivante et alimentée d’éléments nouveaux .