Reporters sans frontières est très inquiète de l’arrestation et du transfert illégal, le 9 octobre 2013, de Melaku Desmisse, directeur de rédaction de l’hebdomadaire privé à grand tirage, Reporter, qui publie en langue amharique.
Melaku Desmisse a été arrêté pour des raisons inconnues à son bureau à Addis Abeba par les forces de police de la Région des nations, nationalités et peuples du sud (Southern nations nationalities and people’s regional state, SNNPR) qui l’auraient conduit dans un premier temps à la station de police de Bole, dans la banlieue d’Addis Abeba, avant de le transférer à plus de 250 kilomètres au sud, dans la ville de Awasa, la capitale de l’Etat du SNNPR.
« Le gouvernement éthiopien rappelle si souvent la presse à la loi qu’il est incompréhensible qu’il tolère que celle-ci soit ouvertement bafouée par le ministère public. Il est tout à fait illégal que les forces de police du SNNPR, qui n’ont pas de juridiction à Addis Abeba, se saisissent d’un journaliste travaillant à Adis Abeba », a déclaré Reporters sans frontières.
« Si des faits sont reprochés à Melaku Desmisse, il devrait être présenté à la juridiction fédérale d’Addis Abeba, qui est en l’occurrence la seule compétente pour le juger. En attendant, nous demandons la libération immédiate du journaliste du Reporter, d’autant plus que les raisons de son arrestations demeurent extrêmement floues. »
L’arrestation de Melaku Desmisse pourrait être liée à la publication, le 4 septembre, d’un article qui avait annoncé de façon erronée le renvoi de trois vice-présidents de l’Etat régional. Cette erreur factuelle ayant été portée à l’attention du journal, ce dernier avait par la suite publié une rétraction et des excuses officielles dès le 8 septembre 2013. Depuis son arrestation, le journaliste n’a pu être contacté et selon les informations reçues par Reporters sans frontières, continuerait d’être interrogé par la police du SNNPR.
Le journal indépendant Reporter en amharique, et The Reporter en version anglaise est le plus grand média indépendant d’Ethiopie. Il appartient au groupe Media Communication Center (MCC). Il a souvent fait l’objet d’intimidations.
En avril 2012, le site en amharique de The Reporter, qui draine jusqu’à 30,000 visiteurs par jour avait été bloqué.
En août 2008, le rédacteur en chef du journal, Amare Aregawi avait été illégalement arrêté et également transféré hors de la juridiction d’Addis Abeba. Quelques mois après sa libération sous caution, il avait été grièvement blessé à la tête au cours d’une agression commise par des inconnus.
L’Ethiopie est classée au 137ème rang du Classement mondial pour la liberté de la presse de Reporters sans frontières.